Le Musée national du Qatar, qui doit être inauguré mercredi soir, sera ouvert à «tous», a déclaré la présidente des musées de l'émirat, assurant que le blocus imposé par l'Arabie saoudite et ses alliés n'avait pas eu d'effet sur l'aboutissement du projet.

Le musée, dont le coût est estimé à 434 millions de dollars, devait initialement être inauguré en 2016, soit un an avant que les anciens alliés de Doha, notamment l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et Bahreïn, ne lui imposent un blocus économique et diplomatique.

Ces derniers accusent le Qatar de ne pas prendre assez de distance avec l'Iran, puissance régionale chiite rivale de l'Arabie saoudite sunnite, et de soutenir des groupes islamistes radicaux, ce que Doha nie.

La présidente des musées et soeur influente de l'émir du Qatar, cheikha Al Mayassa Al-Thani, a déclaré mercredi à l'AFP que «le blocus n'avait eu aucun effet» sur la date d'ouverture.

«Tout le monde est le bienvenu dans ce musée et nous restons ouvert au reste du monde [...] nous sommes plus que fiers de cet accomplissement», a-t-elle ajouté au cours d'une visite du nouveau bâtiment, conçu en forme de rose des sables par l'architecte français Jean Nouvel.

Selon des experts, les retards accumulés au cours de la construction du musée se sont révélés être une opportunité pour le Qatar de renforcer l'identité nationale du projet et de se distinguer encore davantage des autres pays de la région.

L'édifice de 52 000 m2, situé sur la corniche de Doha, sera inauguré mercredi soir au cours d'une cérémonie à laquelle assisteront l'émir qatari cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, son homologue koweïtien cheikh Sabah al-Ahmad al-Jaber al-Sabah ainsi que le premier ministre français Edouard Philippe.

L'architecte français, qui a également conçu le Louvre Abu Dhabi aux Émirats, a affirmé mercredi à l'AFP que sa rose des sables était un «projet ambitieux».

«C'est un bâtiment qui devient une destination, qui doit devenir une icône», a ajouté Jean Nouvel.

Dans une entrevue à l'hebdomadaire français Journal du Dimanche, il s'est par ailleurs défendu de travailler pour des régimes non démocratiques.

«Je travaille à l'échelle du siècle ou des siècles, pour les peuples, pas pour une personne ponctuellement au pouvoir», a-t-il dit.

Censé célébrer, selon ses responsables, le passé bédouin du pays et son présent profondément marqué par les ressources en énergie, le Musée national reflète aussi l'immense richesse, l'ambition démesurée ainsi que la volonté de l'émirat de se démarquer de ses voisins aux yeux de la communauté internationale malgré son isolement.