Annie Villeneuve, Naya Ali, Élisapie, Safia Nolin, Clay and Friends, ainsi qu’une douzaine d’autres artistes et personnalités publiques s’associent à une campagne d’Amnistie internationale contre le racisme systémique. Tous joignent leur voix pour appeler le gouvernement du Québec à reconnaître l’existence du phénomène.

La vaste campagne d’information et de demande à l’action d’Amnistie compte également sur l’appui de Pierre Kwenders, Stanley Péan, Dominique Fils-Aimé, Fabrice Vil et bien d’autres.

L’auteure-compositrice-interprète Annie Villeneuve se réjouit de prendre part à l’évènement-bénéfice pour porter cet appel à l’inclusion et à la diversité. « On ne m’appelle pas dans la vie pour ça habituellement », admet-elle. Mais celle qui dit réfléchir beaucoup avant de se joindre ou non à une cause n’a « pas hésité longtemps » cette fois. « On ne peut pas porter un message qu’on n’endosse pas, c’est important que ça nous colle à la peau. »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Annie Villeneuve

La rappeuse Naya Ali donne son soutien à l’initiative de l’organisme et souhaite que « les expériences de chacun soient reconnues ».

Après Black Lives Matter l’an passé, la découverte des corps d’enfants autochtones, les résultats de l’enquête du coroner [sur la mort] de Joyce Echaquan… Le fait que le premier ministre nie encore l’existence du racisme systémique, au bout du compte, c’est insultant. Pour mon peuple, pour les Premières Nations, pour nous en tant que société. À un moment donné, il faut montrer du respect.

Naya Ali

« Si on vit dans une société où le gouvernement, qui est censé représenter les intérêts de la population, ne reconnaît pas le racisme systémique, quelle chance on se donne en tant que société que la majorité y croit ? », se demande quant à lui Mike Clay, meneur de Clay and Friends – également ambassadeur de la campagne contre le racisme systémique.

Cette prise de position groupée fait écho aux thématiques de diversité et d’inclusion de la soirée-bénéfice pour les 60 ans d’Amnistie internationale, auxquelles participeront plusieurs artistes le 14 octobre prochain. Animé par Didier Lucien, le spectacle inclura des prestations de Naya Ali, Safia Nolin, Clay and Friends, Michel Jean et Annie Villeneuve.

Cette campagne, Naya Ali la voit comme l’occasion d’informer avant tout. C’est la base d’un changement réel, selon elle. « L’importance de la diversité et de l’inclusion, c’est dans la chance que l’on donne à tous, les portes qu’on ouvre, dit-elle. On veut que les gens puissent vivre au plein potentiel de leur vie, mais pour ça, il faut des occasions. Et c’est important que notre société soit représentée partout. »

Utiliser sa plateforme

« En tant qu’artiste, je reconnais l’importance de ma plateforme, dit également Naya Ali. Mais [l’engagement], c’est quelque chose que je fais à travers mon art, à travers l’énergie que je mets dans l’univers. Je ne veux pas être un poster child, je ne suis pas la représentante de la communauté noire. Mais il y a un temps pour écouter et un temps pour prendre la parole. Là, c’est le temps pour moi de prendre la parole. »

Tous les artistes ne choisissent toutefois pas d’associer leur nom à une cause. L’enjeu du racisme systémique est clivant de nos jours, même si les artistes avec lesquels La Presse a discuté estiment que son existence doit être reconnue.

Pour Clay and Friends, « la musique est le message ». C’est donc à travers leur art qu’ils souhaitent ouvrir des portes de réflexion pour ceux qui les écoutent. « Peut-être que certains seront plus réceptifs, en voyant un artiste auquel ils associent des moments forts parler de quelque chose qui n’est pas nécessairement dans sa lignée habituelle, estime Mike Clay. Si on peut aller toucher de nouvelles oreilles, faire changer d’idée quelques personnes, éveiller la conscience de certains et montrer qu’on fait partie de ce courant qui croit que tout le monde doit avoir des chances égales, tant mieux. »

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Mike Clay, (à gauche) et ses complices de Clay and Friends.

Prise de position nécessaire

Mike Clay voit chez Amnistie internationale un message qui le touche, en tant qu’humain comme en tant qu’artiste. La musique de Clay and Friends « ressemble » à ses membres, traduit leurs identités. « Adel [l’un des quatre autres membres] et moi, on vient de familles immigrantes. On a plongé dans le milieu de la musique au Québec, mais on ne fait pas de guitare-voix francophone. On a amené notre propre style, et ça touche plein de personnes, d’âges, de backgrounds, d’origines différents. […] Quand on me parle d’inclusion, d’égalité, de fraternité, c’est quelque chose qu’on prône. C’est inclus dans la musique qu’on met de l’avant. »

La soirée et la campagne d’Amnistie « sont l’occasion de discuter des vraies affaires, de ne pas se cacher la tête dans le sable et d’éduquer aussi, dit Annie Villeneuve. Le racisme systémique auquel s’attaque Amnistie internationale, j’espère que ça va devenir en voie d’extinction, mais pour l’enrayer, ça prend des petits pas à la fois. Il faut être ouvert, il faut écouter et s’accepter. Je pense qu’on le réussit de plus en plus et de mieux en mieux, notamment grâce à Amnistie ».

Consultez le site de la soirée-bénéfice pour les 60 ans d’Amnistie internationale Consultez le site de la campagne contre le racisme systémique