Il se produit ce soir au Centre Bell après avoir rempli la Maison symphonique et la salle Wilfrid-Pelletier. Pas de doute, le succès du pianiste italien Ludovico Einaudi relève du phénomène. Mais pourquoi sa musique touche-t-elle autant les gens?

«Je dirais tout simplement que sa musique fait du bien», lance Angèle Dubeau, qui a consacré un album à l'oeuvre du pianiste italien Ludovico Einaudi dans sa série de portraits musicaux.«J'ai découvert Einaudi dans une période sombre où je recevais des traitements pour un cancer du sein, raconte la plus célèbre des violonistes québécoises. J'étais aphone de mon violon, donc j'écoutais beaucoup, beaucoup de musique.»

Pour Angèle Dubeau, Ludovico Einaudi est un «champion mélodiste dans la fibre italienne la plus profonde. Un baume à l'âme».

Xavier Dolan a choisi la pièce Experience du compositeur pour magnifier la «fausse» finale de son film Mommy.

Le pianiste italien compte 2,5 millions d'auditeurs mensuels sur Spotify. Sa chanson Nuvole Bianche a été écoutée plus de 116 millions de fois sur le service d'écoute suédois. Sa musique s'est fait entendre dans des publicités (Lancôme, Sony), dans une campagne de Greenpeace et dans de nombreux films, comme Black Swan et Les Intouchables.

Après avoir rempli deux fois la Maison symphonique et la salle Wilfrid-Pelletier en moins de trois ans, Ludovico Einaudi s'invite au Centre Bell ce soir. «Une machine», blague Maurin Auxéméry, programmateur au Festival de jazz.

Ludovico Einaudi fait partie de cette vague de pianistes à succès dont le style est à mi-chemin entre la musique de film et le genre néo-classique, qui compte aussi Nils Frahm, Jean-Michel Blais, Ólafur Arnalds, Max Richter, pour ne nommer que ceux-ci. «C'est naïf à dire, mais j'ai l'impression que les gens ont besoin de beauté dans la vie. Certains ne recherchent pas tant de virtuosité, mais des émotions. Avec une approche plus moderne et une trame narrative dans les chansons», détaille Maurin Auxéméry.

Un large public

Certains amateurs de musique classique boudent Einaudi. «Il n'est pas le plus apprécié des puristes, mais je pense qu'il y a un peu de jalousie derrière tout cela», souligne Maurin Auxéméry.

«Sa musique fait du bien, mais il est aussi savant de sa plume, fait valoir de son côté Angèle Dubeau. Il a des pièces d'inspiration minimaliste.»

Une chose est certaine: Einaudi démocratise la musique instrumentale en fuyant les étiquettes.

Quand Angèle Dubeau a assisté au concert à guichets fermés d'Einaudi à la Maison symphonique en octobre 2016, elle s'est réjouie de voir autant de jeunes parmi les spectateurs.

C'était par ailleurs au lendemain d'une rencontre avec le pianiste où elle a discuté avec lui de son projet d'album.

«C'est rare que je puisse parler à un compositeur. Je ne peux pas parler à Bach ou à Mozart», lance Angèle Dubeau.

Au bout du compte, Angèle Dubeau a vendu près de 28 000 albums - chiffre énorme en cette ère - de son portrait d'Einaudi en format physique.

Einaudi a sorti son premier album en 1988. Or, son succès populaire est plutôt récent, souligne Angèle Dubeau. «En 2013, quand je suis arrivée avec l'idée de faire son portrait, il était un illustre inconnu pour mes collègues.»

Au cours des derniers mois, Einaudi s'est produit à guichets fermés aux quatre coins du monde. «Le langage de la musique peut aller partout», disait-il justement en entrevue avec Billboard.

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Ludovico Einaudi, en concert ce soir, 20 h, au Centre Bell.