Le 30e Festival international de musique actuelle de Victoriaville (FIMAV) démarre ce soir. Peu de festivals internationaux aussi petits peuvent se vanter d'avoir une aussi grande reconnaissance à l'étranger.

Cette année, le quart des spectacles présentés seront des premières canadiennes ou mondiales. Soulignons le retour de Fred Frith, un concert hommage à Sun Ra et la visite rare du groupe métal italien Ufomamut.

Le fondateur et directeur artistique du festival, Michel Levasseur, veut attirer plus de jeunes et d'amateurs de musique émergente dans la capitale des Bois-Francs. Surtout cette année, avec Duchess Says, Gros Mené (avec René Lussier) et Jerusalem In My Heart dans sa programmation.

«Chaque année est différente. On essaie de viser le plus large possible en matière de genres présentés, mais cette année, il y a une tangente émergente et rock québécois», souligne Michel Levasseur.

Ce dernier est fier de présenter la «première mondiale» du spectacle du saxophoniste Colin Stetson et de la violoniste Sarah Neufeld, deux virtuoses associés à un certain groupe appelé Arcade Fire.

Notoriété internationale

Mine de rien, le FIMAV célèbre ses 30 ans. Au fil du temps, le festival est resté fidèle à sa mission de découvertes.

Pour la petite histoire, Michel Levasseur a vécu sept ans en Écosse. Ce diplômé en foresterie est retourné à Victoriaville pour participer, un peu par hasard, à la naissance du FIMAV en 1983, «en plein retour à la terre».

À l'époque, Michel Levasseur a réussi à produire un spectacle de Skeleton Crew, le groupe rock expérimental du guitariste Fred Frith et du violoncelliste Tom Cora. Avec des amis artistes, il a ensuite fondé l'organisme Plate-forme pour produire «des spectacles non commerciaux».

«On ne savait pas ce qu'on voulait faire, mais on savait ce qu'on ne voulait pas faire, dit-il. À l'époque, le terme «musique actuelle» n'existait pas, mais c'était utilisé en danse et en arts visuels. Le premier festival a été un succès et on a continué de fil en aiguille.»

Le public du FIMAV vient de loin. Le quart est issu de l'extérieur du Québec - de Vancouver au Japon. Bon an, mal an, une centaine de fervents mélomanes assistent à tous les spectacles de la programmation. Cette année, on en compte 20. «Il n'y a jamais rien qui se chevauche», souligne Michel Levasseur.

L'an dernier, le festival a attiré 5000 personnes en salle et 10 000 dans son circuit de huit installations sonores aménagé en plein centre-ville de Victoriaville, le long de la piste cyclable Place Sainte-Victoire. «Des gens viennent spécifiquement pour les installations sonores», dit-il.

Michel Levasseur s'inquiète toutefois de l'achalandage en salle. «La dynamique a changé beaucoup depuis 10 ans. L'offre à Montréal est énorme, dit-il. Dans le domaine de l'avant-garde, il y a maintenant les festivals Elektra et Mutek, qui sont aussi en mai, et le Suoni Per Il Popolo, qui suit en juin. Nous n'avons plus autant le buzz qu'avant.»

Miser sur l'exclusivité

Le défi de Michel Levasseur: rester à l'affût des tendances et des artistes de niche les plus pertinents. «De plus en plus, nous devons avoir une exclusivité importante, dit Michel Levasseur. C'est difficile de faire sortir les gens de Montréal et aujourd'hui, les gens sont gavés de ce genre de musique-là.»

Le FIMAV reste l'un des derniers festivals basés sur les découvertes. «Nous ne sommes jamais tombés dans le panneau de la croissance et du devoir de présenter des gens connus pour attirer le plus grand nombre de personnes possible. On n'a jamais voulu aller dans la facilité», dit Michel Levasseur... quand on lui tire les vers du nez.

Voilà pourquoi les artistes chérissent le FIMAV (http://fimav.qc.ca). Ils s'y produisent devant des spectateurs passionnés, attentifs et curieux qui ferment leur téléphone intelligent pendant les spectacles.