(Québec) On connaît André-Philippe Côté pour sa couverture éditoriale de l’actualité dans Le Soleil (depuis 1997), pour sa participation comme illustrateur à la populaire revue d’humour Safarir ou pour sa bédé Baptiste. On est moins au fait de ses dessins de science-fiction, fantastiques ou étranges, ou encore de sa peinture qu’il développe surtout depuis 2014. Et on n’avait encore jamais vu ses créations de jeunesse réalisées dans le sous-sol de chez ses parents, des œuvres qu’il a retrouvées récemment.
« Elles étaient dans mes tiroirs depuis 50 ans ! dit l’artiste rencontré à la galerie Alexandre Motulsky-Falardeau. Heureusement que je les ai sorties, car elles étaient en train de s’abîmer. »
Quelques œuvres exposées
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PHOTO FOURNIE PAR L’ARTISTE
Le cheval qui vêle, 1974
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Plexus, 1977
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Kafka, 1983
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Le crâne, 1984
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Rêve de chasseur, 2016
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La vague bleue, 2021
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PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE
L’énigme (fragment), 2021
Certains de ses dessins font penser à des estampes de Louis-Pierre Bougie. Pas étonnant. André-Philippe Côté aimait beaucoup le graveur montréalais disparu au début de l’année.
On retrouve aussi d’anciennes caricatures, réalisées à l’encre à la fin des années 90. Avec notamment son bon vieux psy, le Docteur Smog. Et des sujets moins drôles, comme sa couverture du 11 septembre 2001 ou les violences policières au Sommet des Amériques, à Québec, la même année.
Désormais, André-Philippe Côté travaille sur ordinateur pour ses caricatures. Le côté artisanal à l’encre lui manque-t-il ? « C’est ce qui fait que je suis attiré maintenant par la peinture, dit-il. Pour le lien physique avec les couleurs. »

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Une caricature récente d’André-Philippe Côté
L’artiste de 66 ans est encore très exigeant. Il raconte avoir détruit plusieurs œuvres dont il n’était pas satisfait. « Je repeins dessus dans ces cas-là ! », dit-il. Ces dernières peintures, de 2021, sont étonnantes. D’abord, il y a sa série avec des oiseaux. Et une façon de les placer qui donne à l’œuvre un caractère tant figuratif qu’abstrait.
« Je compose d’abord le tableau de façon abstraite et ensuite j’introduis les oiseaux, dit-il. Mais je ne suis pas ornithologue. Je ne voulais pas faire du naturalisme avec l’oiseau dans son environnement. »

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Les oiseaux du paradis, 2021, acrylique, 101 x 76 cm
Ces œuvres font indéniablement penser à Riopelle. « C’est vrai qu’il y a un petit hommage à Riopelle dans ce travail », dit André-Philippe Côté.
J’ai d’ailleurs fait un tableau dans cette série que j’ai vendu et que j’avais appelé Hommage à Riopelle. C’était seulement des oiseaux de mer, comme des cormorans et des fous de Bassan.
André-Philippe Côté
Et puis, il a accroché ses peintures de mises en scène, dans le style de celles exposées à la galerie Artgang, à Montréal, en 2017. Des œuvres avec beaucoup de personnages. Qui se prennent en autoportrait ou qui sont rassemblés, comme dans le très beau tableau La foule bleue ou dans la mystérieuse toile L’énigme, où des oiseaux morts sont suspendus au-dessus d’aînés en train de jaser.
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PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE
Les finissants, 2017, acrylique, 92 cm x 101 cm
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PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE
La foule bleue, 2021
On a bien aimé également son acrylique sur le renommé bar de Québec, le Fou-bar, qui rappelle de bons souvenirs tant à l’artiste qu’à l’auteur de ces lignes ! Et son encre, aquarelle et gouache, très fouillée, Le crâne, de 1984. L’époque où il s’intéressait à la science-fiction. « C’était très agréable à dessiner, dit-il. Car on peut inventer sans contraintes. »

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Une page de Safarir signée André-Philippe Côté
André-Philippe Côté sortira en avril prochain une compilation de sa bédé Baptiste. Il continue inlassablement de créer, adorant toujours autant son métier de caricaturiste, avec cette passion qu’il a pour l’art de traduire nos faits et gestes avec humour et sensibilité. Il reconnaît toutefois qu’il a tendance à abuser des capacités de son corps.

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Le clochard Baptiste, personnage philosophe d’André-Philippe Côté
« Je n’arrête pas, c’est vrai. Ce qui m’arrête, ce sont les problèmes physiques. Les maux de dos. J’ai des injections de cortisone dans le dos et dans la main plusieurs fois par année. Sinon, j’ai une bonne santé ! »
André-Philippe Côté à la galerie Alexandre Motulsky-Falardeau, 1, Côte de Dinan, Québec, jusqu’au 2 janvier.