On aurait pu penser que les galeries d’art les plus jeunes seraient tombées au combat avec la COVID-19. Au contraire ! Ouverte en 2013, la galerie Youn révèle que la valeur de ses ventes en 2020 équivaut quasiment au triple de celle de l’année précédente. À titre d’exemple, toutes les œuvres de Peter Chan exposées l’automne dernier ont été vendues.
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Des œuvres exposées à la galerie Robertson Arès
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PHOTO FOURNIE PAR LA GALERIE ROBERTSON ARÈS
Trois œuvres du corpus Fake Abstract de l’artiste espagnol Lino Lago, toutes vendues par Robertson Arès en 2020
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PHOTO FOURNIE PAR ROBERTSON ARÈS
Vintage Bouquet (white flowers), Emily Filler, 2020, techniques mixtes sur toile, 60 po x 60 po
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PHOTO FOURNIE PAR ROBERTSON ARÈS
Trois acryliques (avec pâte à modeler, médium lustré et vernis sur lin), de 24 po x 20 po, réalisées en 2020 par Ryan Crotty, un des artistes américains représentés par la galerie Robertson Arès
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PHOTO FOURNIE PAR LA GALERIE ROBERTSON ARÈS
La copropriétaire de la galerie Robertson Arès, Emily Robertson, près de deux œuvres : à gauche, de Ryan Crotty (Nebraska) et, à droite, de Gibbs Rounsavall (Kentucky)
La galerie Robertson Arès, ouverte en 2019, a elle aussi fait de très bonnes affaires. « Les ventes ont été meilleures pendant la pandémie, dit sa copropriétaire, Emily Robertson. Pour notre deuxième année, elles sont 30 % au-dessus de nos prédictions. »
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« Depuis le début de la COVID-19, les ventes ont été exceptionnelles pour nous, indique pour sa part le galeriste Yves Laroche. Grâce à mes gros clients et à mon “jeune », Alexis, qui en a trouvé de nouveaux, 2020 a été une année de rêve. »
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À Québec, Anne D’Amours Mc Donald, fondatrice de la Galerie.a, a senti « une vague de soutien ». « La galerie a dépassé ses projections financières et a bien profité des foires virtuelles, moins dispendieuses à produire et qui engendrent de meilleures marges de profit, dit-elle. Ces évènements numériques ont été une bouée de sauvetage. »
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PHOTO FOURNIE PAR LA GALERIE HUGUES CHARBONNEAU
Chinese Kingfisher Silver Ornaments Collection, 2013-2020, Karen Tam, aluminium, plumes de coq chinois, fil de fer, perles, strass.
La galerie d’Hugues Charbonneau a elle aussi fait des profits conséquents. « En pleine pandémie, la plupart du temps dépeignés et habillés en “mou”, les artistes et les employés de la galerie ont travaillé d’arrache-pied et nous ont permis d’atteindre en 12 mois les objectifs qu’on s’était fixés pour les cinq prochaines années », dit le galeriste du Belgo.
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Chez PFOAC, on a aussi été « agréablement surpris » par la vivacité du marché en 2020. « L’année nous a amenés à repenser la façon de diffuser les créations de nos artistes et de mieux faire connaître notre espace », dit Pierre-François Ouellette, propriétaire de la galerie de la rue Rachel.
Pour La Guilde, qui diffuse de l’art contemporain autochtone, 2020 a généré de bons résultats avec plus de 300 ventes, dont 23 œuvres acquises par des institutions, et l’arrivée de 40 nouveaux artistes.
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PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE
Œuvre du peintre montréalais Trevor Kiernander exposée chez Art Mûr en décembre dernier
Art Mûr aussi s’en est bien tirée. « La galerie a bien surfé sur les différentes vagues, dit le copropriétaire Rhéal Olivier Lanthier. Nous avions quelques avantages. Premièrement, la galerie a 25 ans d’existence. Deuxièmement, on est propriétaires de nos lieux de diffusion. Troisièmement, on a développé une stratégie de mise en marché par l’internet, ce qui nous a été très utile. Seulement en janvier, nous avons réalisé plus de 40 000 $ de ventes en ligne, principalement sur le marché européen et américain. »
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La galerie Patrick Mikhail a excellé quand le premier confinement a été interrompu. « Jusqu’en septembre, nous vivions la meilleure des 15 années d’existence de la galerie », dit M. Mikhail, ajoutant que juin a été un bon mois grâce à la foire Papier. Puis, presque toutes les œuvres d’Antonietta Grassi exposées durant l’automne ont été vendues. Mais le reconfinement de l’hiver a été durement ressenti. « Juste en janvier, j’ai dû perdre 40 000 $ », dit-il.
