Il a été choisi pour créer le trophée des prix Geneviève-Bujold et Roy-Dupuis remis par la revue web Cinémaniak aux jeunes espoirs du cinéma québécois. Le peintre montréalais Yunus Chkirate poursuit son ascension professionnelle. Après l'Australie l'an dernier, il expose pour la première fois aux États-Unis, présentant depuis samedi 25 nouvelles toiles dans une galerie du Connecticut.

Les oeuvres de Yunus Chkirate ont un caractère intense qui touche. Récemment, un collectionneur montréalais a acquis une de ses toiles et s'est mis à pleurer.

«Il trouvait cette oeuvre tellement liée à ce qu'il vivait que des larmes lui sont venues, disait la semaine dernière Yunus Chkirate devant l'oeuvre en question, Portrait of a Committed Cycle, alors accrochée dans son atelier et aujourd'hui exposée au Connecticut. Dans ces moments-là, je ne sais pas comment vous décrire ce qu'on ressent comme artiste. Ça donne des frissons.»

Cette oeuvre - dont des impressions sont vendues sur le site Saatchi Art -, Yunus Chkirate lui a donné un sens précis. «Le personnage barbu au regard perçant confronte son passé tout en étant tourné vers l'avenir, avec à l'esprit le souci de respecter ses engagements», dit-il. L'artiste du Plateau peint des figures qui reflètent ses états d'âme.

Les artistes ont toujours des hauts et des bas. C'est souvent quand ils commencent à douter qu'une nouvelle énergie les propulse dans une autre phase. C'est ce qui est arrivé à Yunus Chkirate l'hiver dernier.

Un an et demi après le succès de son expo-spectacle à la Société des arts technologiques (où il avait presque vendu toutes ses toiles le soir même), un an après une expo à Sydney et trois mois après une autre, Le Triad, présentée sur le boulevard Saint-Laurent, le peintre a connu un «trou noir», en même temps qu'il a reçu une invitation à exposer aux États-Unis.

«Je ne voyais plus de lumière. Après avoir été l'objet de beaucoup d'attention, je me suis retrouvé très seul. Pour la première fois, j'ai douté de ma démarche, de mon travail.»

Pendant cette période, l'artiste de 29 ans a continué de créer. Mais quand il considérait qu'un tableau était achevé, il le recouvrait entièrement de peinture blanche. «J'ai fait ça pendant un mois, mais après, il y a eu comme un déclic, dit-il. J'ai retrouvé confiance en moi.»

C'est à ce moment-là qu'il a créé sa série Cycles qui est présentée à Putnam, au Connecticut, jusqu'au 28 septembre. La semaine dernière, en regardant ces oeuvres accrochées au mur de son atelier, on saisissait la progression de son travail durant cette période de doute. La première oeuvre est plutôt sombre et triste et les autres vont en s'éclaircissant.

«Même les titres sont plus optimistes vers la fin, dit-il. Parmi les dernières toiles, plusieurs s'intitulent Portrait of a Resolved Cycle ou Portrait of a Freed Cycle. C'est une série dans laquelle il y a beaucoup d'amour, mais aussi beaucoup de morale!»

Cette expo de Yunus Chkirate à la galerie d'art The Empty Spaces Project, à Putnam, découle notamment de l'engouement qu'a eu un couple de collectionneurs de San Francisco pour son travail. Les deux amateurs l'ont invité l'an dernier en Californie pour qu'il fasse leur portrait.

Paul Toussaint, copropriétaire de la galerie The Empty Spaces Project, dit être «fasciné» par le travail de l'artiste. Plusieurs des toiles exposées dans la galerie américaine sont d'ailleurs déjà vendues, dont une, Portrait of a Forgiveness Cycle, à une collectionneuse albertaine.

Après sa période sombre, Yunus Chkirate voit l'avenir s'éclaircir. Ça ne l'éloigne pas du doute, mais, en ce moment, il a la tête pleine de projets. Après le Connecticut, il poursuivra la préparation d'un concept d'exposition ambitieux qu'il planifie pour le printemps prochain à Montréal. Sans vouloir révéler les détails du projet qu'il décrit comme «un peu fou», il explique qu'il créera un événement éclatant autour d'une sorte de rétrospective de ses cinq ans de création.

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À la galerie The Empty Spaces Project, à Putnam, dans l'État du Connecticut, jusqu'au 28 septembre.