Il s’agit de la première exposition d’envergure consacrée au photographe, qui s’accompagne de la publication d’un ouvrage comprenant sa biographie et 170 reproductions fidèles aux tirages d’époque.
« Cette exposition se trouve au cœur de nos célébrations du centenaire du musée », s’est félicitée Suzanne Sauvage, présidente et cheffe de la direction du musée McCord.
[L’exposition] vient reconnaître le travail de l’un des plus importants photographes de paysages au Canada.
Suzanne Sauvage
Le nom d’Alexander Henderson demeure une référence pour les historiens de la photographie, mais un rappel biographique s’impose pour les non-initiés. Né en Écosse en 1831, issu de la petite bourgeoisie terrienne, Henderson émigre à Montréal en 1855, où il habitera jusqu’à la fin de sa vie.
Le succès de ses premiers tirages le conduit à abandonner son métier de marchand commissionnaire pour ouvrir un studio de photographie, puis à sillonner les grands espaces du Québec et l’ouest du Canada pour saisir le charme de leurs paysages naturels. En plus de quelques rares tirages originaux, l’exposition présente plus de 250 reproductions des photographies d’Alexander Henderson, provenant essentiellement du fonds accumulé par le musée McCord au fil des années.
La nature canadienne en images
Excepté les quelques portraits réalisés par l’artiste, la majorité des œuvres présentées montrent des paysages naturels. Au cours de ses nombreux voyages, Henderson s’est rendu dans les principaux centres de villégiature du Québec et de l’Ontario, parcourant le plus souvent en canot d’écorce les rivières Blanche, Rouge, du Lièvre et d’autres cours d’eau réputés de l’est du pays.
Henderson est surtout un photographe de l’hiver, qui a transporté son matériel dans des conditions difficiles pour capter des vues hivernales à la profondeur saisissante. Les visiteurs pourront ainsi admirer le gel des chutes Montmorency et du Niagara, les embâcles sur le fleuve Saint-Laurent ou le mont Royal couvert de givre. Quelques photos permettent aussi d’admirer le centre urbain de Montréal et le parcours du chemin de fer canadien du Pacifique, pour lequel Henderson a travaillé à la fin de sa carrière.
Un photographe à la fibre artistique reconnue
Les photographies sont marquées par une grande maîtrise du cadrage, de la composition et de la lumière, Henderson allant jusqu’à ajouter des nuages au moment du tirage pour compenser la pâleur des ciels causée par le matériel photographique de l’époque.
Il est aussi beaucoup question de la dimension artistique de son œuvre, explique Hélène Samson, commissaire de l’exposition
Ce n’est pas seulement quelqu’un qui prend des photographies pour documenter ses souvenirs et ses voyages. Il y a chez lui une volonté de faire des œuvres d’art.
Hélène Samson
Alexander Henderson a notamment participé à la création de l’Art Association of Montreal, à laquelle succédera le Musée des beaux-arts de Montréal, contribuant dès les années 1860 à la reconnaissance artistique de la photographie.
Son style emprunte tantôt au romantisme, exprimant une fascination devant les beautés de la nature, tantôt au pittoresque, restituant l’impression de scènes prises sur le vif. Il a ainsi photographié des communautés de pêcheurs et de nombreux peuples autochtones, exprimant face à ces derniers un intérêt « exotique », qui traduit le regard colonial de la société canadienne de l’époque sur des communautés perçues comme vouées à disparaître.
À la fin de l’exposition, des photographies d’Henderson sont projetées en grand format. La conclusion tout en douceur d’une exposition marquée par la découverte. « On espère que les Québécois et les Québécoises auront un nouveau photographe dans leur univers », résume Hélène Samson. Gageons qu’avec cette exposition, l’œuvre d’Alexander Henderson et les paysages du Québec seront reconnus à leur juste valeur.
L’exposition Alexander Henderson — Art et nature est présentée au musée McCord du 10 juin 2022 au 16 avril 2023.
Consultez le site du muséeLe Musée McCord deviendra McCord Stewart
La fermeture du musée Stewart en février 2021 et le rapatriement des collections au musée McCord entraîneront un changement de nom dans ce musée de la rue Sherbrooke. À partir du 21 août prochain, le musée McCord portera la double appellation : McCord Stewart. La collection Stewart rassemble notamment 27 000 objets, documents d’archives et livres rares liés à la présence européenne en Nouvelle-France et en Amérique du Nord.