Cet automne, la Fonderie Darling fête ses 20 ans. Le centre d’art contemporain et de résidences artistiques ouvre ses portes au public avec des visites guidées et une exposition, Tu m’enveloppes et je te contiens, sorte d’introspection de l’ancienne fonderie montréalaise créée en 1888 et reconvertie par Caroline Andrieux en 2002. Dix artistes et la commissaire Milly-Alexandra Dery ont déployé des œuvres originales dans les deux salles d’exposition et les sous-sols de l’édifice du 745, rue Ottawa.

Honorer les lieux de la Fonderie, les artistes qui y ont exposé ou résidé, les commissaires qui les ont scénographiés, le personnel qui y a travaillé et tous les donateurs qui en ont assuré la survie. Caroline Andrieux tenait à célébrer en grand les 20 ans de ce centre d’art qu’elle a créé et qui est devenu un acteur incontournable et réputé de la scène canadienne de l’art contemporain.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Une partie de l’équipe de la Fonderie Darling : la directrice artistique et fondatrice du centre d’art, Caroline Andrieux (au centre), avec la commissaire Milly-Alexandra Dery (à gauche) et la responsable des communications, Morgane Lecocq-Lemieux

« Tu m’enveloppes et je te contiens est le premier cadeau que nous faisons à la Fonderie pour ses 20 ans », dit Caroline Andrieux. L’expo revisite la programmation des 20 dernières années et les archives du lieu. Avec des œuvres nées d’une collaboration étroite entre la commissaire Milly-Alexandra Dery et dix artistes ayant, dans leur pratique, le principe de la réappropriation, un regard affûté sur les acquis du passé ou encore un penchant pour l’architecture.

Discrète et subtile, l’intervention de Christophe Barbeau a été de repeindre les cimaises de l’immense salle d’exposition dans le vert kaki des 10 premières années de la Fonderie. Il a ajouté de grands rideaux noirs sur le mur contigu au restaurant Le Serpent, là où se trouvait à l’origine le Café Cluny. Une réalisation en accord avec le titre de l’exposition, un extrait de la pièce Le balcon, de Jean Genet.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

A Room of One’s Own, to be Shared with Others, 2022, Lan Florence Yee

Lan Florence Yee a, de son côté, greffé au mur quatre panneaux d’affichage lumineux sur lesquels défilent de courtes phrases sur les défis de la pratique artistique. Alexia Laferté Coutu a créé des empreintes en cuivre en moulant les pieds de l’ancienne fournaise de la Fonderie, toujours visible dans la grande salle. Des sculptures d’allure organique sur lesquelles elle a coulé du verre en fusion. Dans le même esprit, naakita feldman-kiss a récolté des poussières de cette fournaise pour créer l’installation vidéo The Density of Dust, qui évoque la mémoire du site.

  • Détail de Darling Foundry, c. 1918, 2022, Alexia Laferté Coutu

    PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

    Détail de Darling Foundry, c. 1918, 2022, Alexia Laferté Coutu

  • Ascension (Onions), Sameer Farooq

    PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

    Ascension (Onions), Sameer Farooq

  • Une œuvre de Julie Favreau dans les sous-sols de la Fonderie

    PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

    Une œuvre de Julie Favreau dans les sous-sols de la Fonderie

  • Détail de Wave On (Relique), une œuvre réactivée d’Emmanuel Galland, installée à l’accueil de la Fonderie

    PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

    Détail de Wave On (Relique), une œuvre réactivée d’Emmanuel Galland, installée à l’accueil de la Fonderie

  • Fabienne Audéoud, artiste française en résidence à la Fonderie, dans son atelier

    PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

    Fabienne Audéoud, artiste française en résidence à la Fonderie, dans son atelier

1/5
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Steve Giasson, manitou de la performance et de la réappropriation, s’est inspiré d’une contrefaçon du buste Mademoiselle Pogany, de Brâncuși, que Guillaume Adjutor Provost avait intégrée à son expo Vapeurs, présentée à la Fonderie en 2019. Il en a fait 25 copies en plâtre, pour honorer cette « fée marraine de la sculpture abstraite ». Sameer Farooq présente 699 céramiques en forme d’oignons, installées comme elles le seraient dans un musée. Une réflexion sur le collectionnement institutionnel et sur les strates historiques de la Fonderie, symbolisées par les couches épidermiques d’un oignon. Un rappel historique que le collectif Marion Lessard suggère avec l’installation sonore Était le verbe, la prononciation dans trois lieux de la Fonderie (avec notamment la voix de Caroline Andrieux) de mots récurrents emblématiques de l’organisme.

  • Steve Giasson devant son œuvre

    PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

    Steve Giasson devant son œuvre

  • Balcon, Alexis Gros-Louis

    PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

    Balcon, Alexis Gros-Louis

1/2
  •  
  •  

Originaire de Wendake, Alexis Gros-Louis est resté collé au titre de l’expo pour symboliser, avec Balcon, à la fois les racines montréalaises de la Fonderie et l’ancienne forge (avec le fer forgé), les rapports de pouvoir des institutions culturelles (avec la prétention du balcon), mais aussi l’aspect théâtral d’une exposition.

Munis d’un casque protecteur, les visiteurs peuvent gratuitement, chaque jeudi à 18 h et 19 h, parcourir les sous-sols de la Fonderie où Guillaume Adjutor Provost a éparpillé sept œuvres d’artistes tels que Julie Favreau, Mathieu Beauséjour, Marie-Michelle Deschamps et Jocelyne Alloucherie. Des créations données au centre d’art au fil des ans. L’artiste les a mêlées aux reliques de la fonderie industrielle qui sédimentent dans les profondeurs du bâtiment ! Un hommage aussi à un ex-technicien de la Fonderie, Pierre Giroux, « fondateur caché » du lieu, estime Caroline Andrieux.

Faisant l’historique de la Fonderie et le tour de ses expositions des deux dernières décennies, un catalogue de 250 pages, intitulé Éphémère Forever, sera lancé le 27 octobre. Et le 16 décembre, les lieux accueilleront un rave avec des musiciens et des performances d’artistes.

Consultez le site de la Fonderie Darling