Du 19 octobre prochain au 15 janvier 2017, la Biennale de Montréal présentera dans une vingtaine de lieux, incluant la nouvelle galerie le Livart, 55 artistes et collectifs, dont une trentaine au Musée d'art contemporain (MAC), en provenance de 23 pays.

Au-delà des chiffres, la directrice de BNL MTL, Sylvie Fortin, et son commissaire Philippe Pirotte ont surtout concocté un menu audacieux, sans thématique ni idéologie, basé sur les découvertes, les rencontres, les trésors cachés de l'art.

«La première inspiration, c'est La Station de Mies van der Rohe, qui fait penser à un temple grec, explique Philippe Pirotte en entrevue avec La Presse. Il fallait l'utiliser. C'est typiquement Montréal. On tombe sur quelque chose qui ne fait pas partie de l'image générale de la ville. J'adore ces moments d'heureux hasard.»

Les couleurs de Montréal

Une programmation éclectique - performance, musique, peinture, sculpture, vidéo, opéra, photo, etc. -, donc, à l'image de Montréal, que le commissaire belge qualifie de «coloré, multiculturel et extrêmement complexe». 

On y verra les oeuvres d'artistes réputés d'ici - Valérie Blass, Geoffrey Farmer, Moyra Davey, Luis Jacob et Brian Jungen, notamment - et d'ailleurs - l'Américain Kerry James Marshall, l'Allemand Thomas Bayrle et le Belge Luc Tuymans -, mais autant sinon plus de jeunes créateurs comme Celia Perrin Sidarous et Myriam Jacob-Allard. 

Le directeur du MAC et coproducteur de l'événement, John Zeppetelli, dit d'ailleurs être fier que «Montréal ait enfin une biennale à la hauteur de son talent, de sa réputation et de son importance».

Une maison des plaisirs illicites

Au MAC, Philippe Pirotte prévoit changer les façons de présenter les oeuvres. Son événement ne cherche pas la légitimation institutionnelle ou mercantile. Inspirée par la pièce de Jean Genet, Le grand balcon, BNL MTL 2016 s'annonce comme une maison des plaisirs illicites.

«Je trouve que des oeuvres qui ont besoin d'une institution ou du marché, c'est suspect. Nos oeuvres sont des témoignages qui, dans leur matérialité, parlent de leur histoire.»

Ce sera une biennale plus figurative et narrative qu'abstraite ou documentaire. Hors du temps. 

«Je ne crois pas que l'art puisse être avant-gardiste, dit-il. L'art est toujours en retard, mais ce n'est pas grave. L'art, c'est une façon de matérialiser la connaissance pour qu'elle soit transmise.» 

«Le plus grand cadeau que je puisse faire à Montréal, c'est que les visiteurs voient plein de choses qu'ils ne s'imaginaient pas possibles.»

Le commissaire prévient qu'il ne s'agit pas d'une biennale optimiste, parce que l'heure n'est tout simplement pas à l'optimisme. Les plaisirs seront esthétiques. La tête et le corps seront sollicités. 

«J'aime les images fortes qui sont dans une matérialité d'expériences physiques, dans notre corps, et qui ne sont pas reléguées au numérique. L'histoire orale m'intéresse davantage que celle des nouveaux médias. Elle change par des hasards et des malentendus. C'est ça, l'art.» 

Parmi les oeuvres des 55 artistes et collectifs, 18 proviennent de Canadiens et de Québécois. 

«L'art se fait toujours de quelque part. Il y a un seul universalisme dans le monde, c'est le provincialisme. La seule chose qu'on puisse faire, c'est de l'embrasser. J'ai rencontré des gens d'ici avec lesquels je vais continuer la conversation», conclut le commissaire.

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BNL MTL 2016 se déroulera du 19 octobre 2016 au 15 janvier 2017 dans une vingtaine de lieux montréalais.