Une entente à l’amiable – dont la teneur n’a pas été divulguée – a été conclue entre le Musée des beaux-arts de Montréal et son ex-directrice générale et conservatrice en chef Nathalie Bondil, qui avait poursuivi, en 2020, le président du conseil d’administration du musée, Michel de la Chenelière, ainsi que les 21 membres du C.A., réclamant 1 million en dommages moraux et 1 million en dommages-intérêts punitifs.

Congédiée par le C.A. du MBAM le 14 juillet 2020, Nathalie Bondil demandait que les 22 administrateurs du musée soient condamnés à lui verser des dommages « pour atteintes illicites et intentionnelles portées à ses droits fondamentaux de sauvegarde de sa dignité, de son honneur et de sa réputation », pouvait-on lire dans le document légal.

Dans sa poursuite, l’ex-dirigeante du musée affirmait que les administrateurs « ont orchestré, mené et continuent de mener, intentionnellement, une campagne de salissage et de destruction de [sa] réputation dans le seul but de masquer la véritable raison qui les ont poussés à [la] congédier, soit le refus d’entériner publiquement le processus irrégulier qui a mené à l’embauche de la directrice de la conservation du MBAM [Mary-Dailey Desmarais] ».

Depuis, les avocats de Mme Bondil et ceux du C.A. du MBAM étaient en discussion pour éviter un procès. Vendredi, le MBAM a annoncé dans un communiqué une « entente entre Madame Nathalie Bondil et des membres et anciens membres du conseil d’administration du Musée des beaux-arts de Montréal ». Le communiqué contient un certain nombre de mises au point.

Il affirme qu’« à l’automne 2019, saisi d’allégations sérieuses concernant la dégradation du climat de travail, le conseil d’administration du Musée des beaux-arts de Montréal a retenu les services d’une firme indépendante et spécialisée pour analyser la situation. Bien que le rapport produit par cette firme ait dressé un certain nombre de recommandations afférentes au climat de travail, Madame Bondil, pour sa part, n’était pas visée personnellement par quelque allégation de harcèlement contenue dans la plainte et elle souhaitait, tout comme le CA du Musée, que cette situation soit réglée ».

Le communiqué poursuit en indiquant : « Quoiqu’en désaccord avec l’approche de Madame Bondil quant à la gestion de cette situation, le CA du Musée ne remettait pas en cause, par ailleurs, son professionnalisme et son engagement profond et sincère envers le Musée. Le CA du Musée note que pendant la période en question, qui coïncidait avec la gestion de crise liée à la pandémie, Madame Bondil a travaillé sans relâche pour protéger l’institution et sécuriser les emplois. »

Le MBAM « remercie Madame Bondil pour les réalisations artistiques importantes qu’elle a accomplies avec les équipes remarquables qu’elle dirigeait pendant les nombreuses années qu’elle a consacrées au Musée, dont notamment le développement majeur des collections, le rayonnement international des expositions, les expansions du pavillon d’art québécois et canadien en 2011, du pavillon pour la Paix en 2016, l’aile du Tout-Monde en 2019 ainsi que le développement exceptionnel des actions éducatives, sociales, inclusives et thérapeutiques. Le Musée est convaincu que Madame Bondil continuera à faire profiter de ses talents les amateurs d’art, notamment à l’Institut du monde arabe à Paris ».

De son côté, Nathalie Bondil s’exprime dans le communiqué en rappelant qu’elle a été profondément « attachée aux Montréalais et Montréalaises ». Elle « remercie le Musée des beaux-arts de Montréal et toutes ses équipes, la Ville de Montréal, le Québec et le Canada pour leur soutien durant tant d’années. Bien qu’ayant été profondément blessée, je sais que cette situation a été également difficile pour toutes les parties impliquées, notamment pour les employés du Musée. Je souhaite pour le futur le meilleur des succès au Musée des beaux-arts de Montréal : Merci pour toutes ces années extraordinaires ».

Le MBAM et Mme Bondil ont décidé de ne pas accorder d’entrevue, notamment à propos des termes financiers de l’entente. De nationalité canadienne et française, Nathalie Bondil, qui habite aujourd’hui Paris, y connaît un rayonnement professionnel satisfaisant.

En mai dernier, elle est devenue directrice du Département du musée et des expositions à l’Institut du monde arabe. Deux mois plus tard, elle a été nommée par la ministre française de la Culture, Roselyne Bachelot-Narquin, présidente du Conseil artistique scientifique et culturel de la Cité de la céramique – Sèvres et Limoges. Créée en 2010, cette institution prestigieuse réunit la Manufacture de porcelaine de Sèvres, le Musée national de céramique et le Musée national Adrien Dubouché, de Limoges.