(Montréal) Un petit groupe espère rouvrir le cyclorama de Sainte-Anne-de-Beaupré qui a fermé ses portes en 2018.

Le Cyclorama de Jérusalem est une œuvre panoramique des peintres américains Oliver Dennett Grover et Charles Abel Corwin. Il mesure 14 mètres de hauteur sur 110 mètres de circonférence. Il est situé dans une rotonde construite près de la basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré. Il y avait été installé en 1895.

L’œuvre décrit ce à quoi pouvait ressembler la ville de Jérusalem à l’époque de la crucifixion de Jésus.

Mais le désintérêt envers le site a suivi le mouvement de décléricalisation au Québec. En 2018, la famille Blouin, propriétaire de l’endroit, l’a fermé parce qu’il n’était plus rentable et avait besoin de rénovation. Les tentatives de le vendre ont été vaines. L’année suivante, la toile et la rotonde ont été classées patrimoniales par le gouvernement québécois.

Annie Lévesque est une résidante de Sainte-Anne-de-Beaupré. Elle fait partie de l’équipe de bénévoles qui cherche un moyen de rouvrir l’endroit au public.

« C’est le seul cyclorama qui existe au Canada, donc je souhaite vivement que les instances gouvernementales réalisent l’importance de la sauvegarde et de la continuité d’un site comme celui-là », souligne-t-elle.

Pierre Blouin, dont la famille a acheté le lieu en 1949, espère bien pouvoir le vendre. Il a rédigé l’été dernier un long article pour la revue Reader’s Digest dans l’espoir d’attirer un éventuel acheteur.

Mme Lévesque, qui est propriétaire d’une galerie d’art, a été recrutée par la famille Blouin parce qu’elle est spécialisée dans le développement culturel. La réouverture de la rotonde pourrait attirer des acheteurs potentiels, dit-elle. Cela pourrait aussi aider la famille à trouver un courtier immobilier.

« C’est difficile de vendre une entreprise lorsqu’elle est fermée », rappelle-t-elle.

Jérémie Germain s’est impliqué dans le groupe par hasard. En visitant la galerie d’art de Mme Lévesque en 2021, il a remarqué la rotonde par une fenêtre, mais il n’avait aucune idée de ce dont il s’agissait.

« C’est un magnifique œuvre d’art, lance-t-il à propos du cyclorama. Je suis étonné qu’elle soit là, dans le noir, façon de parler. »

Le groupe compte quelques dizaines de membres provenant de tous les horizons : des professionnels, des avocats, des historiens, etc. Tous des passionnés qui veulent que le public ait de nouveau accès au cyclorama.

L’œuvre est toujours en bon état. Au cours des dernières années, des historiens et des experts. La boutique de souvenirs a été rouverte à Pâques en 2022 afin de récolter des fonds pour des réparations nécessaires. Aucun échéancier n’a été fixé pour une éventuelle réouverture, reconnaît Mme Lévesque.

Selon le Répertoire du patrimoine culturel du Québec, le cyclorama a été peint en 1887 ou 1888 quelque part aux États-Unis. Il a été exposé à Montréal jusqu’en 1895 avant d’être vendu à l’avocat Ubald Plourde qui le fait transporter à proximité de la basilique de Sainte-Anne-de-Beaupré. L’œuvre s’inspire d’une toile peinte à Munich en 1886 par Bruno Piglhein qui a servi de modèle à plus d’une douzaine d’autres tableaux panoramiques.

Le ministère de la Culture avait obtenu en mars 2022 un jugement de la cour afin de réaliser des travaux d’urgence sur le toit. Ceux-ci ont été complétés en février.

« Le ministère est intervenu de manière exceptionnelle pour permettre la réalisation de travaux urgents de consolidation à la toiture qui devaient être effectués pour assurer l’intégrité du bien classé », écrit le ministère dans un courriel à La Presse Canadienne. Une hypothèque a été inscrite par le gouvernement, mais le propriétaire devra la rembourser.

M. Germain souligne que la famille Blouin croit que le lieu doit être adapté au XXIe siècle. De la technologie 3D et de la réalité virtuelle pourraient être ajoutées afin de rendre l’œuvre plus interactive.

« La peinture sera toujours l’attraction principale, mais nous voulons enrichir l’expérience d’une façon dont les créateurs ne pouvaient pas l’imaginer il y a plusieurs décennies, ajoute-t-il. Tout ce que nous faisons aujourd’hui et tout ce que nous ferons à l’avenir visent à rouvrir l’endroit et à le partager avec le monde. »