(Istanbul) D’un côté une petite fille déguisée en Wonder Woman, de l’autre une enfant couverte de sang. Ou bien un yacht flambant neuf et une embarcation de migrants. Un artiste turc fait sensation sur les réseaux sociaux en juxtaposant des images de pays en guerre et d’autres témoignant du luxe et du confort de l’Occident.

Avec plus d’un demi-million d’abonnés sur Instagram et des milliers d’autres sur Facebook et Twitter, le travail d’Ugur Gallenkus suscite de vives réactions.

D’autres montages de cet artiste de 29 ans confrontent par exemple un gobelet Starbucks et des gens souffrant de la sécheresse. Ou encore un père baignant ses enfants dans les restes d’une salle de bain détruite par la guerre et de l’autre côté, une baignoire installée sous un chandelier dans une salle de bain impeccable.

Ugur Gallenkus, basé à Istanbul, dit vouloir ainsi susciter une prise de conscience sur ce qu’il se passe sur Terre et attirer l’attention sur ces « mondes parallèles ».

« Je voudrais dire au monde que dans les pays en développement les gens vivent dans la guerre, la faim et la douleur », explique-t-il à l’AFP. « Si nous voulons vivre en paix et en harmonie, nous devons connaître les vies des uns et des autres. »

Son projet a démarré en 2016, en réaction à la photographie montrant le corps sans vie d’Aylan Kurdi, le petit Syrien de 3 ans retrouvé échoué sur une plage de Turquie et devenu le symbole tragique de la crise migratoire de 2015.

« Un matin en regardant les informations, j’ai vu la peur et le désespoir dans les yeux de familles de migrants qui tentaient de traverser la mer à la recherche d’une vie meilleure. Ça m’a choqué et j’ai voulu raconter leur situation au monde », dit l’artiste.

« Au-delà des mots »

Ugur Gallenkus évoque des sujets qui touchent le monde entier : la guerre, la famine, la violence contre les femmes, les inégalités, le réchauffement climatique…

« Mais la guerre et l’instabilité en Irak, en Syrie et en Afghanistan représentent une part importante de mon travail », précise-t-il.

« Je ne fais qu’interpréter les images différemment. J’essaie de trouver la valeur et le sens de photos que je vois aux informations et j’y ajoute le message que je veux transmettre ».

Des milliers de personnes ont réagi sur les réseaux sociaux, exprimant leur colère, leur tristesse ou leur choc.

« L’art est puissant parce qu’il peut exprimer ce qui est au-delà des mots », commente Subra, une utilisatrice de Facebook, sous une image.

« Je viens de Syrie. À chaque fois que je vois vos images de la destruction de mon pays comparées à la vie confortable de l’Occident, je pleure. Nous avions la même vie avant, mais la guerre nous a tout retiré », raconte un autre utilisateur, Haroun.

Ugur Gallenkus dit recevoir des messages de soutien d’un peu partout. Déterminé, il entend continuer son travail pour faire du monde « un endroit beau et heureux pour tous ».