« Même ceux qui, comme les Nord-Américains, sont peu exposés au flamenco en reconnaissent d'emblée la sincérité et l'authenticité... »

Luis de la Carrasca est chanteur de flamenco, un style de musique - et de danse - né de la rencontre, en Espagne, de la tradition savante arabo-musulmane et de la tradition rythmique populaire des Gitans, originaires de l'Inde.

Le cantaor est aussi le fondateur de la compagnie Flamenco Vivo qui s'amène au Festival de jazz avec son spectacle Lo esencial, auquel les Montréalais sont conviés à compter de ce soir à la Cinquième Salle de la Place des Arts.

Andalou d'origine, Luis de la Carrasca s'est établi en France en 1991 et, chaque année depuis, il crée un nouveau spectacle au Festival d'Avignon où l'a découvert André Ménard. « Au fil des ans, j'ai vu quatre de ses spectacles et, chaque fois, j'ai été conquis par leur simplicité, l'absence de fla-fla », nous dira le directeur artistique du FIJM qui avait fait venir le méga-spectacle Flamenco Hoy ! de Carlos Saura, en 2012. « Mon moment favori, dans ce type de shows-là, c'est quand le guitariste se retrouve seul avec la danseuse... » Le flamenco, dans son essence, est une rencontre de la musique et de la danse ; le cante est arrivé en sus.

« Chaque artiste crée son propre flamenco », répond Luis de la Carrasca quand on lui demande de comparer le retour aux sources de Lo Esencial avec le « flamenco aujourd'hui » (hoy) de Saura.

« Il ne faut pas confondre quantité et qualité... Mon spectacle est la somme de mes expériences et de mes voyages, de mes rencontres et des histoires de ma vie. »

Sur les nécessaires tensions entre les anciens et les modernes, Señor de la Carrasca expliquera que chaque artiste vit cette tension à l'intérieur de lui-même, la personnalité d'un bord, la culture de l'autre, tout comme l'artiste évolue dans l'influence convergente de la tradition et du monde actuel.

Voyage intérieur

Le flamenco, reconnu en 2010 par l'UNESCO comme partie du patrimoine mondial immatériel, a connu au cours du XXsiècle bien des apports de modernité. Le Québec en a connu une tranche spectaculaire avec le guitariste Paco de Lucia (1947-2014) qui a fait apprécier le flamenco nuevo au monde entier, aux mélomanes de Montréal entre autres où, entre 1986 et 2011, il s'est produit huit fois au Festival de jazz. À l'authenticité, Paco de Lucia ajoutait une époustouflante virtuosité qu'il n'a jamais lancée comme poudre aux yeux.

Simplicité... Flamenco Vivo s'amène aujourd'hui à Montréal avec une troupe de cinq artistes : un guitariste, un percussionniste, un couple de danseurs et le cantaor de la Carrasca qui parle de Lo Esencial comme d'un « voyage intérieur » auquel tout le monde peut participer parce que son « message » est universel.

Et quel est ce message ? Pour Luis de la Carrasca, le message du flamenco en est un d'humanité, d'espoir et de joie... Les essentiels.

À la Cinquième Salle de la Place des Arts jusqu'au 29 juin, dans le cadre du Festival international de jazz de Montréal

PHOTO FOURNIE PAR SPECTRA

Lo Esencial permet à son créateur, le chanteur Luis de la Carrasca (deuxième à gauche), d'être partie prenante du spectacle. Assis au milieu des musiciens, il peut apprécier les pas du danseur.