Le directeur général du Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM), Stéphane Aquin, nommé en 2020 en pleine pandémie, vient d’accepter un nouveau mandat de trois ans. Il aura la tâche de mettre en place le premier plan stratégique de l’institution muséale.

Création d’un nouvel espace consacré à l’art québécois et canadien dans le pavillon Claire et Marc Bourgie ; redéploiement de la collection d’art inuit dans le pavillon historique Hornstein ; aménagement de la nouvelle collection d’art décoratif et de design dans le futur pavillon Liliane et David M. Stewart ; transformation de l’aire d’accueil des visiteurs dans le pavillon Jean-Noël Desmarais ; réaménagement de l’avenue du Musée en jardin urbain ; ouverture d’un café…

Voilà quelques-uns des projets qui seront menés par le MBAM dans les prochains mois de manière à ce que l’institution soit parfaitement « adaptée à la réalité du XXIsiècle », a indiqué Stéphane Aquin, qui continuera de faire équipe avec la directrice de la conservation, Mary-Dailey Desmarais, et avec le directeur général adjoint, Yves Théoret.

« Notre but est de transformer le musée pièce par pièce de manière à ce que, cumulativement, quelqu’un qui ne serait pas venu au musée depuis dix ans ne s’y reconnaisse pas ! », a lancé Stéphane Aquin, qui souhaite « faire avec l’existant » et encore « promouvoir l’accessibilité » comme jamais auparavant.

Pour réaliser son plan stratégique, le MBAM mène une campagne de financement qui vise à amasser une somme de 100 millions de dollars sur cinq ans. Selon Jo-Anne Duchesne, directrice générale de la Fondation, le musée aurait déjà atteint 80 % de cet objectif. La répartition se fera de la manière suivante : 64 % des fonds seront investis dans la collection et la programmation ; 15 % iront dans les programmes d’éducation comme « Le musée en partage » ou « La ruche d’art », et 21 % seront consacrés à des projets spéciaux.

« La pandémie a accéléré une prise de conscience de ce qui fera le XXIsiècle : les phénomènes migratoires dus aux conflits, les préoccupations de justice sociale, la démographie changeante, avec le vieillissement de la génération des baby-boomers, l’importance grandissante de la diversité socioculturelle de Montréal… Les transformations que l’on veut faire visent à adapter le musée à ces changements pour en faire un lieu de vie et d’échanges », a indiqué le directeur général du MBAM.

Un musée « accueillant, accessible et ouvert »

Stéphane Aquin, qui était le conservateur en chef du Hirshhorn Museum and Sculpture Garden de Washington jusqu’à sa nomination en 2020, avait laissé entendre que son passage à la tête du MBAM était temporaire. Dans une entrevue avec La Presse, il avait d’ailleurs affirmé : « Je suis là pour faire passer le musée à la prochaine génération. Mon mandat est un passage de témoin. Le Musée des beaux-arts est une invention du XIXsiècle. Il faut accélérer le passage vers le XXIsiècle et laisser une autre génération s’en occuper. »

Comment explique-t-il la prolongation de son mandat ? « En toute honnêteté, quand je suis rentré, je me disais que quelques années devraient suffire à accomplir le travail : l’assainissement du climat de travail, la mise en place d’un cadre de gouvernance, la mise en valeur de la collection, mais tout ça prend toujours plus de temps qu’on pense et, avec le dépôt du plan stratégique, le conseil d’administration m’a proposé de rester pour sa réalisation. »

Stéphane Aquin, dont l’objectif principal en arrivant était aussi de « renouer avec le personnel », estime avoir rempli sa mission.

« En toute humilité, les relations avec les 250 employés sont très bonnes. Ce sont des collègues extrêmement talentueux. Le fait de remettre en place des processus, de rescinder les postes de directeur général et de directeur de la conservation, qu’on n’aurait jamais dû fusionner, et de renouveler le conseil d’administration [présidé par André Dufour], qui est maintenant constitué de 14 personnes, tout ça a aidé », nous confie le directeur général.

Autre nouvelle annoncée lundi : la sculpture en verre soufflé de Dale Chihuly, Le soleil, qui était exposée à l’extérieur du pavillon historique du MBAM depuis 2003 avant d’être retirée en 2020, sera réinstallée à l’intérieur du musée, au centre du futur pavillon voué à l’art décoratif et de design. Une décision justifiée par les intempéries qui ont fini par endommager les vrilles de l’œuvre. La restauration de celle-ci nécessitera un investissement de 200 000 $.

« On veut que le musée soit accueillant, accessible et ouvert, conclut Stéphane Aquin. Je pense que l’ensemble des projets de transformation que nous allons mettre en place vont justement nous permettre de réaliser ces objectifs. »

Histoire de l’art québécois et canadien

Le MBAM a l’intention d’exposer quelques-unes des 17 000 œuvres de sa collection d’art québécois et canadien au niveau 4 du pavillon Claire et Marc Bourgie, là où se trouve actuellement la collection d’art inuit. L’objectif du musée est d’y organiser des expositions temporaires au moins une fois par année, a précisé la directrice de la conservation, Mary-Dailey Desmarais. « Nous voulons inviter des commissaires et des artistes d’ici pour mener des projets québécois et canadiens. » Quant à la collection d’art inuit, qui compte environ 900 œuvres créées par quelque 300 artistes, elle sera exposée (en partie) dans le pavillon historique Hornstein – actuellement en rénovation. L’espace, qui sera deux fois plus grand que dans son état actuel, sera ouvert l’an prochain grâce au travail de la commissaire et artiste visuelle asinnajaq.