Artiste multidisciplinaire, le peintre montréalais Yunus Chkirate procédera ce soir à un vernissage événementiel à la Société des arts technologiques. Intitulée The Lover and the Beast, sa quatrième exposition solo sera accompagnée d'une performance comprenant musique, danse, vidéo et photo.
Yunus Chkirate est un phénomène. Professionnel de la mode, il peignait dans ses moments de loisir jusqu'au jour où les réactions à ses oeuvres l'ont conduit à s'investir dans l'art. L'artiste de 27 ans savoure aujourd'hui ce plaisir de créer qu'il a toujours eu et qu'il veut partager avec d'autres artistes lors de vernissages originaux et d'événements festifs.
Né d'un père marocain et d'une mère d'origine italienne, il peint des portraits d'une grande impétuosité, révélant des expressions fortes traduites à la spatule et en projetant des couleurs vives dans un style qui peut rappeler celui de Corno. En même temps, il s'est doté d'une discipline de travail qui, sans être une contrainte, lui est nécessaire pour ouvrir les vannes de son potentiel créatif.
Cette énergie et cette sérénité l'ont amené à créer une série de 20 peintures de grand format intitulée The Lover and the Beast, un mélange de figuratif et d'abstraction dans une tonalité contrastée. La bête est représentée par un masque qui cache le regard, tandis que l'amant se distingue par ses yeux découverts.
«L'amant et la bête sont deux caractères opposés en moi, dit-il. L'amant calme la bête, lui apprend à ressentir et à aimer, tandis que la bête dissimule l'amant. Je pense qu'ils sont en chacun de nous et qu'ils s'expriment plus ou moins selon le moment. C'est une série de peintures très thérapeutique!»
Quand il a peint Portrait of a Disclosed Lover, où la silhouette humaine a les épaules baissées, il a voulu évoquer un être qui essaie d'oublier son passé et dont les sentiments pesants sont exprimés par des coups de pinceau orange et rouges et des projections bleutées.
«Quand je peins, j'ai besoin d'un sentiment particulier, dit-il. Si je peins seulement pour l'esthétique, je ne suis jamais content du résultat. Je m'implique totalement quand je peins. Il m'arrive même de pleurer tellement c'est prenant.»
Jamais sans musique
Yunus Chkirate peint toujours en écoutant de la musique. Sur son site (yunuschkirate.com), il révèle les noms des artistes qui ont accompagné chaque toile, notamment Phantogram, Radiohead, Kaskade, The National ou Coeur de pirate.
Le vernissage, ce soir, sera donc précédé d'une performance de peinture en direct avec musique, danse, photo et vidéo. «Cela me donne la chance de collaborer avec des artistes que j'admire, dit-il. On trouve ensemble une vision sur le thème de The Lover and the Beast. Pour faire ressortir quelque chose. Pour qu'il y ait plus que le fait d'entrer dans un espace, de voir des tableaux et de repartir. Je veux que les gens captent un sentiment.»
Les artistes recrutés sont le vidéaste Jonathan Lemieux, les danseurs de l'école de danse Prestige, le photographe Johan Jansson, le DJ Ron Hamelin et le maquilleur d'effets spéciaux Michael Goyette.
Jonathan Lemieux a créé une vidéo pour la performance et une autre qui sera ensuite présentée en boucle. «La vidéo de la performance est inspirée de l'esthétique de Yunus, dit Jonathan Lemieux. La vidéo en boucle est plus ancrée dans mon esthétique; elle est composée d'archives que j'ai manipulées.»
Yunus Chkirate insiste sur l'importance d'arriver à l'heure, car les portes seront fermées dès le début de la performance. «Et on ne présente la performance qu'une seule fois. Dix pour cent des bénéfices de l'exposition seront versés à la Maison Plein Coeur, qui soutient les personnes atteintes du virus du sida. »
L'artiste tient à associer son travail à une cause qui touche la communauté montréalaise. «J'y tiens, car j'appartiens à une communauté, dit-il. Je dois faire ma part.» Yunus Chkirate ou la peinture du sentiment en tout temps.
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The Lover and the Beast, à la SAT, ce soir, de 19h à 22h. Performance à 19h45.