Les racines
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PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE
Berirouche Feddal dans son atelier du quartier Hochelaga-Maisonneuve
De son vrai nom kabyle, Vrirouc nat uqassi, Berirouche Feddal est arrivé avec sa famille au Québec en 2007. Né en Algérie en 1996, il a étudié les arts imprimés à Concordia. Son père lui a légué son amour pour la culture kabyle, les arts, l’histoire et la poésie. Sensible, Feddal a beaucoup d’empathie pour les autres. « Je vis beaucoup de douleur à l’intérieur de moi car, par exemple, quand des autochtones vivent une douleur, je vais la ressentir comme si c’était mon peuple. Pareil pour les Palestiniens. Je me sens concerné et parfois, indigné. Comme Canadien et comme Kabyle. » Sa peinture, ses sculptures, ses dessins, ses installations, ou encore sa poésie, s’en ressentent. Amant de la fragilité, il vient de commencer des cours de verre soufflé. « Pour la puissance de l’expression du verre », dit-il.
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Dans son atelier, près de sa table de travail, Berirouche a placé une photo de son père, Madjid Feddal, à l’âge de 23 ans.
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Après le mariage le paradis, 2020, Berirouche Feddal, huile sur bois, découpe laser, 2,03 m x 1,40 m. Le quartier de son enfance.
Très productif, Berirouche Feddal a déjà montré son travail à la galerie Laroche/Joncas, mais aussi à Toronto, chez Mayten’s (où il exposera de nouveau en février 2022), à la galerie FOFA de Concordia et à la maison de la culture de Rivière-des-Prairies. « Bérirouche a présenté chez nous une exposition très forte, très actuelle et éclectique », dit le galeriste André Laroche. L’artiste prépare aussi, en ce moment, un diplôme de gestion des organisations culturelles à HEC Montréal.
L’atelier
Quand nous sommes arrivés dans son atelier, Berirouche Feddal travaillait sur sa série Les martyrs qu’il aurait dû finir en 2019-2020. La pandémie en a décidé autrement. « C’est un projet sur le Printemps berbère qui a eu lieu en Algérie et a entraîné la mort de 129 personnes tuées par l’armée lors de manifestations », dit-il. Dans son atelier, il dessine et peint en repensant à ses lectures et expériences de vie. Il dit laisser ses connaissances imprégner son art. « Pour le faire respirer, dit-il, car j’ai besoin d’être vivant, tout comme l’art est vivant. »
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Berirouche Feddal enroulé dans un tapis de sa grand-mère qui vit en Algérie
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Travail préparatoire pour sa série Les martyrs
Berirouche Feddal utilise des couleurs vives pour parler de violence. Surprenant ? « Non, c’est pour attirer le regard des gens, pour les inciter à lire les cartels ou à parler au galeriste ou à l’artiste afin de comprendre qu’il y a une douleur derrière ces couleurs. » À qui doit-il ses choix et arrangements de couleurs ? Il répond sans hésiter : « Mes profs Pierre Pastriot et Lise Boisseau, du cégep Marie-Victorin. » Avant de donner aussi un crédit à sa grand-mère kabyle qui a fabriqué bien des tapis et des couvertures colorés à partir de linges recyclés.
Les inspirations
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PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE
Une œuvre de la série Pouvoir assassin. Le masque mortuaire du chanteur kabyle Matoub Lounès, assassiné en 1998.
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Mouloud Feraoun, 2019, acrylique et pastel à l’huile, 20 po x 25 po
La Kabylie est sa principale inspiration. Il peint les artistes kabyles qui l’ont marqué ou ont été assassinés en Algérie. « Mes œuvres partent toujours d’un souvenir, dit-il. Quand j’étais jeune, j’ai été hanté par une vidéo de Matoub Lounès [chanteur kabyle assassiné en 1998, officiellement par des islamistes]. Son corps déchiré avait été exhibé, comme le veut la tradition. Ça m’avait traumatisé. C’est comme ça qu’est née ma série Pouvoir assassin, le slogan que criaient les gens après la mort de Matoub Lounès. »
Dans son atelier, une œuvre frappe. Un dessin de Mouloud Feraoun, écrivain algérien d’expression française assassiné par l’organisation d’extrême droite OAS pendant la guerre d’Algérie, en 1962. Un hommage bien senti à l’homme de lettres. Berirouche Feddal s’inspire également d’œuvres préexistantes, telles des œuvres orientalistes libres de droits. « Je suis tombé sur des sites d’impression d’œuvres devenues commerciales, je m’intéresse beaucoup à la contrefaçon et parfois, j’ai envie de redonner un autre univers, une autre vie à une œuvre. »
Visitez le site de Berirouche FeddalLes collaborations
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PHOTO KARENE-ISABELLE JEAN-BAPTISTE, COLLABORATION SPÉCIALE
Berirouche Feddal à la quatrième exposition Artch, en septembre dernier
Berirouche Feddal a participé, en septembre dernier, à la quatrième édition d’Artch, l’évènement d’art contemporain émergent, au square Dorchester. Il en était l’adjoint à la programmation, mais aussi un résidant artistique, grâce à une bourse du Conseil des arts de Montréal. Il y a vendu presque toutes ses œuvres.
Collaborer, rencontrer, communiquer. Tout ça le passionne. Il a travaillé au cours des derniers mois avec l’artiste d’Edmonton Preston Pavlis, représenté par la galerie Bradley Ertaskiran. « J’aime la façon dont il lance de la poésie sur un tableau, comment il brode sur sa toile », dit Berirouche Feddal. « J’ai envie de faire des performances avec d’autres artistes, ajoute-t-il. Notamment autochtones ou haïtiens. Qu’on se mette des symboles sur le corps ! Qu’on fasse de la poésie ensemble. Pour s’exprimer, pour partager et enrichir nos démarches. J’ai envie aussi d’apporter du soutien, même de devenir agent culturel un jour. Pourquoi pas ? »
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PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE
Opération recensement no 1, 2021, huile sur papier, pastel à l’huile et crayons de bois, 36 1/4 po x 45 1/4 po
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Une œuvre de la série Pouvoir assassin
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PHOTO FOURNIE PAR L’ARTISTE
The criminal Artist, no 3, sérigraphie, tissus, feuille d’or et pastel à l’huile. Inspiré de la peinture The Moorish Smoker, de Gyula Tornai, dans le cadre d’un projet artistique sur la contrefaçon.
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PHOTO FOURNIE PAR L’ARTISTE
Les souvenirs volés no 14, 2021, triptyque, gravures sur bois, pigment et pastel à l’huile. Galerie Mayten’s, Toronto.
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PHOTO FOURNIE PAR L’ARTISTE
Où sont les femmes parmi tous ceux qui fument ?, 2021, huile sur toile non tendue et tissus, 76 po x 41,5 po
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PHOTO FOURNIE PAR L’ARTISTE
Berirouche Feddal pendant son cours de verre soufflé
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PHOTO KARENE-ISABELLE JEAN-BAPTISTE, COLLABORATION SPÉCIALE
Sa dernière œuvre comprend une table de baby-foot avec, à l’intérieur, une peinture de portraits de footballeurs kabyles.
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PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE
« Comme la vérité sort de la bouche des enfants, je vais utiliser ces kaléidoscopes pour énoncer des sujets tabous, comme les viols durant les guerres ou l’homosexualité. Des couleurs pour intéresser et transmettre un peu de l’histoire de l’art. »