Costumes extravagants et paroles griffonnées par David Bowie figurent parmi les centaines d'objets présentés dans une vaste rétrospective sur l'icône caméléon du rock britannique qui s'ouvre samedi au Victoria and Albert Museum de Londres.

L'exposition David Bowie Is (David Bowie tel qu'en lui même: NDLR) a pour ambition de retracer l'ascension de la rock-star britannique. Elle s'affiche comme sa «première rétrospective mondiale» et a enregistré la vente de billets la plus rapide de l'histoire du musée.

Plus de 40 000 billets ont été vendus avant l'ouverture au public du 23 mars au 11 août.

Le prestigieux musée a obtenu un accès sans précédent aux archives de l'artiste de 66 ans, révélant des documents rares, de ses photos d'enfance aux croquis de ses costumes de scène en passant par des extraits de concerts ou d'entrevues

«David Bowie est une véritable icône, plus pertinente que jamais dans la culture populaire», a estimé mercredi le directeur du musée Martin Roth.

«Ses innovations radicales en matière de musique, de théâtre, de mode et de style trouvent encore aujourd'hui une résonance dans le design et la culture visuelle et il continue d'inspirer des artistes et des créateurs de par le monde», a-t-il ajouté.

L'exposition permet une déambulation dans l'histoire de l'artiste, né en janvier 1947 dans le quartier londonien défavorisé de Brixton. Les visiteurs sont guidés par la musique et les commentaires du chanteur distillés dans les casques individuels en fonction des objets présentés et du passage d'une salle à l'autre.

On y découvre tout d'abord ses premières incursions dans la musique au sein des groupes The Konrads et The King Bees avec les croquis des costumes associés. Ces tenues et les décors montrent que dès ses débuts, Bowie avait une conscience instinctive du pouvoir de l'image.

Les succès de la rock-star tels que Space Oddity, Starman ou Heroes rythment la visite tandis qu'apparaissent la combinaison multicolore de l'album Ziggy Stardust (1972) inspirée par le film Orange Mécanique de Stanley Kubrick, ou le pardessus à imprimé Union Jack créé par Alexander McQueen pour la couverture de l'album Earthling (1997).

La rétrospective met en lumière une attention presque obsessionnelle du chanteur pour son image. Elle montre un artiste impliqué dans l'ensemble des étapes de la création artistique, du son à la performance scénique en passant par l'éclairage ou la scénographie.

Certains costumes, tous plus extravagants les uns que les autres, sont exposés à côté des dessins originaux de David Bowie.

«Il doit être facile à mettre et enlever», peut-on lire sur une note manuscrite à côté de l'une des tenues.

«Vous ne pouvez pas trouver plus multidisciplinaire que Bowie», s'est enthousiasmé Geoffrey Marsh, l'un des commissaires de l'exposition.

«C'est un musicien, un auteur-compositeur mais il est aussi fasciné par le design graphique et la conception des costumes», a-t-il ajouté.

Des vidéos des concerts du chanteur sont également projetés sur les murs d'une des salles du musée tandis qu'une autre pièce dévoile les années berlinoises, à la fin des années 70, pendant lesquelles l'artiste s'est remis de sa toxicomanie et a créé le personnage emblématique du Thin White Duke.

Une étrange marionnette qui apparaît dans le clip de son nouveau single Where Are We Now, dévoilé le jour de son 66e anniversaire, fait partie des objets présentés.

Les amateurs peuvent également écouter les extraits des chansons de son dernier album The Next Day qui se classe cette semaine, à peine sept jours après sa sortie, en tête des ventes au Royaume-Uni, avec plus de 94 000 copies écoulées.

Cette performance est une première depuis près de 20 ans pour Bowie. Elle reste cependant une goutte d'eau par rapport aux 140 millions d'albums vendus en près de 50 ans de carrière.