Le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM), l'UQAM et l'Université McGill s'unissent pour présenter Resplendissantes enluminures sur les recueils de prières conservés au Québec, mais produits en Europe au Moyen Âge et à la Renaissance.

Il fut un temps où la vie, chez les croyants de famille aisée, était au diapason des rituels religieux. On sonnait les matines entre minuit et six heures du matin, on célébrait les vêpres avant le repas du soir en faisant la lecture d'un livre d'heures (livre liturgique destiné aux fidèles catholiques). En fait, la prière n'avait de cesse chez les fidèles. C'était la gloire des heures.

Resplendissantes enluminures au MBAM propose une cinquantaine d'artefacts (feuillets, manuscrits complets, imprimés): de véritables petits trésors provenant de sept collections et dont la création remonte parfois jusqu'au Moyen Âge.

«C'est la première fois qu'on réunit ces artefacts dans une même exposition au Québec. Ce sont des livres de méditation en petit format qu'on pouvait glisser dans la poche», explique Hilliard T. Goldfarb, conservateur des maîtres anciens au MBAM.

Les ouvrages étaient écrits à la main et enluminés de peintures miniatures représentant la vie du Christ et des saints, souvent dans le cadre de scènes illustrant les différentes cultures des artistes et de ceux et celles à qui étaient destinés les recueils.

«Même si c'étaient des lectures privées, c'était un geste communautaire puisque tout le patelin pouvait prier presque en même temps, observe le conservateur de McGill, Richard Virr. Pour nous, c'est un symbole de la culture de l'époque. Il y a, ainsi, une longue tradition de livres miniatures manuscrits.»

Détails fascinants

De la taille d'un téléphone cellulaire, ces livres de prières comportent des détails fascinants sur les croyances chrétiennes selon les pays et les âges. Une flagellation par-ci, un diable-dragon par-là. Plusieurs des livres d'heures, parmi les plus colorés, pouvaient faire l'objet de commandes de familles aisées à des peintres à l'oeil singulier.

«Dans L'Adoration des Mages du Maître des Prélats bourguignons, raconte Brenda Dunn-Lardeau, professeure au département d'études littéraires de l'UQAM, on peut voir des souliers ayant une très longue pointe qui étaient interdits par l'Église. On ne pouvait pas prier à genoux avec de telles chaussures et elles pouvaient servir à relever la jupe des dames!»

Architecture et mode

Les enluminures renvoient souvent au style d'architecture, que l'on soit en Bourgogne ou à Bruges, aux vêtements typiques d'une période de l'histoire ou à des croyances particulières, selon la langue utilisée.

«Tout n'était pas que sérieux dans les enluminures, on trouvait aussi du ludique, de l'encyclopédique, dit Mme Dunn-Lardeau. Pendant ce qu'on appelle la "disjonction historique", les artistes illustrent des scènes de la Bible en les transposant dans leur environnement. Mais certaines gravures étaient considérées comme blasphématoires parce qu'on utilisait des modèles vivants pour reproduire des scènes de la vie du Christ.»

Dans les salles, on peut entendre des musiques sacrées. La visite peut aussi être délicieusement prolongée avec le magnifique catalogue de l'exposition.

L'exposition Resplendissantes enluminures est présentée au MBAM jusqu'au 6 janvier 2019.

Autres expositions

Galerie B-312

Au quatrième étage de l'édifice du Belgo, la galerie B-312 marque sa rentrée automnale avec une exposition intergalactique! Elle propose en effet Atlas: Constellation II, de l'artiste Simon Bertrand, représenté par la galerie René Blouin où il avait exposé Atlas l'an dernier. Voici un corpus qui réinvente des constellations sur une carte du ciel inédite à partir de poèmes et de textes retranscrits à la main sur les murs de la galerie. Une expo où le temps et l'espace sont abolis...

Atlas: Constellation II, de Simon Bertrand, à la galerie B-312 (372, rue Sainte-Catherine Ouest, local 403, Montréal), jusqu'au 13 octobre. 

Mathieu Valade

À Québec, la Galerie 3 entame sa programmation 2018-2019 avec l'exposition Naturellement sophistiqués, de Mathieu Valade. L'artiste chicoutimien poursuit sa réflexion sur nos habitudes de perception et notre interprétation de l'histoire de l'art. Avec des objets et des photos placés sous des verres dépolis, ainsi qu'un diptyque vidéo sur des personnages de l'histoire de l'art moderne dans une posture évoquant une autre vision de l'histoire.

Naturellement sophistiqués, de Mathieu Valade, à la Galerie 3 (247, rue Saint-Vallier Est, Québec), jusqu'au 7 octobre. 

Rita Rodrigue

À Ottawa, la galerie Jean-Claude Bergeron a décidé de célébrer les 50 ans de carrière de l'artiste visuelle Rita Rodrigue au moyen d'une exposition de ses oeuvres et de la publication d'un ouvrage, Les temps échelonnés de Rita Rodrigue, rédigé par Josée Valiquette. Née en Abitibi en 1945 et exerçant son art en Outaouais, Rita Rodrigue est «un tribut précieux au sein du monde des arts visuels du Québec», écrit Mme Valiquette dans l'ouvrage.

Les temps échelonnés: Oeuvres anciennes et récentes, de Rita Rodrigue, à la galerie Jean-Claude Bergeron (150, rue Saint-Patrick, Ottawa), jusqu'au 23 septembre.

Photo Gilles Saint-Pierre

LVH_0056 Atelier du Maître de l'échevinage de Rouen, L'Annonce aux bergers, Heures de Pellegrin de Remicourt et de Madeleine Symier, vers 1470-1475, Rouen. Université du Québec à Montréal, Bibliothèque des arts, Collections spéciales, legs de l'École des beaux-arts de Montréal, 1969.Photo Gilles Saint-Pierre