La Biennale internationale d’art numérique (BIAN) est de retour en grand à Arsenal art contemporain. Avec 26 œuvres, dont plusieurs monumentales et provenant de quatre continents, la BIAN 6 est de loin la plus spectaculaire depuis sa création en 2012. À ne pas manquer d’ici au 5 février !

Quand on a visité l’expo, dans une des immenses salles d’Arsenal, une classe du secondaire en faisait le tour. C’était fascinant de constater avec quel plaisir les jeunes communiaient avec ces œuvres qui sont d’une fraîcheur on ne peut plus contemporaine.

Le concepteur de BIAN 6, Alain Thibault, offre un menu copieux qui mériterait plusieurs étoiles Michelin si le guide français se penchait sur les arts visuels ! Michelin collerait d’ailleurs bien à BIAN 6, qui aborde le thème de la mobilité, notamment l’automobile. Ça prend au moins deux heures pour découvrir les œuvres, toutes aussi séduisantes les unes que les autres. Nous en avons retenu dix, particulièrement intéressantes. Parmi les autres (déjà entrevues), signalons des créations de Michel de Broin et de Rafael Lozano-Hemmer.

Slow-Motion Car Crash, de Jonathan Schipper (États-Unis)

Déjà exposée en Chine, en Europe et aux États-Unis, cette œuvre va évoluer durant les deux mois de la biennale. Le Californien Jonathan Schipper fait se percuter deux automobiles, une Mercedes électrique de 1987 et une Cadillac plus récente, placées sur rail et qui avancent l’une vers l’autre à la vitesse de 1 mm/heure. Une œuvre sur la passion des Nord-Américains pour l’automobile. « Ces automobiles sont un peu une extension de nos corps, dit-il. Un peu ce qu’on veut être et ce que les gens pensent qu’on est. Le crash, c’est un peu le nôtre, notre propre mort. La désorganisation de quelque chose d’organisé. »

Exo-Performance, de Tianzhuo Chen (Chine)

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Exo-Performance, de Tianzhuo Chen

L’installation à trois canaux diffuse de belles sculptures numériques de type science-fiction réalisées à partir des mouvements d’acteurs enregistrés grâce à des capteurs d’un logiciel. Une œuvre qui dure cinq minutes.

Postcolonial Dilemma #Track4 (Remix mix), de Kongo Astronauts (Congo)

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L’installation de Kongo Astronauts

Dans cette œuvre en provenance de l’Afrique, on parle de colonialisme et de désir d’exploration spatiale. Avec un spationaute recouvert de circuits électriques en référence au tantale, ce métal hautement recherché, très présent au Congo, mais dont le pays ne profite que très peu, selon le duo Kongo Astronauts.

Résonances, de Louis-Philippe Rondeau (Québec)

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Résonances, de Louis-Philippe Rondeau

Voici une pièce ludique et interactive qui plaira aux jeunes. Une métaphore sur le temps qui passe, avec nos gestes captés qui s’impriment sur l’écran et se superposent aux gestes précédents. Une œuvre québécoise qui sera montrée à Singapour l’an prochain.

Copacabana Machine Sex, de Bill Vorn (Québec)

Œuvre spectaculaire de Bill Vorn avec des robots qui bougent dans une ambiance lumineuse et sonore. Comme si des robots animaient la scène d’un cabaret. Une évocation des comportements humains.

Cloud Face-Real Time, de Shinseungback Kimyonghun (Corée du Sud)

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Cloud Face-Real Time, de Shinseungback Kimyonghun

Intéressant concept. Un appareil photo prend en continu des photos de nuages à Séoul. Quand le nuage ressemble à un visage, selon un logiciel, l’image s’affiche sur un écran à Montréal quelques heures plus tard. Tous les jours, les images sont différentes. Mignon et poétique.

Tomorrow’s Borrowed-Scenery, de Paul Duncombe (France)

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Paul Duncombe devant son installation

Dans un coin de la salle, trois carcasses d’auto sont empilées. Il s’agit d’une œuvre de Paul Duncombe dont il a déjà fait deux versions à Pékin et à Paris. Elle est inspirée d’un travail réalisé au Japon après le tsunami de 2011. Il avait été frappé par les amoncellements de voitures dans les villages. L’œuvre comprend une partie numérique qui permet de contrôler la croissance de végétaux dans l’automobile pour illustrer la recolonisation de la nature.

Lightning Ride, d’Émilie Brout et Maxime Marion (France)

Projetée sur un immense écran, l’œuvre découle d’images de rituels d’utilisation de l’arme Taser. Numérisé, le montage donne un effet de peinture. Assez impressionnant et esthétiquement spectaculaire.

Breathing Patterns, de Salomé Chatriot (France)

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Breathing Patterns

Le diptyque montre, en 3D, des instants de respiration de l’artiste durant la pandémie. À gauche, un souffle irrégulier et intense, et à droite, plutôt tranquille. Un bel effet esthétique.

Nature Morte 7, de Johann Baron Lanteigne (Québec)

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Johann Baron Lanteigne devant son installation

L’artiste numérique installé à Québec expose une œuvre où des écrans retransmettent les images d’une nature qui « reprend le contrôle ». L’écran suspendu comprend des composants électroniques visibles, un hommage à Boris Vian et à son intérêt pour l’arrière d’une télé dans sa chanson J’suis snob.

Musée virtuel

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On peut expérimenter le musée virtuel d’ELEKTRA.

L’équipe d’ELEKTRA, géniteur de la biennale, a créé un musée virtuel dont on peut voir un aperçu dans la salle. Le musée a deux « pavillons » et une programmation régulière. On peut prendre le temps de regarder chaque œuvre. Le tout avec une qualité visuelle magnifique. Chapeau !

Consultez le site de Bian 6