(Paris) La Joconde a retrouvé lundi sa place au musée du Louvre dans une salle des États repeinte dans un profond bleu nuit rehaussé de noir, qui met en valeur la vivacité des couleurs des œuvres du XVIe siècle vénitien qui l’entourent.

Après deux mois de travaux de rénovation, le célèbre tableau de Léonard de Vinci, que viennent voir des millions de touristes du monde entier, est de nouveau installé face au plus grand tableau du musée, les Noces de Cana de Véronèse.

Le tableau du maître toscan a été transporté dimanche soir dans la Salle des États depuis la Galerie Médicis où il avait exposé provisoirement en raison du chantier de rénovation. L’opération s’est faite à l’abri des regards, avec les plus grandes précautions pour une œuvre fragile.

Un bleu de Prusse profond animé de subtiles variations noires saisit le visiteur dès l’entrée de la salle, contrastant avec l’ocre jaune moiré qui en couvrait les murs depuis quinze ans et s’était terni.

Le chantier a duré dix mois, dont trois de fermeture au public.

Ce bleu noir paraît tout d’abord un peu froid, mais, comme le souligne Vincent Delieuvin, conservateur en chef au département des peintures, il vise à faire ressortir « les couleurs intenses — parfois des pigments à l’état pur — des tableaux des grands maîtres vénitiens, et leurs cadres dorés ». « Ce bleu de Prusse avec une patine noire donne une vibration aux œuvres », observe-t-il, alors que les peintures semblaient auparavant avalées par l’environnement jaune.

La Joconde est visible derrière un verre plus transparent. Le fond sombre lui redonne une grande profondeur. « Grâce à ce verre, on n’a plus l’impression d’un léger filtre verdâtre comme auparavant », se félicite M. Delieuvin.

Lundi soir, des files de touristes venaient de nouveau admirer la Joconde in situ. Ils suivaient deux parcours en serpentin pour s’approcher du chef-d’œuvre, sans créer de phénomène de congestion. Un circuit qui assure que « la Mona Lisa vous regarde toujours ».

Auparavant les touristes confluaient dans un seul carré devant le tableau et « seuls les plus grands, les plus déterminés réussissaient à bien profiter de l’œuvre », souligne Servane de Landsheer, adjointe du directeur de l’accueil du public.

Des études ont montré que le visiteur passe en moyenne 50 secondes devant la Joconde, contre 4 secondes devant les autres œuvres.

Le chantier avait plusieurs objectifs : une meilleure visibilité des chefs d’œuvre, une médiation écrite plus adaptée, un circuit de circulation repensé. Un nouvel accrochage fait alterner les peintures monumentales et les œuvres plus intimistes et mélancoliques.

La Salle des États n’avait pas été rénovée en quinze ans, période pendant laquelle elle a accueilli plus de cent millions de visiteurs dans des conditions de visite pas toujours agréables.

La Joconde est l’icône du plus grand musée du monde, à tel point que les touristes des pays lointains ne pensent souvent même pas à aller voir d’autres chefs d’œuvre.

Lorsque débutera fin octobre la grande exposition Léonard de Vinci, la Joconde ne sera pas déplacée, et ne pourra être vue qu’à sa place habituelle.