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Le dynamisme en ligne de la galerie C.O.A a sauvé ses meubles. « Nous avons gardé à peu près les mêmes chiffres de vente [qu’en 2019], dit son propriétaire, Jean-Pascal Fournier. Par contre, nos ventes locales ont augmenté. Avant, nous vendions 85 % à l’international et 15 % localement. Depuis le début de la pandémie, on vend 40 % localement et 60 % sur la scène internationale. »
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IMAGE FOURNIE PAR LA GALERIE DURAN | MASHAAL
Breathe Until I Evaporate, 2020, Erin Armstrong, acrylique sur toile, 40 po x 40 po
La galerie Duran | Mashaal s’est aussi tirée d’affaire avec la Toile. « Nous avons eu un certain succès, dit son directeur, Andrés Duran. Avec une grosse percée sur le marché asiatique. Nos ventes ont été meilleures en 2020 qu’en 2019, bien que nous ayons été fermés durant presque trois mois. » La galerie a vendu toutes les œuvres du prodige britannique Charlie Oscar Patterson, pour sa première expo sur le continent. « Nous avons une liste d’attente pour ses œuvres », dit M. Duran, qui cite également la Torontoise Erin Armstrong comme un de ses gros succès de 2020.
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PHOTO FOURNIE PAR LA GALERIE BRADLEY ERTASKIRAN
Summer’s Eve and Scraps, huile sur toile de Jane Corriganm, artiste qui a eu bien du succès en 2020, indique Antoine Ertaskiran, tout comme Jessica Eaton, Nicolas Grenier, Luce Meunier, Erin Shirreff, Dawit L. Petros, Shaan Syed, Janet Werner et Julia Dault.
La galerie Bradley Ertaskiran est aussi satisfaite. « Avec des résultats au-dessus de nos attentes, dit Antoine Ertaskiran. Nous sommes fiers des réalisations et avancées qui se sont concrétisées, au Québec, au Canada et à l’international grâce à notre participation à des foires telles que The Armory Show, Frieze New York ou NADA Miami. »
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Chez Laroche Joncas, le peintre « phénomène » Dan Brault a mis du beurre dans les épinards de la galerie ! « Il nous a permis de rembourser nos marges de crédit assez proches des maximums, dit André Laroche. On a aussi décidé d’aller sur le site transactionnel Artsy, ce qui a permis quelques ventes. »
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De son côté, Ellephant a profité de 2020 pour rénover et créer une troisième salle d’exposition. La galerie a eu de belles ventes pour des musées, notamment le Musée national des beaux-arts du Canada, le Musée des beaux-arts de Montréal et la prestigieuse Carl & Marilynn Thoma Art Foundation, aux États-Unis.
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IMAGE FOURNIE PAR MARK LIEBNER
Refugee Boat, 2020, Daniel Barkley, acrylique sur toile, 48 po x 48 po
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IMAGE FOURNIE PAR MARK LIEBNER
Triumph of Bacchus II, 2020, Daniel Barkley, acrylique sur toile, 60 po x 60 po
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IMAGE FOURNIE PAR MARK LIEBNER
Prisme-quatre, 1999, Jean-Paul Jérôme, acrylique sur toile, 61 cm x 61 cm
La galerie d’Este a fermé en octobre 2020, mais son propriétaire, Mark Leibner, a créé un site à son nom pour poursuivre ses activités. Il organise des expos pop-ups. Celle de Daniel Barkley, en novembre, a bien fonctionné, dit le galeriste, qui vend également des peintures de Jean-Paul Jérôme.
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Julie Lacroix, directrice générale de l’Association des galeries d’art contemporain, se réjouit des résultats que la plupart des galeries québécoises ont enregistrés en 2020. Mais elle rappelle qu’une récession s’en vient et que la classe moyenne, les institutions et les entreprises risquent de couper quelque part. L’art pourrait en faire les frais.
« En 2020, les entreprises et les particuliers ont eu droit à des aides, les amateurs d’art n’ont pas dépensé pour plein de choses et ont pu acheter des œuvres, mais, publiquement, on s’est beaucoup endettés, dit-elle. Les contrecoups n’ont pas encore été ressentis. En 2021 et 2022, la réalité va être différente. On a certaines craintes… »