Les trésors du Detroit Institute of Arts désirés du regard par certains créancier dans la foulée de la faillite historique de la ville pourraient valoir plus de 4,6 milliards $ US, mais s'écouleraient sans doute au quart de ce prix, voire encore moins cher au cours d'une liquidation forcée, révèle un nouveau rapport.

L'évaluation remise cette semaine au DIA et à la ville par la firme new-yorkaise Artvest Partners indique qu'une baisse de la valeur des oeuvres d'art dans certains secteurs et d'autres forces du marché pourraient mener à un prix de vente de seulement 1,1 milliard $ US pour les 60 377 oeuvres stockées dans le musée.

«Une liquidation immédiate de la collection entraînerait la vente des oeuvres du DIA à une fraction de son juste prix sur les marchés», selon le document.

Les oeuvres du musée sont devenues une partie importante du processus de faillite de la ville. Certains créanciers veulent qu'elles soient vendues pour rembourser une partie de la dette municipale. Mais le Michigan, un groupe de fondations privées et le DIA se sont engagés à verser plus de 800 millions $ US dans le cadre d'une «grande entente» afin d'alléger les compressions imposées aux régimes de retraite tout en plaçant les oeuvres en fidéicommis - et hors de portée des créanciers.

Une précédente évaluation réalisée par la maison de mise aux enchères Christie's établissait la valeur de quelque 2800 oeuvres appartenant à la municipalité à un montant variant entre 454 et 867 millions $ US.

Inonder le marché avec des oeuvres pourrait en faire baisser la valeur totale. Christie's et Sotheby's, les deux principales entreprises pouvant réaliser une telle vente aux enchères, pourraient également refuser de vendre les oeuvres par crainte d'endommager irrémédiablement leurs relations avec le réseau muséal dans son ensemble.

De plus, les pièces les plus connues de la collection pourraient être difficiles à vendre. «Il y a plusieurs centaines d'oeuvres protégées par des restrictions, et plusieurs de ces pièces seraient sans doute mises de côté dans le cas d'une vente», a confié mercredi à l'Associated Press la vice-présidente exécutive du DIA Annmarie Erickson.

Parmi ces oeuvres «restreintes», on compte des Picasso, des Van Gogh, des Cézanne et des Renoir.

Entre autres obstacles, on signale également de possibles batailles judiciaires quant à la vente d'oeuvres données au musée, batailles qui traîneraient pendant des années.

Le rapport sera utilisé dans le cadre du procès pour faillite de Detroit qui doit débuter le 14 août.