La Ville de Montréal et l'Association des galeries d'art contemporain ont décerné leurs prix d'excellence en arts visuels, hier au Musée des beaux-arts de Montréal, à deux des artistes contemporains les plus marquants du Québec. Le prix Louis-Comtois récompensant un artiste à mi-carrière a été remis à Nicolas Baier tandis que le prix Pierre-Ayot s'adressant aux jeunes artistes est allé à Jon Rafman.

Pour la première fois depuis la création des prix Pierre-Ayot et Louis-Comtois en 1996, un artiste a remporté le second après avoir obtenu le premier. Lauréat du Pierre-Ayot en 2000, alors qu'il avait 32 ans, Nicolas Baier gagne le prix Louis-Comtois 15 ans plus tard.

«Quand j'ai gagné le Pierre-Ayot en 2000, c'est Guy Pellerin qui avait gagné le Louis-Comtois et il avait été mon professeur, dit Nicolas Baier à La Presse. On avait fêté ça ensemble au restaurant! Je me disais à l'époque en riant que je pourrais postuler en 2015 et je voyais ça comme étant la fin des temps! Et voilà!»

Représenté par la galerie Division, Nicolas Baier est très heureux d'avoir gagné ce prix assorti d'une bourse de 7500$. Passionné de sciences, cet artiste multidisciplinaire utilise les nouvelles technologies et son imagination sans borne pour créer des oeuvres souvent spectaculaires.

L'an dernier, il a gagné le prix de la meilleure expo solo en galerie privée, remis par l'AGAC, et présenté une impressionnante oeuvre sculpturale, Eternity, lors de la Biennale de Montréal. Son immense Lustre est dorénavant installé à l'entrée de l'Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill.

«Le jury a retenu la candidature de Nicolas Baier en considérant la consistance, la singularité poétique et le renouvellement continu d'un parcours irréductible, indique le jury du prix Louis-Comtois. Ses oeuvres fascinantes résultent d'une maîtrise exceptionnelle des formes et des moyens de les produire. L'artiste modifie substantiellement notre compréhension du monde entre des finitudes inexorables et des infinis spatio-temporels, tant à l'échelle domestique qu'en regard d'univers imperceptibles.»

Jon Rafman

Soulignant l'excellence de la création d'un jeune artiste, le prix Pierre-Ayot (assorti d'une bourse de 5000$) a été décerné à Jon Rafman dont la carrière a décollé en 2009 avec sa série The Nine Eyes of Google Street View, inspirée de l'internet.

«C'est un immense honneur pour moi, dit Jon Rafman. Je me sens privilégié d'être en si bonne compagnie avec mes autres collègues de cette année et les lauréats des années précédentes. C'est particulièrement spécial de recevoir ce prix dans ma ville natale. Je l'accepte avec beaucoup d'humilité.»

Aujourd'hui âgé de 34 ans, l'artiste montréalais représenté par la galerie antoine ertaskiran a connu une apothéose l'été dernier avec une exposition solo au Musée d'art contemporain de Montréal. En même temps que David Altmejd. Rien de moins.

«Artiste visuel et archéologue de l'internet, Jon Rafman met au défi les frontières entre réel et virtuel, a indiqué le jury. Au cours des dernières années, il a développé une prolifique production sculpturale, photographique et vidéographique au coeur de laquelle il a engagé un dialogue avec la poésie moderniste et la statuaire classique, questionné les paramètres de la définition de communauté et investi le domaine numérique en tant qu'espace démocratique.»

Le jury des deux prix était composé cette année de Marie-Ève Beaupré, conservatrice au MBAM, Marie Fraser, professeure à l'UQAM, Bernard Lamarche, conservateur au MNBAQ, du photographe Alain Paiement et de Judy Strapp, conservatrice de la collection Claridge.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

L'artiste Jon Rafman devant une des ses oeuvres de l'exposition Hope Springs Eternal II à la galerie antoine ertaskiran, en 2014.