Après le déjà fameux «12 pouces, 5 dollars» de Subway, le 33e Festival international de jazz de Montréal (FIJM) a décidé à son tour de laisser parler les chiffres, proposant Un magnifique 33-tours de jazz. Pour les jeunes générations, Alain Simard a précisé hier, au lancement de la programmation en salle, que le 33-tours était le support sur lequel la musique était enregistrée avant le CD... Et la cassette, alors?

Le 33-tours, donc, par lequel - c'est là le concept - plusieurs des invités du 33e FIJM se sont fait connaître. Juste le soir de l'ouverture, mentionnons le guitariste Bill Frisell, dans la série Jazz Beat présentée cette année au Club Soda (18h); James Taylor, How Sweet It Is, aux Événements spéciaux de Wilfrid-Pelletier où, on le savait déjà, le suivront ses contemporains de Tangerine Dream, Liza Minnelli et Seal; Jack Bruce, l'ancien bassiste de Cream (le power trio qu'il formait avec Eric Clapton et Ginger Baker) qui s'amène au Théâtre Maisonneuve avec un all-star band formé de John Medeski (claviers), Vernon Reid (guitare) et la batteuse Cindy Blackman, la nouvelle épouse de Carlos Santana. À cette prestigieuse affiche de sexagénaires, il faut ajouter Al Stewart, inoubliable interprète de Year of the Cat et de... Time Passages.

Pour son entrée à la nouvelle Maison symphonique, le FIJM a fait appel à l'accordéoniste français Richard Galliano, qui y présentera un concert intitulé De Bach à Piazzolla. Faites vite! Les pianistes Patricia Barber et Kenny Werner en duo, Jorane avec I Musici, Harry Manx et ses amis et le Free Flamenco Trio de Dorantes, Renaud Garcia-Fons et Theodosii Spassov complètent cette première (demi) série du Jazz dans le nouveau home de l'OSM.

Dans le grand complexe de la Place des Arts, le Théâtre Jean-Duceppe accueille la série invitation du super bassiste Stanley Clark, tandis que le Gesù recevra après les invités du pianiste norvégien Tord Gustavsen que l'on pourra entendre successivement en quatuor, en trio, en solo et en duo.

Parmi les concerts qui, ici et là dans cette profusion (voir montrealjazzfest.com pour le programme complet), attisent la curiosité, mentionnons celui de la contrebassiste Patricia Deslauriers sur la musique de Richard Desjardins (L'Astral); The Life and Blues of Bessie Smith avec Miche Braden (six soirs à la Cinquième Salle); le doublé français (4 et 5 juillet à L'Astral) du Colin Vallon Trio et du cornettiste explorateur Médéric Collignon, et ce projet Get The Blessing, les chouchous de la nouvelle scène britannique, au Gesù le soir de la fête du Canada Day.

La série française Musique au MAC nous apparaît par ailleurs remplie de belles promesses avec les Cascadeur, Mesparrow et Chapelier fou, un violoniste qui semble en avoir pas mal dans le casque.

Un pari audacieux

Le Festival de jazz, finalement, fait aussi son entrée à la Société des arts technologiques (SAT), où les Nuits Heineken présenteront des musiciens qui ont donné une deuxième vie au 33-tours en lui faisant faire des choses presque contre nature... London Electricity, notre Mistress Barbara, Stalley, un gars de l'Ohio avec, en première partie, le Chicagoan F. Stokes à qui le v.-p. programmation du Festival prédit déjà le tube de l'été avec My Simple: « Sinon je ne m'appelle pas Laurent Saulnier...» Voilà un pari identitaire que suivra La Presse avec intérêt.

Les billets seront mis en vente samedi pour le jazzophile du commun, mais sont accessibles aujourd'hui même aux abonnés de l'Infolettre Spectra à laquelle on peut s'abonner en tout temps et gratuitement. Le 33e FIJM présentera du jeudi 28 juin au samedi 7 juillet quelque 180 concerts en salle: 33 petits tours et puis s'en vont.

Photo: fournie par le FIJM

Le guitariste Bill Frisell se produira le soir de l'ouverture au Club Soda.