Il est toujours préférable, avec les enfants musiciens, d'user du mot «prodige» avec précaution. Mais avec Joey Alexander, il est difficile de faire autrement. À 12 ans, le jeune pianiste de jazz né à Djakarta, en Indonésie, n'en finit plus d'étonner le monde par son talent. Il jouera ce soir en première partie du Wayne Shorter Quartet, pour la première fois à Montréal.

Comme bien des petits garçons de son âge, Joey Alexander n'est pas très empressé de répondre aux questions des adultes. C'était du moins le cas lorsque La Presse l'a joint par téléphone à New York, où il a déménagé avec sa famille pour poursuivre sa carrière. Le jeune musicien, qui nous a semblé plutôt timide - ou du moins très peu volubile - voyage partout dans le monde avec ses parents pour donner des concerts. En mai dernier, il se retrouvait en première page du New York Times.

«Je n'ai plus le temps d'aller à l'école, alors je suis des cours en ligne», dit-il.

À 6 ans, Joey commençait à jouer sur un clavier apporté à la maison par son père. Voyant que l'enfant semblait avoir un intérêt et des capacités hors du commun - la première mélodie qu'il a reproduite à l'oreille était une pièce de Thelonious Monk -, son père lui a fait écouter beaucoup de musique. Après avoir suivi quelques leçons de base, il a ensuite développé son talent de façon autodidacte en jouant surtout à l'oreille. À 8 ans, il jouait devant Herbie Hancock. À 10 ans, il était invité à se produire au Lincoln Center.

On peut parler d'un véritable phénomène. Et pourtant, Joey semble prendre les choses avec beaucoup de calme et d'humilité. Il s'exprime du moins avec la plus grande simplicité du monde.

«J'aime aussi jouer au tennis, nager, regarder des films, la télévision, ou jouer à des jeux, dit-il. Vous savez, ces choses que les enfants aiment.»

Ses musiciens favoris sont Louis Armstrong, Harry Connick Jr, Thelonious Monk, Miles Davis, Herbie Hancock et John Coltrane, entre autres. Bref, il connaît déjà tous les grands du jazz. En mai, il a lancé son premier album, My Favorite Things, où l'on retrouve neuf pièces et dont il jouera des extraits ce soir.

«C'est un honneur pour moi de jouer en première partie de Wayne Shorter, dit-il. J'adore sa musique.»

Pour en savoir plus, il faudra venir l'entendre.

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À la Maison symphonique ce soir, 19h, dans le cadre du FIJM.