L’artiste iranienne Anahita Norouzi et l’illustrateur montréalais Clément de Gaulejac sont les lauréats 2021 des deux bourses de création et de recherche offertes par la Fondation Grantham pour l’art et l’environnement. Deux expositions et une publication découleront de leurs résidences, l’été prochain, à Saint-Edmond-de-Grantham.

Les deux artistes ont été choisis par le comité scientifique de la Fondation Grantham, dirigé par Johanne Lamoureux, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en muséologie citoyenne. D’un montant de 10 000 $, la bourse de création en résidence a été accordée à Anahita Norouzi, une Iranienne de 37 ans qui a fait des études en arts visuels et en français à Concordia et qui fait des allers-retours réguliers entre Montréal et Téhéran.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Piloté par Johanne Lamoureux, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en muséologie citoyenne, le jury d’attribution des résidences réunissait cette année l’artiste Sophie Bélair-Clément, Jean-François Bélisle, directeur du Musée d’art de Joliette, Suzanne Paquet, directrice du Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de l’ Université de Montréal, et la commissaire Bénédicte Ramade, spécialiste des enjeux de l’anthropocène.

Anahita Norouzi s’intéresse aux questions d’identité et aux phénomènes de migration et a créé également des œuvres qui reflètent l’Iran contemporain, d’un point de vue culturel et politique. Elle expose en ce moment, virtuellement, à la galerie de l’UQAM, une œuvre qui aborde la question des migrants.

PHOTO FOURNIE PAR L'ARTISTE

L'artiste Anahita Norouzi partage son temps entre l'Iran, son pays d'origine, et Montréal.

L’environnement est aussi au cœur de sa pratique. Pour sa résidence, elle explorera, avec Displaced Garden, les relations entre les humains, les végétaux et les lieux, une idée qui lui est venue en arpentant les rues de Montréal et en reconnaissant des plantes déjà observées en Iran. Un travail qui découle aussi de son corpus Other Landscapes, sur la mémoire, avec des objets choisis par des réfugiés pour évoquer leur vie antérieure.

Quelques œuvres d’Anahita Norouzi
  • Une œuvre du corpus Other Landscapes, une installation multimédia réalisée en 2020 par Anahita Norouzi

    PHOTO FOURNIE PAR ANAHITA NOROUZI

    Une œuvre du corpus Other Landscapes, une installation multimédia réalisée en 2020 par Anahita Norouzi

  • Une œuvre du corpus Other Landscapes, une installation multimédia réalisée en 2020 par Anahita Norouzi

    PHOTO FOURNIE PAR ANAHITA NOROUZI

    Une œuvre du corpus Other Landscapes, une installation multimédia réalisée en 2020 par Anahita Norouzi

  • Une œuvre en verre faisant partie du corpus Other Landscapes, une installation multimédia réalisée en 2020 par Anahita Norouzi

    PHOTO FOURNIE PAR ANAHITA NOROUZI

    Une œuvre en verre faisant partie du corpus Other Landscapes, une installation multimédia réalisée en 2020 par Anahita Norouzi

  • Détail de l’installation multimédia They Are Neither Dead nor Alive, réalisée par Anahita Norouzi en 2018-2019

    PHOTO FOURNIE PAR ANAHITA NOROUZI

    Détail de l’installation multimédia They Are Neither Dead nor Alive, réalisée par Anahita Norouzi en 2018-2019

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La migration humaine s’accompagne d’une migration végétale dans l’histoire. Un parallèle qui montre que les humains, comme les plantes, s’adaptent ou non au climat et aux conditions locales d’existence.

Anahita Norouzi estime que les plantes poursuivent leur destinée loin de leur lieu d’origine, avec une résilience similaire à celle des êtres humains.

Elle travaille sur les végétaux importés, notamment ceux considérés comme nocifs par l’Agence canadienne d’inspection des aliments. « Des plantes ornementales ont colonisé certaines régions du Canada, dit-elle, alors c’est intéressant de considérer comment l’intervention humaine peut être positive pour une plante dans un premier temps avant de ne plus l’être. »

Après avoir commencé son projet à l’échelle de Montréal, l’artiste élargira son étude au Québec lors de sa résidence. « Pour montrer comment cette migration a changé la biodiversité de la région du Québec tout entière », dit-elle. À la fin de sa résidence, Anahita Norouzi présentera une installation avec des photos, des sculptures en verre, des vidéos, des cartes, des textes et des spécimens botaniques. Elle compte aussi organiser des discussions de groupes sur ces questions.

Clément de Gaulejac

L’artiste Clément de Gaulejac s’est vu accorder la bourse de recherche de 5000 $. Les questions d’environnement sont aussi au centre de son art et de ses engagements. Habité par l’image autant que par les mots et les idées, il s’exprime par l’illustration, des affiches et des ouvrages. Il a le souci de faire œuvre utile, notamment grâce à des articles et des essais. Il croit en la capacité transformatrice de l’art. C’est donc un écrit, plus ou moins long, qu’il réalisera (et illustrera sans doute) à la Fondation.

