Noel Gallagher a donné samedi soir à la salle Wilfrid-Pelletier un concert jubilatoire, le genre qui incite les spectateurs au parterre à rester debout du début à la fin.

L'ex-Oasis était en forme. Les chansons de ses deux albums solos étaient riches, musclées, belles à entendre, enrichies qu'elles étaient par des cuivres pétants de santé.

Et Noel étant Noel, il fallait s'attendre à ce qu'il provoque gentiment les spectateurs des premières rangées dans des échanges qui ont toujours fait partie de sa légende et de celle de son frère Liam. Tout y est passé, des hipsters devant la scène qui avaient une main dans la poche de leur pantalon au spectateur dans la sixième rangée que Noel croyait avoir vu dans un film porno italien. Incurable partisan du club de soccer de Manchester City, il a aussi demandé aux Montréalais pourquoi diable ils souhaitaient une victoire de la France en finale de l'Euro.

Quand un spectateur a eu le culot de lui demander où était Liam, Noel a joué les offusqués, mais il a aussitôt sauté sur l'occasion, répondant du tac au tac que le frangin dont il a divorcé musicalement il y a un certain temps déjà devait être à la maison en train de consulter son compte Twitter. « Vous êtes autant une rock star que lui [Liam] », a-t-il lancé à un spectateur.

Le petit taquin en lui a dédié à tous les fans d'Oasis une chanson de son plus récent album solo qui n'avait évidemment rien à voir avec Oasis, You Know We Can't Go Back, comme si la rock star qui a intitulé ce disque Chasing Yesterday voulait leur dire que ce passé était mort et enterré. Et qu'est-ce qu'il a fait tout de suite après, pensez-vous ? Il s'est lancé dans Champagne Supernova, l'un des hymnes magnifiques qu'il a justement pondus pour Oasis.

Noel Gallagher n'a pas boudé le répertoire de son ancien groupe. Au contraire, la moitié des 20 chansons qu'il a interprétées samedi étaient tirées du répertoire du groupe phare de la brit-pop des années 90. 

L'ami Noel n'était surtout pas dans le déni. Au rappel, il a annoncé une chanson sans laquelle, a-t-il dit, il n'aurait pas chanté à Wilfrid-Pelletier samedi. C'était évidemment Wonderwall que la chorale des spectateurs s'est empressée de reprendre, comme elle l'avait fait pour Champagne Supernova, mais jamais avec autant d'énergie que pour la toute dernière chanson au programme, l'irrésistible Don't Look Back in Anger. C'était de toute beauté.

La première partie du spectacle fut incandescente. De la très mélodique Everybody's On the Run à la superbe Ballad of the Mighty I dans laquelle Noel a repris le solo de guitare lyrique dont lui a fait cadeau son héros Johnny Marr sur son dernier album, en passant par The Death of You and Me, le bijou pop-rock très british magnifié par l'impact des cuivres.

Le début du concert, en particulier l'énergique Lock All the Doors, a fait l'effet d'une bourrasque de rock dans laquelle se noyait la voix pourtant puissante de Noel Gallagher. On l'a vraiment entendue se déployer dans Riverman, la ballade au saxo pinkfloydien de son dernier album dont Noel nous a dit l'an dernier que c'était sa meilleure chanson à vie, meilleure encore que Wonderwall.

Au milieu du concert, l'intensité a baissé d'un cran ou deux quand Noel Gallagher nous a balancé deux faces B qui, a-t-il juré, étaient meilleures que leurs faces A même si elles sont passées inaperçues en dehors du nord-ouest de l'Angleterre. C'était sa manière de nous rappeler qu'il était encore et toujours le maître du jeu, celui qui n'en fera toujours qu'à sa tête.

Mais voilà, samedi soir, ce surdoué avait décidé de faire à son public montréalais un cadeau de Noël en juillet. Ce qu'il a réussi de belle façon.