Depuis son divorce d'avec Divers/Cité, en 2007, Fierté Montréal gagne chaque année en popularité. Ses organisateurs espèrent que le cap des 500 000 participants sera atteint pour la 8e édition qui débute cette semaine. Au menu: spectacles colorés sur la place Émilie-Gamelin, conférences et le traditionnel défilé, dimanche prochain.

Selon Fierté Montréal, 462 500 personnes (comptées par une firme privée) ont participé l'an dernier au festival LGBT. Une popularité record par rapport aux 50 000 personnes de la première édition en 2007 et aux 327 000 de 2012. Fierté Montréal récolte les fruits de la promotion qu'elle réalise dans l'est des États-Unis et à Toronto.

«On a aussi des participants qui viennent de la côte ouest américaine, d'Europe et même du Maghreb, dit Éric Pineault, président fondateur de Fierté Montréal. On est la plus grosse Fierté gaie de toute la francophonie, et 20% de nos participants sont des touristes.»

Éric Pineault espère que la barre des 500 000 participants sera dépassée cette année. «Notre festival est en croissance, alors j'espère que les gouvernements embarqueront encore plus... mais je crois qu'ils ont bien compris le message», dit-il.

Mais pour M. Pineault, pas question de fusionner de nouveau les deux festivals de la communauté LGBT (lesbiennes, gais, bisexuels et transgenres), soit Fierté Montréal et Divers/Cité, séparés depuis 2007. «Les deux festivals ont deux identités distinctes, dit-il. Nous, nous sommes partenaires avec le Village et travaillons avec la communauté, alors que Divers/Cité est au Vieux-Port pour des spectacles de DJ. Ce serait comme dire: pourquoi les Francos ne se mettraient pas avec le Festival de jazz puisque ce sont deux festivals de musique?»

Éric Pineault estime que cela n'apporterait pas grand-chose de plus à Fierté Montréal «d'ajouter les 10 000 participants de Divers/Cité à [ses] 462 500 participants. Et ça fait deux entrées d'argent pour la Ville».

8% de financement public

Cette année, Fierté Montréal a un budget de 1,9 million (1,7 million en 2013), dont 75% provient du privé et 17% des festivaliers. Son volet défense des droits LGBT et lutte contre l'homophobie lui permet d'avoir accès à des subventions de Québec que Divers/Cité ne peut obtenir. Mais l'apport d'Ottawa est maigre. Patrimoine Canada a donné 22 000$ à Fierté Montréal cette année, et c'est tout ce qui vient du fédéral.

«Pourtant, nos retombées économiques sont de 12 millions, soit 0,9 million en TPS et 1,2 million en TVQ. Notre festival a fait ses devoirs. Avec 8% de financement public, on réussit à monter un festival en santé et qui rapporte, dit Éric Pineault. C'est le temps que le gouvernement mette la main dans sa poche. Avec plus d'argent, on ferait plus de promotion et on irait chercher plus de touristes et de vedettes internationales.»

Orange en fête

Fierté Montréal célèbre cette année la couleur orange du drapeau arc-en-ciel des LGBT, une couleur synonyme de guérison et de dynamisme. Le volet conférences du festival aborde d'ailleurs les défis de santé des LGBT, dont celui du sida. Le Dr Réjean Thomas prononcera une conférence sur la prévention, ce soir à 18h30, à l'Hôtel Gouverneur Place Dupuis.

Le festival est cette année encore très musical avec, sur la place Émilie-Gamelin, le spectacle Et si l'amour..., pour combattre l'homophobie, avec notamment Laurence Jalbert et Joe Bocan (mercredi à 19h30); le Dream Académie et la relève des drag-queens (jeudi à 19h30); Héros & Divas animé par Jean Sébastien Lavoie (vendredi à 20h); et le spectacle Illusion de Michel Dorion (samedi à 20h). Un bracelet vendu 5$ permet de financer le festival et de donner aux festivaliers un accès privilégié à certaines zones.

_______________________________________________________________________________

Pour d'autres informations: fiertemontrealpride.com

Activités principales

Le défilé

Événement phare de Fierté Montréal, le défilé revient dès 13h dimanche sur le boulevard René-Lévesque, entre les rues Guy et Sanguinet, avec 15 chars allégoriques et une centaine de groupes différents, notamment des fanfares et des tam-tams brésiliens. Le défilé est un des rares événements au Québec auxquels participent des politiciens de (presque) tous les partis. «Il y aura le maire de Montréal et le premier ministre du Québec... mais pas de représentant du gouvernement fédéral», précise le président de Fierté Montréal, Éric Pineault.

Méga Tea-Dance

Après le défilé, dimanche après-midi, la foule se rendra sur la place Émilie-Gamelin, où sera présenté le Méga Tea-Dance, jusqu'à 23h, avec la participation des DJ Kitty Glitter (Australie) et Alberto (Montréal).

La Journée communautaire

Samedi, dès 11h et tout l'après-midi, c'est le temps de la socialisation dans le Village avec la Journée communautaire organisée rue Sainte-Catherine Est, entre Saint-Hubert et Papineau. Quelque 140 commerçants et exposants, notamment des associations communautaires et sportives, feront la promotion de leurs services et produits. Il y en a pour tous les goûts.

A Quiet Place

Vendredi à 20h, le chef de l'Orchestre symphonique de Montréal, Kent Nagano, célébrera la fierté gaie en dirigeant A Quiet Place, du compositeur américain Leonard Bernstein, à la Maison symphonique. Il s'agit d'un opéra en trois actes sur la relation difficile entre un père et son fils gai. «M. Nagano voulait absolument faire quelque chose avec la communauté gaie cette année», dit Éric Pineault, président de Fierté Montréal.

Journée de la Fierté à La Ronde

Fierté Montréal propose, vendredi dès 15h, une journée d'activités au parc d'attractions La Ronde, qui affichera les couleurs gaies de l'arc-en-ciel pour l'occasion. Pour la somme de 40$, les participants vêtus d'orange pourront sauter à bord des manèges toute la journée et rire avec Miss Butterfly et Tracy Trash au saloon du Fort Edmonton.

Photo: Robert Skinner, archives La Presse

Chaque année, le défilé de Fierté Montréal attire une foule bigarrée.

Volet international

Fierté Montréal montre sa solidarité avec les LGBT des 77 pays où l'homosexualité est punissable d'emprisonnement ou de peine de mort. Des cadres du festival visitent ces pays et invitent des gais étrangers à Montréal. Cette année, la Bulgarie est le pays invité.

«Nos initiatives donnent des résultats, dit Éric Pineault, président de Fierté Montréal. Quand on est allé à Riga, en Lettonie, aucun représentant politique ne voulait être vu dans le défilé de la fierté local. Maintenant, le premier ministre et le maire de la capitale y participent. Les gens à l'étranger nous disent de continuer notre travail, car notre visibilité ici a un impact là-bas.»