(Londres) L’artiste et dissident chinois Ai Weiwei a protesté lundi en silence pour demander la libération du fondateur de WikiLeaks Julian Assange devant le tribunal londonien de l’Old Bailey où s’achève cette semaine l’examen de sa demande d’extradition.

Ai Weiwei s’est dressé silencieusement, la main sur la bouche, dévoilant un tee-shirt rose sur lequel on pouvait le voir faire des doigts d’honneur avec l’Australien de 49 ans, au-dessus du message « Libérez Assange ».

« Laissez-le être une personne libre », a expliqué l’artiste aux journalistes, jugeant que le fondateur de WikiLeaks, à qui il a rendu plusieurs fois visite, « représentait la valeur fondamentale de ce pour quoi nous nous battons : la liberté de la presse ».

Julian Assange est réclamé par la justice américaine qui veut le juger notamment pour espionnage. Il risque 175 ans de prison pour avoir diffusé, à partir de 2010, plus de 700 000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, notamment en Irak et en Afghanistan.

Ai Weiwei, qui a lui-même passé en 2011 81 jours en détention après ses critiques contre le régime chinois, explique avoir fait le choix d’une manifestation silencieuse par envie de ne pas « se répéter », car « tous les mots que nous aimerions dire ont déjà été dits ».

« Nous avons besoin de beaucoup de manifestations, sous différentes formes », a ajouté le dissident chinois. « En tant qu’artiste, si je ne peux pas utiliser mon art — qui est très limité —, alors je préfère rester silencieux ».

Julian Assange avait été arrêté en avril 2019 après sept ans derrière les murs de la représentation diplomatique équatorienne, où il s’était réfugié après avoir enfreint les conditions de sa liberté sous caution, craignant une extradition vers les États-Unis, qui lui reprochent d’avoir mis en danger des sources des services américains.

Il revient à la justice britannique de déterminer si la demande américaine d’extradition qui lui est soumise respecte un certain nombre de critères légaux, et notamment si elle n’est pas disproportionnée ou incompatible avec les droits de l’Homme.

La juge Vanessa Baraister a d’ores et déjà prévenu que sa décision serait « probablement rendue après l’élection (présidentielle) aux États-Unis » le 3 novembre.