Icône de la peinture mexicaine, visage des luttes féministes et porteuse d’un récit tragique, Frida Kahlo a marqué le XXsiècle par ses œuvres. Depuis vendredi, les Montréalais sont invités à plonger dans son univers, dans le cadre d’une exposition biographique, immersive et unique en Amérique du Nord.

L’objectif des organisateurs de Frida Kahlo, la vie d’une icône était de permettre au visiteur de s’imprégner de l’univers de l’artiste – et c’est réussi. Composé de sept pièces distinctes, le parcours est parsemé d’éléments d’ambiance qui vous transportent au Mexique : fleurs, musique traditionnelle, crânes et animaux, mais également bougies et couleurs éclatantes.

On y laisse par ailleurs de côté les reproductions de tableau, pour mettre l’aspect biographique de l’avant. « Vous plongez vraiment dans sa vie », explique Rosa Monge, de la Frida Kahlo Corporation, qui a eu l’idée originale du design et de la composition de la galerie. « C’est une expérience différente [d’une exposition classique]. »

À certains endroits, le visiteur est invité à interagir avec son environnement. Il peut notamment se déplacer dans une petite pièce tapissée de miroirs, remplir un coloriage représentant l’artiste dans un café et enfiler un casque de réalité virtuelle.

Tout ça en suivant une trame qui mélange astucieusement les œuvres et le récit de vie dramatique de Frida Kahlo ; celle qui a vécu de 1907 à 1954 et qui est surtout connue pour ses autoportraits a contracté la poliomyélite à l’âge de 6 ans.

« C’est une icône qui représente le mouvement féministe », a expliqué à La Presse Monica Montano, du consulat général du Mexique à Montréal. « Elle était impliquée dans les arts, mais aussi en politique. »

Liberté et épanouissement

Mariée au peintre Diego Rivera, Frida Kahlo a elle-même peint la majorité de ses œuvres grâce à un miroir suspendu au-dessus de son lit, après avoir subi un grave accident d’autobus à 18 ans. Dans ses tableaux, elle a tendance à illustrer la souffrance qui la ronge quotidiennement, sous différentes formes.

Peu importe ce qui lui arrive, elle se rétablit. Elle représente la liberté et l’épanouissement, dans un contexte où on se bat encore pour les droits des femmes dans mon pays.

Monica Montano, du consulat général du Mexique à Montréal

Et c’est avec enthousiasme que les différents membres du projet ont présenté l’exposition aux médias, cette semaine, à l’Arsenal art contemporain. « Nous sommes excités. Elle [Frida Kahlo] est un emblème du Mexique », a souligné aux journalistes le consul général du Mexique à Montréal, Alejandro Estivill Castro. « Rien ne pourrait être plus satisfaisant que d’être présent ici aujourd’hui. »

Photo David Boily, LA PRESSE

Alejandro Estivill Castro, consul général du Mexique à Montréal

L’exposition originale, présentée à Barcelone, a attiré plus de 300 000 visiteurs. Et selon le designer espagnol Raül Pedroche, l’exposition montréalaise est d’une « parfaite qualité ».

Montréal devient la cinquième ville au monde à accueillir Frida Kahlo, la vie d’une icône, après Barcelone, Porto, Bruxelles et Tel-Aviv. La métropole a été sélectionnée parmi plusieurs candidates pour accueillir la première édition de l’expo en Amérique du Nord.

Les promoteurs de l’exposition ont mené un sondage en ligne auprès des amateurs d’art avant d’arrêter leur choix sur la métropole, a expliqué Barry Garber, qui endosse des rôles au développement et comme producteur associé. Montréal, qui a également accueilli des expositions immersives sur Van Gogh et Monet, a même suscité plus d’intérêt que New York, arrivé deuxième.

Exposition accessible

Pour l’équipe derrière l’exposition, pas question de seulement prioriser les amateurs de l’icône. Tout le monde peut y trouver son compte.

Photo David Boily, LA PRESSE

Barry Garber, producteur associé et responsable du développement de l’exposition

On veut que la visite soit aussi intéressante pour les gens qui ne connaissent rien sur elle que pour ceux qui sont très fans.

Barry Garber, producteur associé de Frida Kahlo, la vie d’une icône

Un objectif, en matière de visiteurs ? « C’est toujours un gamble, ça, sourit Barry Garber. Pour Van Gogh et Monet, on a reçu plus de 100 000 personnes, donc j’aimerais que ce soit au moins ça. Que ce soit similaire. Et j’ai un bon feeling. »

L’exposition doit se tenir jusqu’au 24 juillet, mais elle pourrait se poursuivre jusqu’à la fin de l’été si jamais la réponse des Montréalais dépasse les attentes.

Après l’Arsenal art contemporain, la biographie immersive sera présentée à Phoenix, Porto Rico, San Diego et New York, mais également à Sydney (Australie), en Allemagne et en France.

Consultez le site web de l’exposition