Nathalie Bondil, directrice générale et conservatrice en chef du Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM), a été remerciée dans un contexte d’« allégations de harcèlement psychologique » au sein de l’organisation, a annoncé le conseil d’administration de l’institution, lundi. Le climat de travail « toxique » était dénoncé depuis un moment, comme le révèlent 12 employés, anciens ou actuels, qui se sont confiés à La Presse.

Dans le communiqué de presse annonçant le congédiement de Mme Bondil, le conseil d’administration souligne que le musée « a vu plusieurs départs d’employés clés et a été mis au courant de témoignages troublants d’employés faisant état d’une détérioration évidente du climat de travail ».

Alerté par le syndicat des employés du musée en octobre dernier, le C.A. a mandaté une firme externe afin d’enquêter sur le climat de travail. Le rapport a révélé une « dégradation importante et multifactorielle du climat de travail qualifié par certains employés de “toxique” », indique le communiqué de presse. La gravité des faits rapportés aurait convaincu le conseil d’administration d’entamer des discussions avec Mme Bondil, qui se serait montrée « inflexible », selon le conseil d’administration.

Marie-Claude Saia, présidente du syndicat des employés du MBAM, qualifie elle aussi le climat de travail de « toxique ». « Dans les dernières années, il y a eu plusieurs signalements de la part d’employés syndiqués, symptomatiques d’un malaise réel », a-t-elle indiqué à La Presse par courriel.

« Ça ne devrait pas exister en 2020 »

Des employés ont alerté La Presse en décembre dernier sur le climat de travail au MBAM. Outre Nathalie Bondil, d’autres gestionnaires ont été montrés du doigt comme étant responsables de ce climat toxique. Le président du conseil d’administration du musée, Michel de la Chenelière, a d’ailleurs confirmé qu’il y avait « une autre personne qui est très problématique [au sein du musée] et qui fait l’objet de surveillance ». « Ça peut s’améliorer », a-t-il ajouté.

Une employée qui a occupé plusieurs postes dans l’organisation​ évoque des changements d’humeur, des crises de colère et des demandes irréalistes venant de son ex-patronne, qui est toujours en poste au musée. Il ne s’agit pas de Nathalie Bondil. « La terreur, la peur, le “tu te fermes la bouche”, ça ne devrait pas exister en 2020 », affirme la femme qui a quitté le musée l’automne dernier. Celle-ci a voulu taire son nom, car elle craint encore les représailles de Mme Bondil ou de « ses amis ».

« Quand on rentre au bureau et qu’on a peur que la boss soit de mauvaise humeur parce que, si elle l’est, on va passer un mauvais quart d’heure... », poursuit celle qui affirme que Mme Bondil a fermé les yeux sur ce genre de situation. « Te faire crier dessus, près du visage, ça arrive souvent », poursuit-elle au sujet de son ancienne supérieure.

Un autre ex-travailleur du musée affirme que « les changements d’humeur sont spectaculaires au sein de la direction » du MBAM. Après quelques années passées au sein de l’institution montréalaise, sa supérieure l’aurait pris en grippe. « Elle ne me regardait plus. Elle ne me donnait plus de tâches », raconte celui qui dit que ces comportements sont tolérés au MBAM.

Un employé actuel a lui aussi assisté à des accès de colère de certains supérieurs. En fait, il en a lui-même été victime lorsque sa patronne s’est montrée insatisfaite du travail qu’il avait effectué. « Je me suis fait engueuler devant tout le monde. Je trouvais ça injuste parce que j’avais travaillé vraiment fort comme mes autres collègues. Je n’arrivais pas à croire qu’elle me saute à la gorge comme ça », raconte l’employé qui refuse d’être nommé, car son syndicat a recommandé à tout le personnel de ne pas répondre aux questions des journalistes.

Nathalie Bondil a refusé notre demande d’entrevue au sujet de son congédiement et du climat de travail au MBAM.

— Avec la collaboration de Marc Cassivi, La Presse