(Paris) Un portrait de Mozart âgé de 13 ans, l’un des rares tableaux peints de son vivant et faisant encore partie d’une collection privée, va être mis aux enchères par Christie’s le 27 novembre à Paris pour une estimation entre 800 000 et 1,2 million d’euros (1,2 et 1,7 million $), a annoncé mardi la maison de ventes.

Le tableau, attribué au maître véronais Giambettino Cignaroli et daté de janvier 1770, a été peint à la suite de l’énorme succès d’un concert d’orgue de l’enfant prodige à Vérone cette année-là.

« Généralement, c’est le nom du peintre qui attire les acquéreurs. Là, ça va être le sujet, c’est Mozart », a expliqué à l’AFP Astrid Centner, directrice du département des tableaux anciens chez Christie’s à Paris.

Le tableau, qui montre le virtuose précoce au visage sérieux devant un clavecin, portant un costume rouge vif, une perruque blanche et dévisageant le spectateur, « dégage une grande intelligence, est très réaliste et immortalise un moment magique dans la carrière du compositeur ».

Plus intrigante encore, la partition qui se trouve devant lui et qui a fait l’objet de nombreuses tentatives de déchiffrage : « certains musicologues arguent qu’elle est l’œuvre du Vénitien Baldassare Galuppi, d’autres disent qu’il s’agit d’une partition de Mozart lui-même qui a été perdue », selon Mme Centner.

« Il y a très peu de portraits de Mozart enfant peints de son vivant et celui-là est probablement le dernier encore en collection privée ».

Les représentations les plus connues de Mozart jeune sont un dessin au Musée Carnavalet le montrant à l’âge de 7 ans au piano avec sa famille, ainsi qu’un tableau de lui à 6 ans, attribué à Lorenzoni et appartenant au Mozarteum à Salzbourg, sa ville de naissance.

« Ce qui est extraordinaire dans ce tableau, c’est qu’on retrace très précisément les circonstances de la commande ; ça arrive très peu dans le monde de l’art », a précisé Mme Centner. « Le père de Wolfgang, Léopold, en parle dans une lettre à son épouse et datant le tableau du 6-7 janvier 1770 ».

En tournée dès décembre 1769 avec son père en Italie, passage obligé de tous les peintres et musiciens à l’époque, il va enchaîner plusieurs concerts dans des villes dont Vérone où « il provoque l’émerveillement de l’élite locale ».

Dans sa lettre, le père de Mozart rapporte que Pietro Lugiati, percepteur général des impôts à Venise, a décidé de faire la commande du tableau, qui a été peint en deux séances successives.

En bas du tableau figure un texte en latin relevant la précocité de l’enfant, « ayant surpassé dans l’art musical toute louange ».

La maison Christie’s affirme qu’elle n’a pas la preuve formelle que le peintre soit Giambettino Cignaroli.

Le portrait vient du grand pianiste Alfred Cortot dont la collection a été dispersée chez Christie’s le 7 octobre.

Redécouvert en 1865 par Léopold von Sonnleithner, mécène de Beethoven et de Schubert, le tableau a été montré quelques rares fois au Carnavalet et à Salzbourg.