Pour son portrait de Justin Trudeau au milieu d'un rang de majorettes, Raphaël Ouellet a remporté le Grand Prix Photographie du Concours Lux 2016 d'Infopresse. Deux autres de ses oeuvres sont parmi la sélection prestigieuse des meilleures photos de l'année d'American Photography. Téléfilm Canada présentera son court métrage, Tout simplement, au Marché du film en marge du Festival de Cannes. Les dernières semaines ont été fastes pour ce photographe et réalisateur de 27 ans dont on entendra certainement encore parler.

Les photos de Raphaël Ouellet ont fait la couverture de nombreuses publications branchées, comme Urbania et Voir. Puis de grandes marques sont venues le chercher pour réaliser leurs campagnes publicitaires. Il vient tout juste de terminer celle de l'Orchestre Métropolitain, où le chef Yannick Nézet-Séguin exécute un petit pas de danse. On lui doit aussi la vidéo de la yogi de taille plus de Penningtons qui a fait sensation dans les médias sociaux.

Pourtant, rien ne prédestinait ce jeune de Rimouski aux parents fonctionnaires à faire sa marque comme photographe et réalisateur.

Sa première séance de photos à l'adolescence, avec ses amis planchistes, s'est soldée par un échec lamentable. Du flou, que du flou. Complètement inutilisable. Il en a conclu que la photographie était un art beaucoup trop difficile à maîtriser pour lui. Jusqu'à ce qu'on lui apprenne, quelques années plus tard, que son appareil photo était brisé.

Il a ensuite été refusé dans tous les cégeps prestigieux en photographie.

«J'avais une cote R de 8 (elle se situe habituellement entre 15 et 35)! J'étais un très mauvais élève», avoue-t-il, attablé au Café Névé, sur le Plateau Mont-Royal.

C'est en diffusant sur un forum web des photos prises dans un ring de boxe qu'il s'est fait offrir son premier emploi comme photographe de presse. Pas dans une petite publication locale, mais au Journal de Montréal. Emploi qu'il a refusé parce que c'était l'été de ses 18 ans et qu'il le passait dans l'Ouest canadien.

Autodidacte, il ne croit pas du tout au talent.

«J'ai appris le langage publicitaire en décortiquant des publicités image par image. Combien de plans inclure? Où mettre l'accent musical? Après combien de secondes placer le punch? Tout est mathématique.»

Le photographe explique son succès par une bonne dose de chance et par tout le temps investi dans son travail pratiquement chaque jour.

«Des journées de 18 heures de travail, pour moi, c'est standard.»

Accéder à plus de rêve

Son prochain objectif: multiplier les efforts à l'extérieur du Québec afin de décrocher de plus grosses campagnes. Pour pouvoir tourner avec la caméra de son choix et avec le nombre de personnes qu'il souhaite dans son équipe.

«Accéder à de plus grosses campagnes permet d'accéder à plus de rêve.»

Ces campagnes lui permettent aussi de financer ses projets personnels à grand déploiement. Il imagine actuellement une série de photographies sur les troubles anxieux. Création de décors, mise en scène: il voit grand et prendra probablement quelques années pour concrétiser le tout.

Photographe à l'oeil singulier, Raphaël Ouellet fait aussi les choses à sa façon. Parfois contre vents et marées. Après cette déferlante de prix des dernières semaines, beaucoup le poussent à profiter de l'occasion pour se lancer la tête première dans un long métrage. Or, il ne souhaite pas précipiter les choses. Et risquer de produire un film médiocre.

«Je ne veux pas être la saveur du mois. J'aime mieux être deuxième toute ma vie que premier pendant six mois.»

PHOTO RAPHAËL OUELLET

Pour son portrait de Justin Trudeau au milieu d'un rang de majorettes, Raphaël Ouellet a remporté le Grand Prix Photographie du Concours Lux 2016 d'Infopresse.