Sophie Thibault et Diane Dufresne. Avouons que ce n'est pas une association qui va de soi. L'une est chef d'antenne à TVA et nous présente les nouvelles tous les soirs. L'autre est une artiste multidisciplinaire excentrique qui oeuvre loin du monde brutal et terre à terre de l'actualité. Les deux femmes sont pourtant amies depuis trois ans. Une amitié qui débouche ces jours-ci sur l'exposition de photos OEil pour oeil, présentée jusqu'au 2 octobre au Centre d'art Diane-Dufresne, à Repentigny.
Comment les deux femmes se sont-elles connues ? « Un jour, j'ai osé faire une approche pour une vidéo d'anniversaire, raconte Sophie Thibault en entrevue. Je me suis dit : "Elle va dire non, c'est sûr." Mais Richard [Langevin, son conjoint] m'a rappelée pour me dire : "Elle vous connaît, elle vous aime, elle accepte avec plaisir." »
Depuis ce jour, les deux femmes entretiennent une relation surtout épistolaire et se voient à l'occasion. « Diane est très recluse, souligne Sophie Thibault. Elle est bien dans sa campagne, mais je l'ai emmenée manger au restaurant quelques fois. »
Celle qui soulignera l'an prochain ses 15 années à la barre du TVA Nouvelles de 22 h aime l'humour fou et le côté déjanté de son amie.
« On partage la même sensibilité et certaines angoisses par rapport à la vie, à la mort, au temps qui passe. »
- Sophie Thibault
« J'étais maîtresse de cérémonie au vernissage de DDXL [l'exposition de Diane Dufresne et Richard Langevin qui a inauguré le centre d'art en novembre dernier], poursuit Sophie Thibault. Quand est venue l'idée d'une suite photographique pour un éventuel catalogue de cette exposition, Diane m'a dit : "J'aimerais que tu le fasses." Elle aime pousser les gens et je pense qu'elle a eu envie de me pousser dans ce projet pour m'encourager en photo. »
LA NATURE, UN BAUME
Quand on entre dans le salon des gens tous les soirs pour leur annoncer de mauvaises nouvelles, le besoin d'évasion finit par se faire sentir. « La photo est pour moi une échappatoire, une bulle », explique celle qui a marqué l'histoire en devenant la première présentatrice de nouvelles de fin de soirée en Amérique du Nord, en 2002.
« J'ai toujours été intéressée par la photo, dit-elle. J'avais fait une session de photo à l'université, mais je suis restée avec l'impression que c'était compliqué. Puis, il y a environ cinq ans, j'ai reçu un appareil numérique en cadeau. Je n'ai pas eu le choix de lire le mode d'emploi et de m'y remettre. »
Sophie Thibault, qui signe une chronique sur la photo dans le magazine La Semaine, a un faible pour tout ce qui touche la nature, en particulier les oiseaux.
« Dès que j'ai du temps, je le passe dans les parcs-nature à Montréal, assure-t-elle. Je croque de jeunes chevreuils, des grenouilles, tout ce qui vit. J'ai fait aussi quelques portraits. »
OEil pour oeil est la deuxième exposition « officielle » de Sophie Thibault. La première a eu lieu l'été dernier à la galerie Iris, à Baie-Saint-Paul, en compagnie du peintre Besner, qu'elle adore.
La chef d'antenne fera également paraître un livre de photos aux Éditions de l'Homme en novembre. La photo, une deuxième carrière ? « Je prépare ma préretraite », répond-elle en riant.
« Je crois qu'il y a une artiste frustrée en moi. J'adore mon métier, je suis faite pour ça, mais il y a tout un autre côté qui veut s'exprimer. »
- Sophie Thibault
Celle qui doit parfois présenter des images dérangeantes ou choquantes à ses téléspectateurs dit chercher un certain réconfort dans les images qu'elle fabrique elle-même.
« Je suis à la recherche d'une certaine beauté, de l'émotion, de l'harmonie, dit-elle. Je veux quitter la zone des nouvelles et aller là où je jouis d'une liberté de création et d'expression. »
En juin dernier, Sophie Thibault était en safari en Tanzanie, un voyage qui l'a profondément bouleversée. Elle en est revenue avec 8000 photos !
Devinez quel sera le thème de sa prochaine expo...