Allié fidèle d'Alfred Pellan (1906-1988) dès son retour d'Europe en 1940, le Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) poursuivra l'été prochain sa relation particulière avec l'artiste québécois en présentant, sur les plaines d'Abraham, l'exposition Alfred Pellan. Le grand atelier, du 13 juin au 15 septembre.

Les médias ont pu avoir, hier, un aperçu de la grande richesse de cet événement artistique en ayant brièvement accès à une quarantaine des centaines d'oeuvres qui seront présentées au public cet été. La plupart sont inédites, car elles proviennent du legs de 1000 objets d'art qu'a fait Madeleine Poliseno-Pelland, la conjointe de l'artiste, décédée à l'automne 2010.

Le legs comprend des huiles sur toile et sur carton, des encres, des gouaches, des dessins sur papier, des photomontages, des sculptures, des estampes et des costumes.

«C'est le plus beau fonds d'atelier que j'ai vu en carrière, disait, hier, John Porter, le président de la Fondation du MNBAQ, tout en contemplant Bestiaire 26e, une oeuvre d'Alfred Pellan de 1984. On mesure aujourd'hui la richesse de cet héritage. On a dans ce fonds-là de quoi travailler durant des décennies sur tel ou tel aspect de Pellan.»

La plus grande collection

Le don a consolidé le statut du MNBAQ comme étant le dépositaire de la plus grande collection d'oeuvres d'Alfred Pellan au monde. L'exposition ne ressemblera à aucune de celles que le MNBAQ a présentées auparavant sur l'artiste, notamment celles de 1993 et 2007. L'équipe de la commissaire Eve-Lyne Beaudry s'est attachée à sélectionner des oeuvres en s'inspirant de son «atelier mental».

L'artiste, qui a aimé rire et jouer, a touché à tout durant sa vie, des vitraux aux collages en passant par les sculptures de satellites et de petits objets, et même la création de chaussures pour marcher au plafond! Tous les aspects de sa pratique seront ainsi représentés, soit une quarantaine de tableaux, notamment ses oeuvres surréalistes et ses célèbres Bestiaire, ses masques, des sculptures et quelque 300 oeuvres graphiques.

Entrer dans son univers

«Il y aura une salle consacrée au Bestiaire, une aux femmes et une à la poésie, explique Eve-Lyne Beaudry. Dans un autre espace, on retrouvera Pellan qui explore la matière, les matériaux, la peinture, donc on entrera dans son processus de création. Et puis, il y aura le Pellan farceur, avec ses caricatures et des oeuvres qu'on n'a jamais vues. Il y aura une grande part d'intimité avec l'artiste, notamment grâce à des archives, comme ses photomatons dans lesquelles il fait des visages comiques. On veut que les gens puissent entrer dans son univers.»

«Les oeuvres n'ont pas vieilli d'un poil depuis leur création et les jeunes générations les considèrent avec enthousiasme, ajoute John Porter. C'était le peintre de la liberté.»

Une des nouvelles salles du futur MNBAQ (l'agrandissement devrait s'achever en 2015) sera réservée en permanence aux oeuvres d'Alfred Pellan. On n'a donc pas fini de découvrir le peintre de Québec qui avait établi son atelier à Auteuil, au bord de la rivière des Mille Îles.