Le samedi soir d'Osheaga ne fut pas l'apanage de Jack White et Nick Cave: chez J. Cole et Danny Brown, la fièvre hip-hop avait aussi un réel pouvoir de contagion.

J. Cole est l'un des artistes hip-hop de la génération montante qui créent le plus d'impact, sans pour autant lésiner sur le renouveau formel. En témoigne le succès commercial de ses albums Cole World: The Sideline Story et Born Sinner, qui n'ont pas grand-chose à voir avec les clichés gangstas.

Enfin, n'en beurrons pas trop épais. Scène de la Rivière, force est d'observer que le MC leader n'est pas un leader conceptuel. Parlons plutôt d'un rappeur efficace, s'inscrivant dans le courant de renouveau qui déferle sur le hip-hop.

Jermaine Lamarr Cole est de ceux qui se produisent avec une formation complète: DJ, batteur, claviéristes, guitariste et choristes très soul. Cette approche est souvent celle de rappeurs plus raffinés, plus éduqués, plus mélomanes, biberonnés à Outkast, feu J Dilla et leurs collègues les plus subtils. C'est le cas de ce jeune homme issu de Caroline-du-Nord, transplanté à New York.

S'il n'est pas un chanteur accompli (ses choristes viennent régulièrement à sa rescousse), le rappeur s'avère un showman de haute tenue. Il n'a aucun problème à imposer son autorité sur scène. Aucun problème à faire chanter, danser, s'esbaudir une foule compacte venue à sa rencontre.

Le coucher du soleil aura lieu sur la scène Verte. Y sévit Danny Brown, MC de Detroit. Sérieux changement d'atmosphère pour l'heure qui suit!

On vous a déjà raconté que le mec a triomphé de la misère sociale, d'une famille dysfonctionnelle, de la dépendance aux drogues récréatives dont il a naguère fait le commerce, ce qui lui a valu un séjour derrière les barreaux. Danny Brown n'a donc pas le profil de ces rappeurs universitaires émergents (on pense ici à J. Cole et Childish Gambino), il ne se présente pas avec une grosse machine à spectacle. Seul un DJ en renfort: SKYWLKR, qui est aussi un de ses beatmakers préférés.

À l'évidence, Danny Brown est un garçon intelligent et curieux... et peut-être même plus imaginatif que ses collègues éduqués. Natif et résidant de Detroit, il choisit de s'inscrire dans la tradition de la ville qui fut le berceau de la techno.

Belles séquences d'improvisation au programme de l'ébouriffé MC, interactions probantes avec son DJ. On aura reconnu des éléments de l'excellent Old, album conçu avec entre autres réalisateurs notre A-Trak, le trio torontois BadBadNotGood et le réalisateur/DJ écossais Rustie. Les sons émanant des enceintes sont nettement plus proches du ghettotech, de la house ou des grosses basses de l'électro anglaise que des fréquences habituelles du hip-hop. Qui s'en plaindra?