La chanteuse française Daphné avait déjà trois albums dans ses bagages et un quatrième en préparation - elle était venue nous présenter son deuxième, Karma, aux FrancoFolies de 2008 - quand un animateur d'Europe 1 lui a suggéré de monter un concert en hommage à Barbara.

En répétant ledit concert hommage, elle a très vite eu envie d'en faire un disque, pour «laisser des traces» de cette aventure hors de l'ordinaire. En une semaine, pas plus, l'album Treize chansons de Barbara était enregistré.

«Il y a 13 chansons sur l'album et, c'est un pur hasard, mais c'est drôle quand même, on fait 13 concerts en hommage, dont les deux de Montréal, raconte Daphné au bout du fil. Je ne pourrais pas en faire davantage, parce que c'est remuant au plus profond.»

Daphné n'était pourtant pas une exégète de Barbara, sa préférence allant plutôt à Nina Simone, Billie Holiday et Joni Mitchell. Très vite, elle s'est rendu compte qu'elle ne serait pas capable de chanter certaines chansons de la dame en noir, dont Le mal de vivre.

«Barbara ne me fait pas peur, mais elle me fait vraiment pleurer. Je connaissais quelques chansons incontournables d'elle, comme Dis quand reviendras-tu? ou L'aigle noir, et j'ai toujours adoré Du bout des lèvres. Je ne me suis pas plongée complètement dans son oeuvre pour deux raisons: la tristesse de sa voix, qui est comme un déchirement, et peut-être que j'aurais refusé si c'était quelqu'un que j'adorais et que je connaissais énormément. Ça m'a permis d'aller au bout de ma curiosité et ça m'a fait une sacrée belle rencontre.»

Bouleversantes mélodies

Mais l'univers de Barbara ne se limite pas à ses textes, si poignants soient-ils. Elle a également composé des mélodies bouleversantes, rappelle Daphné: «J'attache peut-être même plus d'importance à la mélodie qu'au texte. Pour moi, la mélodie, c'est primordial, c'est tout le corps émotionnel.»

Le phénomène est répandu dans l'univers du rock, où pullulent les groupes clones qui ressuscitent les Beatles, Pink Floyd, Genesis ou Led Zeppelin. Mais pour reprendre une géante comme Barbara sans l'imiter, il faut autant d'humilité que d'audace. La plupart des spectateurs au Gésù ne connaîtront sans doute pas Daphné; c'est Barbara qu'ils iront entendre.

«Je ne vois pas du tout ça comme un poids, répond Daphné. J'ai juste une pression au niveau des paroles: c'est tellement beau que je ne veux pas les écorner. Et les paroles sont plus compliquées qu'elles en ont l'air, ça change tout le temps d'un couplet à l'autre. Mais je ne ressens pas ce poids parce que plein de gens ont déjà chanté Barbara et il y en a d'autres qui le feront après moi.»

_____________________________________________________________________________

Daphné chante Barbara, au Gesù, les 21 et 22 juin, à 20h30.