L’artiste multidisciplinaire Manuel Mathieu figure parmi les artistes choisis

La filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec, CDPQ Infra, dévoile ce mercredi les noms des trois premiers artistes qui ont été choisis pour créer des œuvres dans les stations du Réseau express métropolitain (REM). Parmi eux, l’étoile montante Manuel Mathieu, dont les cinq monumentales mosaïques seront intégrées à un couloir de la station Édouard-Montpetit.

« C’est très émouvant de faire ça à l’Université de Montréal », dit l’artiste multidisciplinaire d’origine haïtienne, qui a eu entre autres des expos individuelles en 2020 au Musée des beaux-arts de Montréal et à la Power Plant à Toronto.

« Quand je suis arrivé au Canada, je vivais à Rosemère, mais j’étudiais à HEC. C’est comme fermer la boucle un peu. »

Dans Le mont habité, Manuel Mathieu a voulu créer une conversation avec les œuvres d’art public qui ont fait la marque de Montréal, ainsi qu’avec les artistes qui « alimentent notre imaginaire depuis des années », question de s’inspirer du passé tout en regardant vers le futur.

« C’est un honneur de présenter une œuvre à cette échelle dans la ville, dit-il. Il y a aussi un volet accessibilité que j’aime beaucoup. Je suis arrivé à Montréal à 19 ans, j’en ai 35 maintenant. Je suis devenu un homme à Montréal, ça a forgé ma sensibilité. »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Manuel Mathieu

Cette ville m’a donné, et aujourd’hui, je suis capable de redonner.

Manuel Mathieu, artiste multidisciplinaire

Manuel Mathieu ne s’en cache pas : il veut créer quelque chose de « mindblowing » dans cette station qui est située à 70 mètres sous la terre. « Nous sommes vraiment au centre de Montréal, au cœur de la montagne, de la pierre. C’est très symbolique. »

Sélection

Les trois artistes ont été choisis au terme d’un processus très rigoureux, et devaient proposer des projets en lien avec l’endroit précis où les œuvres seront installées.

« Nous donnons des informations sociologiques et géographiques, sur les usagers et les gens qui habitent autour, sur ce qu’il y a dans la station et autour de la station », explique la conservatrice des collections d’art de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Marie-Justine Snider.

Les commandes étaient aussi très claires. Dans le cas d’Édouard-Montpetit, la mosaïque était une exigence, pour rappeler le métro de Montréal. À Brossard, vu la configuration de la station, on a voulu un diptyque, question qu’on puisse « voir l’œuvre de partout », ce qui appelait davantage à la sculpture. À Panama, une autre station située à Brossard, l’œuvre, « installée dans un passage très sombre », devait être présentée dans une boîte rétroéclairée, une « light box », qui était donc plus appropriée pour la peinture ou la photo.

  • L’œuvre de Manuel Mathieu, Le mont habité, sera conçue avec l’atelier Mosaika à Montréal, et sera intégrée à la station Édouard-Montpetit.

    PHOTO FOURNIE PAR LA CDPQ

    L’œuvre de Manuel Mathieu, Le mont habité, sera conçue avec l’atelier Mosaika à Montréal, et sera intégrée à la station Édouard-Montpetit.

  • On pourra voir le diptyque Les passagers, de David Armstrong VI, à la station Brossard. Les deux sculptures seront conçues avec l’atelier du Bronze à Inverness.

    PHOTO FOURNIE PAR LA CDPQ

    On pourra voir le diptyque Les passagers, de David Armstrong VI, à la station Brossard. Les deux sculptures seront conçues avec l’atelier du Bronze à Inverness.

  • L’œuvre photographique de Chih-Chien Wang, Un voyage sans fin au-delà du présent, qu’on pourra voir à la station Panama, sera conçue avec les ateliers Laurier Architectural, à Laurier-Station.

    PHOTO FOURNIE PAR LA CDPQ

    L’œuvre photographique de Chih-Chien Wang, Un voyage sans fin au-delà du présent, qu’on pourra voir à la station Panama, sera conçue avec les ateliers Laurier Architectural, à Laurier-Station.

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Les artistes sélectionnés ont très peu travaillé dans l’espace public au cours de leur carrière. « Ce n’était pas notre mandat », précise Marie-Justine Snider. Mais ce n’est pas un hasard non plus.

C’est le temps pour de nouvelles voix et une diversité de points de vue. Et oui, ça fait partie de l’excitation de choisir des artistes qui avaient des défis à relever !

Marie-Justine Snider, conservatrice des collections d’art de la Caisse de dépôt et placement du Québec

C’est le cas du sculpteur David Armstrong VI, qui a été choisi pour le diptyque de la station Brossard, et qui vit l’expérience de l’art public pour la première fois. « Je suis tellement excité, tellement content », lance celui qui présente des expos au Canada et à l’international depuis 1997.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

David Armstrong VI, sculpteur

« Je ne pensais pas que c’était un rêve de faire de l’art public. Mais en ce moment, j’ai l’impression de vivre ce rêve. Je ne peux pas imaginer faire quelque chose qui me rende aussi heureux. »

Être associé au transport collectif est très significatif pour l’artiste montréalais originaire de Belleville, en Ontario, qui s’est inspiré de la symbolique du train et de tout son « potentiel » d’histoires et de rencontres pour créer Les passagers, deux très hautes sculptures de bronze qui se répondent et dont la forme change selon les points de vue.

« Ça ouvre le dialogue, c’est très magique. Je vais certainement passer beaucoup de temps à la station Brossard pour regarder les gens les regarder ! »

De son côté, c’est la notion de mouvement qui a inspiré le photographe Chih-Chien Wang pour la station Panama à Brossard, qui est située dans un secteur de la Rive-Sud qu’il connaît bien.

PHOTO FOURNIE PAR LA CDPQ

Chih-Chien Wang, photographe

Je suis très heureux de travailler sur ce projet. Quand je suis arrivé à Montréal, plusieurs de mes amis habitaient dans ce coin. Pendant des années, j’y suis allé chaque semaine pour acheter de la nourriture et les visiter.

Chih-Chien Wang, photographe

L’artiste d’origine taïwanaise, qui vit à Montréal depuis 20 ans et qui a reçu le prix Louis-Comtois de la Ville en 2020, a fait se superposer des photos de poussières avec des photos aériennes. L’œuvre intitulée Un voyage sans fin au-delà du présent passe ainsi de l’infiniment petit à l’infiniment grand, évoquant la transformation inhérente au déplacement.

« Qu’on parte de Brossard pour aller travailler ou étudier à Montréal, ou qu’on quitte son pays pour commencer une nouvelle vie dans un autre, chaque fois, on change notre façon de penser. »

Inauguration

Les deux œuvres de Brossard seront inaugurées au printemps et à l’été 2023, et celle d’Édouard-Montpetit, à la fin de 2024. En tout, une dizaine de stations du REM bénéficieront d’œuvres d’art permanentes intégrées, pour un budget de 7,3 millions. L’équipe de Marie-Justine Snider est encore en train de chercher les meilleurs emplacements pour les prochaines.

« Ce ne seront pas nécessairement des stations, ça peut être aussi des lieux. On cherche, on est comme des archéologues. On apprivoise le réseau, pour comprendre où ces œuvres vont vivre le mieux. »