La salle de diffusion de la maison de la culture de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension a été remodelée cet été par l'univers fantasmagorique de l'illustrateur montréalais Pierre-Paul Pariseau et la scénographie ludique d'Anne de Broin. L'exposition La métamorphose des apparences est à voir absolument avant la fin du mois... avec les enfants.

Informaticien de formation, Pierre-Paul Pariseau est devenu artiste et illustrateur d'abord et avant tout pour le plaisir de créer. Membre du groupe ExpressionArt dans les années 80, il a étalé son talent sur une multitude de supports: des unes de cahiers de quotidiens, comme celles de La Presse, des magazines, des affiches, des CD et un livre pour enfants.

Sans être représenté par une galerie, il expose ses oeuvres régulièrement en Europe et aux États-Unis. Le mois dernier, l'une d'elles défilait sur un des grands tableaux d'affichage de Times Square, à New York.

Depuis quelques années, des revues d'illustration d'Allemagne, du Royaume-Uni, de Taïwan ou de France consacrent des articles à cet artiste qui fait partie du livre 200 Best Illustrators Worldwide (éditions 2011-2012 et 2013-2014).

La rétrospective qui lui est consacrée à Parc-Extension permet de découvrir son style qui intrigue. Pierre-Paul Pariseau surfe sur une vague surréaliste, transformant la réalité à partir de photos découpées dans des magazines et modifiées grâce au numérique.

Dans un premier temps, ses oeuvres sur papier étaient constituées de collages qu'il harmonisait en utilisant l'aquarelle, l'acrylique et le crayon. Depuis 2005, grâce à un logiciel, il transforme les images numérisées en ôtant leur teinte originale, il ajoute et texture ses propres colorations et réalise finalement des collages virtuels. Cela induit un petit air pop art à ses créations, même si ce n'est pas ce courant qui l'inspire.

Aujourd'hui âgé de 56 ans, Pierre-Paul Pariseau est animé par les thèmes de l'enfance, la BD, le cinéma et le monde animal. La construction de ses oeuvres peut sembler suivre une ligne directrice, mais c'est parfois le fruit du hasard, de l'imagination et de sa vision du monde. On n'est pas loin d'un cadavre exquis pictural aux choix inconscients, mais l'artiste est ici seul à décider et donne tout de même une direction solide aux assortiments qu'il compose.

Les oeuvres sont en effet bien équilibrées, avec des couleurs judicieusement dosées et des volumes soigneusement définis. Parfois, on croit reconnaître une histoire, mais l'artiste ouvre plus des portes qu'il n'impose un message. Dans Rêve américain, un cowboy chevauche un énorme chien aux grosses lunettes de star d'Hollywood tirant une énorme langue rouge sous les regards intrigués de plusieurs enfants et d'un lézard vert.

Dans En attendant Marcello, on croit déceler l'atmosphère de La dolce vita. La belle assise sur sa Vespa, est-ce Anita Ekberg ou Anouk Aimée?

La scénographie de l'exposition donne beaucoup de cachet à l'ensemble. Anne de Broin a déployé des trésors d'ingéniosité pour disposer les oeuvres dans un environnement ludique. Des éléments d'oeuvres de Pierre-Paul Pariseau égayent les murs et les portes.

Elle a aussi créé un bel effet visuel en reconstituant l'oeuvre Avec l'explorateur en la plaçant à la fois en suspension dans les airs et sur le mur coloré. Une maisonnette dans laquelle les enfants peuvent passer a aussi été construite au milieu de la salle et décorée avec des oeuvres de Pierre-Paul Pariseau placées à la hauteur des petits.

La démarche artistique de l'artiste est enseignée sur place aux enfants du quartier grâce à l'activité Du coq à l'âne présentée dans un atelier créé dans la salle. Vraiment, voilà une belle association entre un artiste original et un lieu qui réussit pleinement son mandat de médiation culturelle.

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La métamorphose des apparences à la salle de diffusion de Parc-Extension, au 421, rue Saint-Roch. Jusqu'au 31 août.