(Athènes) Le peintre grec Alekos Fassianos, connu pour ses personnages de la mythologie et du folklore grecs, s’est éteint dimanche à l’âge de 86 ans, a annoncé sa fille à l’AFP.

Alekos Fassianos, alité depuis plusieurs mois à son domicile de Papagou, dans la banlieue d’Athènes, est mort « dans son sommeil » des suites d’une longue maladie, a précisé Viktoria Fassianou.  

Le coloriste aux multiples talents a partagé sa vie entre la Grèce et la France, où il a étudié la lithographie à l’École nationale des Beaux-Arts et côtoyé écrivains et peintres, à l’instar de Louis Aragon, de Matisse et de Picasso qu’il admirait beaucoup.

« Toute l’œuvre de Fassianos, les couleurs qui remplissent ses toiles, les formes multidimensionnelles qui dominent ses peintures, respirent la Grèce », a réagi la ministre de la Culture Lina Mendoni, qui a salué dans un communiqué « l’un des principaux contemporains à avoir peint l’hellénisme ».

Il avait eu 86 ans le 25 octobre, mais il avait posé son pinceau en 2019, atteint d’une maladie dégénérative, avait-on appris à l’automne en rencontrant sa famille.

Sa fille qui préside la société Fassianos Estates et son épouse Mariza Fassianou avaient alors annoncé à l’AFP l’ouverture d’un musée à son nom à l’automne 2022 dans un vieil immeuble du centre d’Athènes, entièrement repensé par l’artiste avec son ami architecte Kyriakos Krokos.

« En équilibre entre réalisme et abstraction »

Le premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a rendu hommage dimanche soir au peintre et au poète, « toujours en équilibre entre réalisme et abstraction ».  

Fassianos « nous laisse un précieux héritage », a-t-il dit, confiant que l’artiste aux multiples talents avait appelé récemment à faire face à la pandémie avec « solidarité, amour et éducation ». Car « dans la plupart de ses créations, l’homme est à l’honneur ».  

Fassianos, qui avant Paris avait étudié à l’École nationale des Beaux-Arts d’Athènes, est connu pour ses toiles et lithographies, exposés à travers le monde, où l’on retrouve le cycliste qu’il croisait enfant en allant à la plage, la chevelure redressée par le vent telle que décrite dans ses lectures de la mythologie, les poissons de Kea, son île favorite, les vagues rondes comme dans l’Odyssée, l’oiseau aux ailes déployées, autant de signatures emblématiques de son œuvre.  

Dans la lignée de Matisse ou Picasso, Fassianos se défendait pourtant d’avoir été inspiré par un artiste plutôt qu’un autre et préférait se revendiquer de « 77 » influenceurs, selon son épouse.  

Refusant toutes les contraintes, Fassianos traçait, sans ombre ni perspective, ses personnages puisés dans la mythologie, l’art byzantin ou naïf.  

« La grécitude » en inspiration

De Paris à Munich, de Tokyo à Sao Paolo, les œuvres de Fassianos ont fait le tour du monde. Elles peuvent être vues notamment au musée d’art moderne de Paris, à la fondation Maeght ou à la pinacothèque d’Athènes.

La France, sa seconde patrie, lui a remis la distinction d’Officier de la Légion d’honneur et de Commandeur de l’ordre des Arts et Lettres, remise à Athènes en 2020.

Mais « la grécitude a toujours été son inspiration, de la mythologie à la Grèce contemporaine », déclarait sa femme.  

« Il a toujours cru qu’un artiste doit créer avec ce qu’il connaît », observait-elle. Il disait : « ce que je connais c’est la Grèce, le ciel est bleu, alors je peins en bleu, je connais les îles grecques, la mer, les vagues… ».

Lors d’une visite de son domicile par l’AFP, sa fille avait expliqué qu’il avait tout créé dans sa maison.  

« Tout a été conçu et créé par lui, à la main, petit à petit comme un petit paradis », disait-elle en désignant fièrement les tringles à rideaux, les vitres ornées d’un soleil en fer forgé, les mosaïques au sol ou encore la rampe d’escalier en feuilles de bambou sculptées.  

Fassianos travaillait à même le sol ou griffonnait sur le coin d’une table. Et « il détruisait ce qu’il n’aimait pas », soupirait sa femme, « je pleurais, mais il savait mieux que moi ce qu’il fallait garder ».