(Granby) Une aide financière de dernière minute directement venue du ministère de la Culture et des Communications a permis de résoudre l’épineux dossier de la conservation de la murale d’Alfred Pellan représentant St-Patrick. Le conseil municipal de Granby a donc résolu, lundi soir, de revenir sur sa décision et de donner le mandat au Centre de conservation du Québec d’extraire la mosaïque en vue de l’entreposer.

À la suite de l’échec de la vente aux enchères de l’œuvre, le 13 mars dernier, et alors que tout pointait vers sa démolition en même temps que l’immeuble qui l’accueille, La Presse Canadienne révélait que le cabinet de la ministre de la Culture et des Communications (MCC), Nathalie Roy, « se tenait prêt à intervenir ». À peine deux semaines plus tard, c’est chose faite. Le ministère a débloqué 50 000 $ pour aider la Ville de Granby à protéger la murale.

Au cabinet de Mme Roy, on confirme que l’aide provient des fonds du ministère et non pas d’une quelconque enveloppe discrétionnaire. On explique que le dossier a rapidement capté l’attention et que le tout s’est réglé très facilement.

Du côté de la Ville de Granby, le maire Pascal Bonin dit avoir eu des échanges à ce sujet, il y a quelques semaines, avec le député de Granby, François Bonnardel, qui occupe aussi les fonctions de ministre des Transports et de ministre responsable de la région de l’Estrie. Ce dernier aurait joué le rôle de facilitateur pour assurer la collaboration des parties entre sa collègue Nathalie Roy et la municipalité.

« Il s’est fait le porte-parole de la volonté de la population locale et s’est assuré que la ministre ait l’ensemble des informations dans le dossier. Il a joué le rôle auquel on s’attend d’un député », a décrit l’attaché de presse de M. Bonnardel, Marc-André Morency.

Le maire Bonin explique avoir reçu la confirmation de l’aide de Québec directement de la bouche de François Bonnardel lundi, quelques heures avant la réunion du conseil municipal. C’est ce qui a conduit à l’adoption d’une résolution en faveur de la conservation de la murale. Granby devrait injecter environ 30 000 $ de plus pour financer l’opération.

Selon un rapport d’expertise rédigé par la restauratrice Myriam Lavoie, du Centre de conservation du Québec, les coûts pour le prélèvement de l’œuvre sont estimés à 56 095 $. Des frais vont ensuite s’ajouter pour un entreposage adéquat.

On en revient donc à la position de départ dans tout ce feuilleton puisque lors de l’annonce de la démolition du 142, rue Dufferin, l’ancienne école St-Patrick qui abrite aujourd’hui les locaux de la MRC de la Haute-Yamaska, la Ville devait protéger la murale signée Pellan. Toutefois, à la suite d’une évaluation des coûts, le prix estimé avait été jugé trop élevé par les élus municipaux.

Face au risque de perdre cet objet patrimonial, de nombreux citoyens, le comité « Ma ville, mon patrimoine » ainsi que la Société d’histoire de la Haute-Yamaska ont tenté de mobiliser l’opinion publique pour protéger la mosaïque de céramique.

Sans l’intervention de la ministre Nathalie Roy, tout indique que l’œuvre aurait été vendue à Hydro-Québec. La société d’État avait déposé l’offre la plus généreuse, chiffrée à 25 000 $, dans le but de déménager la murale dans le futur parc du Monument irlandais de Montréal. Le St-Patrick de Pellan aurait été intégré à ce lieu en hommage aux quelque 6000 victimes de l’épidémie de typhus qui fuyaient la famine en Irlande en 1847.

Relais au prochain conseil

Il est déjà connu que le maire Pascal Bonin n’a pas l’intention de solliciter un nouveau mandat à l’automne, il passe donc le relais au prochain conseil municipal pour la suite des choses. La restauration de l’œuvre, un processus délicat, entraînerait des coûts supplémentaires estimés entre 50 000 $ et 65 000 $ d’après le Centre de conservation du Québec.

Puis, il resterait à déterminer où remettre la murale en valeur. De l’avis de M. Bonin, il faudrait lui trouver une place à l’intérieur afin de la protéger contre la dégradation.

En toute humilité, le maire de Granby reconnaît s’être trompé et ne jamais avoir vu venir la vague d’appui pour l’œuvre de Pellan. « J’ai rarement vu une œuvre aussi anonyme devenir aussi populaire que ça ! », s’étonne-t-il encore. « Avant la série d’articles sur l’œuvre de Pellan, si j’avais visité cent maisons, je ne suis pas sûr que j’en aurais eu cinq où on aurait pu me dire où elle était et ce que c’était. »

Lui-même dit n’avoir entendu parler de la murale qu’une seule fois, en 2013, dans un questionnaire soumis aux candidats à la mairie afin de savoir s’ils connaissaient bien leur ville. Le tout se termine donc sur une note positive puisqu’il aura permis de faire connaître une œuvre oubliée.