(Rome) Un tableau retrouvé par hasard il y a cinq semaines à Piacenza, dans les jardins du musée du nord de l’Italie où il avait été dérobé 23 ans plus tôt, est bien un original du peintre autrichien Gustav Klimt.

« C’est avec une grande émotion que je peux vous dire que le tableau retrouvé est authentique », a annoncé vendredi devant la presse, Ornella Chicca, magistrate chargée de l’enquête sur cette disparition.

En février 1997, alors que la Galerie Ricci Oddi, un musée de Piacenza dans le nord-est de la péninsule, était fermée pour travaux, le tableau intitulé Portrait d’une Dame avait été subtilisé sans laisser de traces.

Ce sont des jardiniers qui, le 10 décembre dernier, alors qu’ils nettoyaient le mur externe du musée, l’ont retrouvé par hasard. En arrachant du lierre, ils ont fait tomber une petite trappe d’aération et ont découvert un sac poubelle noir contenant le tableau sur son châssis, mais sans cadre.

L’enquête qui va se poursuivre va devoir déterminer « depuis combien de temps le tableau se trouvait là », a précisé Ornella Chicca. « Pour le moment, nous ne pouvons pas savoir s’il a été là pendant tout ce temps », a précisé la magistrate.

Depuis sa fortuite découverte, la peinture a fait l’objet d’une méticuleuse enquête technico-scientifique de la part de trois spécialistes désignés par la justice : Guido Cauzzi, Anna Selleri et Claudia Collina.

PHOTO ARCHIVES AP

Ce sont des jardiniers qui, le 10 décembre dernier, alors qu’ils nettoyaient le mur externe du musée, l’ont retrouvé par hasard. En arrachant du lierre, ils ont fait tomber une petite trappe d’aération et ont découvert un sac poubelle noir contenant le tableau sur son châssis, mais sans cadre.

L’expert Guido Cauzzi a notamment pris des photographies de fluorescence et de lumière rasante sur l’œuvre, en les comparant à des examens effectués en 1996.

« La correspondance entre les images a permis de vérifier qu’il s’agit bien du tableau original », a-t-il assuré à la presse.

« L’état de conservation est relativement bon. Il a subi quelques épreuves, mais ne nécessite qu’un entretien de routine, rien de particulièrement compliqué », a-t-il précisé.

Anna Selleri a quant à elle examiné la toile, le cadre, les tampons situés au dos, les sceaux et des étiquettes et, selon elle, tous apparaissent comme étant des authentiques.

Un portrait sous un autre

PHOTO ANTONIO CALANNI, AP

La spécialiste Anna Selleri a quant à elle examiné la toile, le cadre, les tampons situés au dos, les sceaux et des étiquettes et, selon elle, tous apparaissent comme étant des authentiques.

Le Portrait d’une Dame, tableau de 55 x 65 cm, réalisé en 1916/1917 par Gustav Klimt, maître du symbolisme, avait fait l’objet d’une grande publicité en 1996 lorsqu’une étudiante en histoire de l’art, Claudia Maga, avait contribué à découvrir que sous un premier portrait s’en cachait un autre.

Le directeur du musée, Massimo Ferrari, avait annoncé à l’AFP, dès les premiers jours après la découverte de décembre, qu’il y avait des « signaux positifs » concernant l’authenticité de l’œuvre.

Il avait alors expliqué que pour la première authentification, les experts s’étaient intéressés à l’arrière du tableau, où figurent les sceaux en cire et du plâtre et le tampon du musée, une partie « bien plus difficile à reconstituer (que l’avant), même pour des faussaires », avait-il précisé.

Massimo Ferrari avait estimé Portrait d’une Dame à « 60 ou peut-être 100 millions d’euros » (87 ou peut-être 145 millions $), mais avait toutefois relativisé sa valeur « vu ses caractéristiques », car il s’agit d’un portrait au style inhabituellement expressionniste, et pas d’une œuvre composite typique du peintre autrichien.

Ricci Oddi était un riche collectionneur originaire de Piacenza qui avait rassemblé jusqu’à 450 tableaux — dont la toile de Klimt — la plupart datant du XIXsiècle, qu’il avait ensuite donnés en 1931 à la municipalité de cette ville située à 70 km de Milan.

Le Portrait d’une Dame avait été exposé dans la Galerie portant son nom jusqu’à son vol en 1997.