Quelques œuvres de Clément de Gaulejac
  • Transmountain énergétique, 2019, Clément de Gaulejac, pancartes distribuées dans la rue lors de la grande manifestation pour le climat du 27 septembre 2019

    PHOTO CLÉMENT DE GAULEJAC, FOURNIE PAR L’ARTISTE

    Transmountain énergétique, 2019, Clément de Gaulejac, pancartes distribuées dans la rue lors de la grande manifestation pour le climat du 27 septembre 2019

  • Eaux profondes, Bains brefs, 2019, Clément de Gaulejac, murale de l’exposition Les maîtres du monde sont des gens, à la Galerie UQO

    PHOTO HOC STUDIO, FOURNIE PAR L’ARTISTE

    Eaux profondes, Bains brefs, 2019, Clément de Gaulejac, murale de l’exposition Les maîtres du monde sont des gens, à la Galerie UQO

  • Détail de Eaux profondes, Bains brefs, 2019, Clément de Gaulejac

    PHOTO RÉMI THÉRIAULT, FOURNIE PAR CLÉMENT DE GAULEJAC

    Détail de Eaux profondes, Bains brefs, 2019, Clément de Gaulejac

  • L’extractivisme est un humanisme, 2019, Clément de Gaulejac, autocollants dessinés pour le groupe Extinction Rebellion

    PHOTO CLÉMENT DE GAULEJAC, FOURNIE PAR L’ARTISTE

    L’extractivisme est un humanisme, 2019, Clément de Gaulejac, autocollants dessinés pour le groupe Extinction Rebellion

  • Bottes de pluie, Clément de Gaulejac, projet de fontaine pour le Bureau d’art public de Montréal, devant la bibliothèque Maisonneuve. Son premier projet d’art public qui verra le jour dans quelques mois dans le quartier Hochelaga.

    PHOTO CLÉMENT DE GAULEJAC, FOURNIE PAR L’ARTISTE

    Bottes de pluie, Clément de Gaulejac, projet de fontaine pour le Bureau d’art public de Montréal, devant la bibliothèque Maisonneuve. Son premier projet d’art public qui verra le jour dans quelques mois dans le quartier Hochelaga.

  • National Geografuck, 2019, Clément de Gaulejac, autocollant dessiné pour le groupe Extinction Rebellion

    PHOTO CLÉMENT DE GAULEJAC, FOURNIE PAR L’ARTISTE

    National Geografuck, 2019, Clément de Gaulejac, autocollant dessiné pour le groupe Extinction Rebellion

  • Livres de Clément de Gaulejac publiés par Le Quartanier : Le Livre noir de l’art conceptuel (2011), Grande école (2012) et Les artistes (2017)

    PHOTO CLÉMENT DE GAULEJAC, FOURNIE PAR L’ARTISTE

    Livres de Clément de Gaulejac publiés par Le Quartanier : Le Livre noir de l’art conceptuel (2011), Grande école (2012) et Les artistes (2017)

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« L’intérêt pour le langage et l’écriture réflexive est au cœur de ma pratique ces dernières années, dit-il. Notamment en travaillant sur une thèse de doctorat à l’UQAM intitulée Tu vois ce que je veux dire ? Illustrations, métaphores et autres images qui parlent. Cette thèse fera l’objet d’une publication sur la relation contrariée entre le visuel et le verbal. Deux domaines de saisie du monde qui fonctionnent en parallèle dans notre cerveau. »

La réflexion qu’il va élaborer se penchera sur le fait qu’on prend souvent conscience de nos conduites répréhensibles sur le tard.

PHOTO RICHMOND LAM, FOURNIE PAR L'ARTISTE

L'artiste et illustrateur Clément de Gaulejac

Notre regard change et devient armé politiquement, ce qui nous permet de voir clairement des choses aujourd’hui qu’on ne voyait pas auparavant. La violence sexiste en est un exemple.

Clément de Gaulejac

Sa recherche couvrira également « le langage et les images des discours de la bataille du climat ». Par exemple, comment se fait-il qu’on représente toujours la Terre vue de loin alors qu’on a les deux pieds dessus ? « C’est le genre d’imaginaire que j’ai envie de déconstruire », dit Clément de Gaulejac.

Cette année, la Fondation Grantham a reçu une soixantaine de candidatures pour ses résidences de création et de recherche, soit moins que l’an dernier. « On avait eu plus d’une centaine de candidatures, dit Johanne Lamoureux. Mais cette fois, les dossiers étaient vraiment en lien avec l’environnement. Les candidatures ont été plus ciblées et provenaient de sept pays, ce qui donne une idée du rayonnement de la Fondation. »

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Les collectionneurs d’art et mécènes Bernard Landriault et Michel Paradis devant l’édifice de la Fondation Grantham pour l’art et l’environnement qu’ils ont fondée à Saint-Edmond-de-Grantham pour, notamment, accueillir des artistes en résidence

Considérée comme organisme culturel de diffusion par le Conseil des arts et des lettres du Québec et le Conseil des arts du Canada et comme organisme de bienfaisance, la Fondation Grantham appuie les productions artistiques et la recherche sur l’art qui se mesurent aux défis environnementaux.

Elle veille à promouvoir et à diffuser ses activités auprès des jeunes en milieu scolaire. Les deux lauréats seront ainsi appelés à travailler avec des jeunes pour les aider à faire des choix éclairés par rapport aux défis environnementaux.

Consultez le site d'Anahita Norouzi 

Consultez le site de Clément de Gaulejac

Consultez le site de la Fondation Grantham