Quatre personnes ont déclaré au média américain Pitchfork avoir été victimes d’inconduite sexuelle de la part du leader du groupe montréalais Arcade Fire, Win Butler.

Une première personne, qui se décrit comme non binaire, affirme avoir été agressée sexuellement à deux reprises en 2015 par Win Butler, alors qu’elle avait 21 ans et lui, 34 ans.

Trois femmes ont aussi accusé le chanteur de comportements déplacés à leur égard, alors qu’elles avaient entre 18 et 23 ans au moment de leurs interactions avec M. Butler entre 2016 et 2020. Selon elles, ces interactions auraient été déplacées eu égard à la différence d’âge, à la dynamique de pouvoir et au contexte dans lequel elles se sont produites.

Tous les témoignages ayant été publiés sous le couvert de l’anonymat dans l’enquête publiée samedi par Pitchfork, un média de référence de l’industrie musicale, La Presse n’a pu vérifier ces allégations.

Dans une longue déclaration qui accompagnait l’article, M. Butler a nié avec véhémence avoir eu des relations sexuelles non consensuelles. « Je n’ai jamais touché à une femme contre son gré, et toute insinuation en ce sens est tout simplement fausse », a-t-il déclaré.

Une personne non binaire, surnommée Lily, allègue avoir rencontré le musicien lors d’un concert à Montréal, en janvier 2015, au cours duquel le chanteur lui aurait donné son numéro de cellulaire.

Après plusieurs échanges par messagerie texte – et durant lesquels Lily aurait établi ne pas rechercher une relation de nature sexuelle avec M. Butler –, tous deux se seraient rencontrés dans un bar.

À la fin de la soirée, alors qu’il raccompagnait Lily, le chanteur aurait glissé sa main dans son pantalon – ce que nie Win Butler, qui affirme qu’il a plutôt touché « l’intérieur de sa cuisse ».

Deux jours après l’incident, M. Butler se serait présenté à la porte de l’appartement de Lily, qui soutient avoir pourtant refusé à plusieurs reprises par texto qu’il le fasse.

« J’ai ouvert ma porte et je me suis fait plaquer contre le mur. Il s’est emparé agressivement de mon corps et a enfoncé sa langue dans ma gorge », a témoigné Lily, qui lui aurait alors demandé de partir à plusieurs reprises.

Finalement, il m’a attiré sur ses genoux sur mon canapé. Je ne sais pas s’il me tenait par la taille ou quoi, mais j’étais physiquement contraint par lui, alors qu’il mettait sa main dans mon pantalon.

Lily

C’est à ce moment que le chanteur serait finalement parti, après des demandes répétées de Lily.

À Pitchfork, le cofondateur de Arcade Fire a décrit une interaction différente : « Je ne l’ai jamais forcé et, lorsque son humeur a changé, je me suis arrêté, j’ai vérifié et je suis parti sans faire de drame ni de problème. Je n’agresserais jamais personne et je n’ai pas agressé [Lily] », s’est-il défendu.

Des photos explicites

Une femme, âgée de 18 ans au moment des interactions alléguées, accuse quant à elle M. Butler de lui avoir envoyé des textos explicites et des photos de ses parties génitales sans son consentement, en 2016.

« Win Butler m’a demandé des photos nues et a essayé de me sexter. Et je lui ai dit que j’étais vraiment mal à l’aise avec ça, avait écrit la jeune femme à une amie. Je ne sais pas vraiment quoi faire maintenant. Il continue de m’envoyer des textos. Encore et encore. »

Dans sa version, le chanteur aurait décliné une invitation de la jeune femme à avoir une relation sexuelle, mais il a reconnu avoir mal interprété certains signaux envoyés par celle-ci.

« J’étais ivre quand je lui ai envoyé des textos et j’ai mal interprété le fait qu’elle ne répondait pas par le fait qu’elle ne recevait tout simplement pas mes textos », a-t-il réagi.

En 2017 et 2018, deux fans du groupe interrogées par Pitchfork auraient été victimes de comportements similaires : le chanteur répondait à leurs messages sur Instagram avant de leur demander des photos et des vidéos de nature sexuelle.

M. Butler a reconnu avoir échangé des messages à caractère sexuel avec les deux femmes, mais il a fermement nié que leurs interactions n’étaient pas consensuelles.

« J’ai eu des relations consensuelles en dehors de mon mariage [avec Régine Chassagne, aussi membre d’Arcade Fire]. Il n’y a pas de manière facile de le dire, et la chose la plus difficile que j’ai dû faire a été de devoir faire part de cela à mon fils. La majorité de ces relations ont été de courte durée, et ma femme en est consciente – notre mariage a, dans le passé, été plus non conventionnel que d’autres », a déclaré Win Butler.

« Je vous le dis à tous, mes amis, ma famille, à tous ceux que j’ai blessés et aux personnes qui aiment ma musique et qui sont choquées et déçues par cet article : je suis désolé. Je suis désolé pour la douleur que j’ai causée – je suis désolé de ne pas avoir été plus conscient et plus attentif à l’effet que j’ai sur les gens – j’ai merdé, et bien que ce ne soit pas une excuse, je vais continuer à regarder vers l’avant et à guérir ce qui peut être guéri, et à tirer les leçons des expériences passées. Je peux faire mieux et je ferai mieux. »

La Presse a tenté de joindre samedi soir Sony Music, qui représente Arcade Fire, sans succès.