Le MNBAQ ayant dû fermer deux de ses pavillons qui présentaient sa collection — pour permettre l’émergence, d’ici deux ou trois ans, de l’Espace Riopelle —, l’équipe de médiation du musée s’est associée à celles des expositions et de la conservation pour créer une expo qui s’adresse autant aux amateurs d’art qu’au jeune public. Installée pour trois ans, Nous est la signature de trois commissaires : Valérie Allard, responsable de la médiation scolaire, Maude Lévesque, commissaire d’expositions, et Eve-Lyne Beaudry, conservatrice de l’art contemporain. À elles s’est ajoutée la consultante en philosophie Linda Champagne.
Le point de départ de l’expo est illustré par Portraits de société, les petits cadres de Marie-Claude Pratte qui abordent des sujets de société tels que les préjugés, la caricature, les croyances, la pression de l’apparence physique, l’évolution des mœurs.
Suivent des œuvres sur le portrait et l’autoportrait, avec un Sans titre de John Heward associé à l’huile sur toile Le Docteur François-Olivier Boucher, du peintre de Charlesbourg Jean-Baptiste Roy-Audy (1778-1846), le diptyque Portraits de personnes qui se ressemblent, de Françoise Sullivan, ou encore l’Autoportrait qu’Alfred Pellan a conçu vers 1977 avec un miroir. Une œuvre dont les visiteurs se servent abondamment pour réaliser leurs égoportraits !
Les œuvres sont accompagnées de questions placées au bas des murs. Elles permettent aux visiteurs de réfléchir à des idées que ces créations peuvent suggérer, notamment sur la perception des choses. La perception est d’ailleurs un des angles d’étude de plusieurs dessins de Raphaëlle de Groot retenus pour Nous. L’artiste avait travaillé il y a une vingtaine d’années avec des religieuses dont elle avait fait le portrait à l’aveugle pendant qu’elles dessinaient, elles aussi à l’aveugle, des couronnes de fleurs. La question posée aux visiteurs est ainsi : « Puis-je connaître l’autre sans l’avoir rencontré ? »
Une section est consacrée aux déplacements de population. La question de la migration, les personnes déplacées à cause de la guerre, ou encore les allers-retours que font les enfants des couples séparés. Dans cette partie, les commissaires ont placé des œuvres d’artistes moins connus, comme Joceline Chabot, dont on présente Dialogues rompus, une encre et photocopie sur acétates superposés qui évoque le drame des enfants exposés aux conflits.
On évoque aussi la migration des oiseaux avec un Sans titre de Riopelle, magnifique avec ses teintes argentées et dorées. Ou la migration des poissons avec Les avaleurs de nuages, de Paryse Martin.
On peut aussi admirer une belle sculpture de David Altmejd, The Quail, avec ses miroirs assemblés. Ce qui nous permet de compenser la perte de The Flux and the Puddle, l’œuvre magistrale du sculpteur que le collectionneur François Rochon avait prêtée au musée et qu’il a fallu remettre dans ses caisses, à cause de la transformation du musée liée à l’émergence de l’Espace Riopelle. Espérons que cette œuvre imprégnée de références à l’histoire de l’art retrouvera un bel espace afin d’en faire profiter les amateurs d’art.
En attendant, une visite sur les plaines d’Abraham est réconfortante avec cette expo qui invite à réfléchir sur notre individualité et son expression collective. Un déploiement d’œuvres contemporaines, modernes et plus anciennes qui accompagne un parcours au cœur du musée où l’on peut retrouver les œuvres inuites de la collection Brousseau, les 130 objets d’arts décoratifs du MNBAQ et bien sûr l’Hommage à Rosa Luxembourg de Riopelle qui nous rappelle que le grand maître centenaire est la cause de Nous !
Nous, au Musée national des beaux-arts du Québec, à Québec
Consultez le site du Musée national des beaux-arts du Québec