Le sculpteur André Fournelle expose à Sherbrooke jusqu'à samedi. Mais il est surtout l'objet d'une magnifique monographie publiée chez Del Busso Éditeur.

André Fournelle

Le sculpteur André Fournelle a toujours travaillé et ce n'est pas à 77 ans qu'il va arrêter. Son appartement-atelier en est la preuve. Des oeuvres de plusieurs époques côtoient son lit et la table de cuisine.

Sur celle-ci, une superbe monographie de 300 pages à propos de cinq décennies de sculptures, installations, performances, art public et oeuvres éphémères. L'ouvrage a nécessité quatre ans de travail avec ses collaboratrices Monique Duplantie et Nycole Paquin.

Les photos du livre montrent les oeuvres évidemment, ainsi que l'artiste dans son élément ou ses éléments, devrait-on dire, si l'on considère que ses matériaux de prédilection sont l'eau, l'air, la terre et le feu. Ce qui lui permet de participer à plusieurs concours d'art public.

«L'important, c'est que je conserve ma signature, mes thématiques, dit-il. J'ai toujours un message à passer. Je ne remporte pas tous les concours, mais j'ai toujours des projets en cours.»

L'environnement, le sort des démunis, de la planète ou de ses amis artistes sont bien souvent au centre de ses préoccupations.

«S'il n'y a pas de message, c'est moins intéressant. Une forme plastique, c'est beau, mais pour moi, l'art doit avoir une signification. Il n'y a presque plus d'art engagé, c'est dommage. On passe encore pour des anarchistes. On déroge et on dérange. C'est la fonction d'un artiste de dire les choses.»

Cet émule de Joseph Beuys a beaucoup voyagé dans sa carrière, «mais jamais uniquement pour le plaisir. Je mêle toujours travail et voyage», fait-il.

Les oeuvres d'André Fournelle peuvent d'ailleurs être vues un peu partout au Québec, mais aussi en France et aux États-Unis. En 1997, il a illuminé d'une ligne de feu le Pont des arts à Paris. Il a mis le feu un peu partout, en fait, pour dénoncer, crier, secouer l'indifférence de ses contemporains.

Pour ces raisons peut-être, ou d'autres, la reconnaissance que procurent les récompenses institutionnelles n'est jamais venue dans son cas. Il n'en est pas du tout amer.

«C'est sûr que la reconnaissance aide, mais j'ai réglé ce problème-là. C'est comme l'argent, plus tu en as, plus tu en veux et ça devient important pour toi. Ça rend malheureux.»

«Pour moi, ce qui compte, c'est de travailler. Je présente un projet, s'il est accepté, je continue. S'il est refusé, je continue.»

Des regrets? «Ne pas connaître la musique, répond-il. Mais j'ai une guitare. Je vais suivre des cours quand j'aurai le temps.»

André Fournelle a exposé en galerie et dans certains musées, mais là n'est pas l'essentiel de son propos. «Ce sont des oeuvres-objets, mais ça manque de contexte, selon moi.»

Le sculpteur termine en ce moment une sculpture évoquant une rosace qui accueillera une place publique devant le Centre culturel de l'Université de Sherbrooke.

«C'est une belle structure en fonte composée de figures humaines et de laquelle émergera de la lumière. Je pense y ajouter des textes», décrit-il.

En sous-texte, il ne faut pas le dire, mais il travaille aussi à un nouveau projet emballant où le feu, le métal et le bleu seraient à l'avant-plan dans une ancienne fonderie... Klein d'oeil!

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André Fournelle, sous la direction de Monique Duplantie et Nycole Paquin, Del Busso Éditeur, 309 pages.