(Paris) L’Italie et la France ont signé mardi un accord prévoyant le prêt de cinq œuvres, dont le célèbre Homme de Vitruve, et de deux copies de tableaux de Léonard de Vinci pour la grande exposition du Louvre commémorant le cinquième centenaire de la mort de l’artiste, mettant fin à des mois de discussions et de tensions.

Outre l’Homme de Vitruve provenant de la Galerie de l’Académie à Venise, quatre dessins — Étude de paysage, Étude pour l’Adoration des Mages, et deux Études de paneggio — seront prêtés en vertu de cet accord signé par les ministres de la Culture français Franck Riester et italien Dario Franceschini.

De même des copies de la Leda et de la Bataille d’Anghiari de la Galerie des Offices à Florence viendront au Louvre.

Ces sept œuvres s’ajoutent à treize autres que divers musées italiens ont déjà accepté de prêter, à l’issue de négociations entre musées : la plus connue est la Scapigliata (la jeune fille décoiffée) de la Galerie nationale de Parme, une peinture inachevée.

Des études pour la bataille d’Anghiari, pour la Sainte-Anne, un portrait d’enfant, des études de proportion du visage, de l’œil et de nus constituent les autres prêts des musées italiens, mais ce ne sont pas des peintures.

En vertu de l’accord de réciprocité signé à Paris, cinq œuvres de Raphaël (deux peintures et trois dessins) ainsi que deux études au dessin de Giovan Francesco Penni, qui se trouvent au Louvre, seront prêtées à l’Italie pour l’exposition Raphaël qui s’ouvrira au musée du Quirinal à Rome en mars.

Dario Franceschini a salué « un signal important de collaboration » entre les deux pays. « L’Europe a un énorme potentiel » en tant que « plus grand distributeur et plus grand consommateur d’événements culturels, mais elle se trouve en difficulté face aux géants d’internet. La France et l’Italie ensemble peuvent être moteurs », a-t-il dit devant la presse, avant de signer l’accord.

« C’est un très beau symbole » que ce premier déplacement du ministre italien depuis la formation du gouvernement soit à Paris, a salué Franck Riester. Il a souligné que les œuvres de Léonard étaient à la fois « des chefs-d’œuvre italiens, européens et de l’humanité ».

Dario Franceschini a expliqué que L’Homme de Vitruve était une œuvre fragile, très délicate à transporter, et que des conditions avaient dû être remplies avant qu’il reçoive l’autorisation de sortir d’Italie. Ce prêt ne durera que plusieurs semaines, alors que l’exposition qui s’ouvre le 25 octobre durera plusieurs mois.

Ce célèbre dessin annoté par Léonard, réalisé vers 1490 à la plume, encre et lavis, est une œuvre emblématique de la Renaissance par sa reproduction exacte des proportions du corps humain.

L’Annonciation, célèbre tableau qui se trouve aux Offices, n’a pu par contre être déplacé.

Le précédent gouvernement italien, dans lequel la Ligue du Nord de Matteo Salvini avait un poids prépondérant, avait renâclé à prêter les œuvres et marqué sa mauvaise humeur au sujet de cette exposition au Louvre.

Il avait insisté sur le fait que le grand maître de la Renaissance, mort il y a cinq cents ans, était d’abord italien même s’il avait vécu les trois dernières années de sa vie en France.