Passeport vaccinal, foules limitées, distanciation physique : la rentrée culturelle ne sera pas ordinaire. Concrètement, voici ce à quoi vous pouvez vous attendre en allant au théâtre, au concert ou au cinéma.

Passeport vaccinal

Il est obligatoire pour aller au théâtre, au cinéma ou pour assister à un spectacle, qu’il soit intérieur ou extérieur. Au Théâtre du Nouveau Monde (TNM), le contrôle du passeport vaccinal se fera aux portes extérieures. Frédérique Brault, directeur communications, marketing et ventes au théâtre de la rue Sainte-Catherine, précise que pour minimiser les attroupements, les spectateurs détenant des places au parterre entreront par l’entrée principale, alors que ceux qui vont au balcon ou au « paradis » seront accueillis dans la rue Saint-Urbain.

Normalement, on ouvre la salle 30 minutes avant le début de la représentation. Là, on va l’ouvrir une heure avant. Dans nos courriels pré-spectacles, on va inviter les gens à préparer à l’avance leur passeport vaccinal. On va avoir besoin de l’aide des gens pour faciliter les choses.

Frédérique Brault, directeur communications, marketing et ventes au TNM

Le contrôle du passeport vaccinal est un défi qui a été relevé par de nombreuses organisations depuis son annonce. En plus d’exiger plus de personnel d’accueil dans les salles de spectacle (jusqu’à trois fois plus, selon David Laferrière, de RIDEAU), ce contrôle pose un défi particulier aux cinémas : « On a quatre shows par jour [par salle], avec un délai de 30 minutes pour faire entrer beaucoup de monde, relève Éric Bouchard, président de la Corporation des cinémas du Québec. Ça risque d’être rock’n’roll. »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Le Théâtre du Nouveau Monde, rue Sainte-Catherine Ouest

Vincent Guzzo, propriétaire des cinémas Guzzo, rappelle que les gens qui fréquentent les cinémas ne se comportent pas comme ceux qui vont au théâtre : c’est un geste plus spontané, les cinéphiles arrivent souvent à la dernière minute ou achètent leurs billets quelques heures avant la représentation et reviennent plus tard. Ainsi, le contrôle à l’entrée serait fastidieux et peu utile, selon lui. La vérification du passeport vaccinal se fera donc après l’achat du billet, et il craint l’effet d’entonnoir que cela va créer. « Cette fin de semaine, je m’attends à ce que mon staff soit malmené verbalement », dit-il.

Couvre-visage

Il est obligatoire pour se déplacer lors des représentations intérieures, mais il peut être retiré une fois le spectateur assis à son siège. Il n’est pas nécessaire pour les spectacles extérieurs lorsque la distanciation physique est respectée.

Capacité maximale, cinéma et spectacles intérieurs

En date d’aujourd’hui, elle est de 7500 personnes. Dès qu’il y a plus de 500 spectateurs, les places doivent être assignées et réservées d’avance. Les spectateurs doivent être rassemblés par groupes de 500 au maximum et un horaire d’entrée différé doit être mis en place pour éviter les attroupements. Aucun cinéma en activité au Québec ne compte plus de 500 places, alors le défi dans ce secteur est plutôt que les gens ne gardent qu’un seul banc entre les bulles familiales. Vincent Guzzo signale qu’il est très fréquent qu’un groupe ou un couple laisse deux ou trois bancs libres entre lui et les voisins, situation que ses employés doivent garder à l’œil afin que la salle puisse accueillir autant de cinéphiles que possible.

Capacité maximale, spectacles extérieurs

PHOTO ALEXIS AUBIN, ARCHIVES LA PRESSE

Le Quartier des spectacles lors du Festival international de jazz de Montréal en 2018. Une scène qu’on ne risque pas de voir cette année, les organisateurs étant limités à un total de 2500 spectateurs par soir.

Pour le moment, elle est de 15 000 personnes. Les spectateurs sont obligatoirement placés en groupes de 500. Ces zones sont délimitées par des barrières physiques et chaque spectateur doit disposer de 2 m2. Ces dispositions font en sorte que, par exemple, sur la place des Festivals, seuls 2500 spectateurs pourront être accueillis lors des Francos ou du Festival international de jazz de Montréal. « C’est au moins 10 fois moins qu’en temps normal », relève Laurent Saulnier, vice-président à la programmation pour les deux évènements.

Distanciation physique

La règle de « 1 m » doit être appliquée partout. Un siège doit être laissé libre entre chaque bulle familiale à l’intérieur. La mesure s’applique de manière latérale, ce qui signifie qu’on ne sera jamais assis directement à côté d’un inconnu, mais qu’une autre bulle familiale peut être placée devant ou derrière une autre. « Ça permet d’augmenter notre jauge à 500 spectateurs », indique Frédérique Brault, du TNM, qui ajoute que le personnel d’accueil invitera les gens à attendre avant de se diriger vers la sortie à la fin d’une représentation afin que la distanciation demeure possible.

Un sursis pour les organisations

La mise en place du passeport vaccinal vient avec une période de grâce. « Pendant [les] 15 [premiers] jours, si la Santé publique découvre un non-vacciné sur un site, il y a une zone de tolérance. Mais ça ne veut pas dire qu’on ne vérifie pas les passeports, prévient François-G. Chevrier, d’Évènements Attractions Québec. Si vous n’êtes pas vacciné, vous allez être refusé. Le sursis ne veut pas dire que vous aurez le droit d’entrer. Ça veut dire qu’en cas de problème, il n’y aurait pas de contravention pour le festival. C’est une nuance importante. Pour les non-vaccinés, c’est le temps d’offrir vos billets à des amis. »

Musées et bibliothèques

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Les musées continueront de contrôler le flux de visiteurs qui entrent dans leurs établissements, mais ils n’ont pas l’obligation d’exiger une preuve vaccinale. Sur notre photo, l’exposition des travaux de Caroline Monnet au Musée des beaux-arts de Montréal.

Le passeport vaccinal n’est pas exigé pour fréquenter une bibliothèque publique ou pour aller dans la plupart des institutions muséales, à l’exception du Biodôme, de l’Insectarium, du Jardin botanique et du Planétarium. Puisque de grands musées demandent de réserver, il vaut mieux s’informer à l’avance. Toutes ces institutions suivent bien sûr les règles qui s’appliquent à tous en matière de désinfection, de port du masque, de distanciation et de capacité d’accueil. Stéphane Chagnon, directeur général de la Société des musées du Québec, assure que les institutions muséales sont des lieux « très sécuritaires » qui bénéficient d’espace et d’une bonne ventilation, et où les protocoles sanitaires sont rigoureusement appliqués.