Plutôt que de jouer le contenu intégral de The Imagine Project, son nouvel album de reprises pop enregistrées à différents points du globe, Herbie Hancock a choisi d'en reprendre six chansons sur dix, sans ajouts multimédias comme il l'avait souhaité. Et d'offrir un long préambule instrumental avant de passer au plat de résistance.

Le fameux musicien a dû se rabattre sur un plan B pas tout à fait ficelé, force était de constater hier au Théâtre Maisonneuve.

La pièce Actual Proof des Headhunters, célèbre pour son superbe motif de basse électrique, a été amorcée par la jeune surdouée Tal Wilkenfeld, en guise d'introduction... et a été interrompue par la divulgation des consignes de sécurité! Tel que prévu, le groupe de Herbie Hancock a eu tôt fait de manifester son haut calibre en redécollant sur ce groove extrait de l'album Thrust, un des grands crus du jazz funk.

Puis un blues instrumental a introduit un autre riff célèbre des Headhunters, vaisseau électrique de Herbie Hancock dans les années 70. Pour mettre un peu de piment à ce funk lent qu'est Watermelon Man, Herbie Hancock s'est armé d'un clavier blanc qu'il portait en bandoulière, afin d'amorcer un dialogue assez rigolo avec le Béninois Lionel Loueke. Partie de plaisir!

Hancock a enchaîné avec Court and Spark, une reprise de Joni Mitchell qu'il avait enregistrée sur River: The Joni Letters en son hommage. Kristina Train, une chanteuse à voix qui s'est fait remarquer dans les derniers mois sur la planète pop, a alors été invitée à se joindre au groupe. Au pont de la chanson, on a ajouté une part instrumentale allongée et jazzy.

Pot-pourri

Herbie nous a ensuite exécuté un pot-pourri en mode biénergie, c'est-à-dire avec instruments acoustiques, électriques et électroniques, dans un enrobage très urban, quelque peu biscornu en ce qui me concerne, et ce, malgré la qualité des solos: Round'Midnight (Monk) et Cantaloupe Island figurent au menu.

En guise d'introduction au contenu de son nouvel Imagine Project, le pianiste a évoqué les sommets du G8 et du G20 tenus au Canada, et il a plaidé pour une juste mondialisation qu'il estime incontournable, souhaitant une collaboration pacifique entre toutes les ethnies et cultures. Kristina Train et Greg Phillinganes ont alors entonné le fameux hymne de John Lennon.

Le duo de chanteurs a ensuite fait la version de Don't Give Up, classique de Peter Gabriel que Pink et John Legend interprètent sur l'album. Version très stéréotypée, beaucoup trop pop classique pour ma part, en studio comme sur scène. Puis un enregistrement du groupe Tinariwen a été inclus à la relecture très R&B, très américaine, hyper prévisible de la pièce créée par le groupe touareg.

Les suivantes au programme étaient des reprises sur le mode du changement: The Times They Are A-Changin' (Bob Dylan), chantée douteusement par Tal Wilkenfeld, et Change Is Gonna Come (Sam Cooke), interprétée dans les règles de l'art par Greg Phillinganes. Kristina Train aura chanté le dernier titre de l'Imagine Project au programme: Space Captain, jadis popularisée par Joe Cocker, le tout coiffé de Chameleon, un de ses plus grands classiques jazz funk.

Allô la mondialisation! Juste, équilibrée...