La galerie Lilian Rodriguez propose jusqu'au 6 avril Le corps et le paysage, une exposition consacrée à des femmes artistes qui ont étudié ou enseigné à l'Université Concordia ou qui y ont participé à des activités et qui développent différents aspects de la photographie contemporaine.

Professeure à l'université qui fêtera, dans sa version moderne, ses 40 ans l'an prochain, la commissaire Marisa Portolese avait reçu un défi: «Je lui avais demandé si elle avait vu de jeunes talents à Concordia parce que je voulais faire une expo sur la nouvelle photo, explique la galeriste Lilian Rodriguez. Elle m'a proposé alors d'en être la conservatrice.»

C'est donc un bel échantillon de la jeunesse artistique de Concordia que propose cette exposition avec l'ajout d'artistes plus aguerris comme l'Américaine Tema Stauffer.

Photographe établie venue parler de son travail à Montréal le mois dernier, Tema Stauffer est connue pour ses paysages désertiques et ses portraits de gens ordinaires de l'Amérique profonde, des marginaux ou des adolescents, comme dans sa série The Ballad of Sad Young Men.

Elle sait capter avec magie la lumière dans Burning Bush Hill, l'image d'un feu de broussailles qui laisse présager un drame humain. Et elle nous bouleverse avec Teenage Boy, Austin, Texas de sa série The American Stills. La photographie de cet adolescent, torse nu, au visage orné de cheveux bouclés et l'air fatigué, est très touchante. Le portrait christique d'une jeunesse lasse.

Expérimentée elle aussi - elle est professeure à Concordia -, la Montréalaise Jessica Auer est représentée par Meadow # 18, photographie d'un champ de luzerne et de fleurs des prés capté tôt le matin. La Montréalaise Margaret Haines (qui travaille à Los Angeles) présente une installation étonnante. La photo d'un homme masqué, ses jambes prises dans une sorte de costume d'enfant, jouxte un collage et un laqué gravé sur un panneau de bois évoquant le traumatisme psychique.

La Canadienne d'origine coréenne Jinyoung Kim présente de son côté The Fathers in Sanctuary, quatre larges cadres d'où se dégagent une belle sensibilité et cette incomparable délicatesse des artistes asiatiques grâce à laquelle l'harmonie naît de la simplicité de la proposition et de sa force d'expression.

Ses choix de cadrage sont puissants comme avec la photographie The Playground, un homme perdu dans ses pensées, assis sur un banc, entre deux platanes, ou encore et surtout avec The Grave où un jeune homme rend hommage à une personne chère disparue. Habitant à Buenos Aires, Jasmine Bakalarz propose enfin trois photographies de sa série Beauty Pageant, déjà exposée ailleurs à Montréal. Des petites filles de 10 à 14 ans croquées dans des tenues diverses. Ses photos qui dégagent toute l'innocence de ces enfants et en même temps, les prémisses de leur progression vers le monde des adultes.

Le corps et le paysage

Photographie contemporaine, Galerie Lilian Rodriguez (Belgo) jusqu'au 6 avril