Enthousiaste, le mot est faible pour décrire Cynthia Bellemare, coordinatrice depuis deux ans d'un programme audacieux, l'ORAM (Outiller la relève artistique Montréalaise).

«L'idée naît en 2005 sous l'impulsion du Forum Jeunesse de l'île de Montréal. Les demandes culturelles abondaient tant que l'organisme s'est tourné vers le Conseil des arts de Montréal pour connaître les besoins des jeunes artistes».

Après une concertation entre gouvernement, administrations locales et  regroupements d'artistes, en novembre 2007, une étude a été dévoilée sur les problèmes rencontrés par tout créateurs en début de carrière afin de réfléchir à des solutions concrètes.

«Au Québec, des aides existent pour démarrer une entreprise mais très peu les soutiennent dans la durée» analyse Mme Bellemare. L'impact est tel que l'argent se débloque, les artistes de la relève montréalaise débattent et l'ORAM résulte de ces discussions passionnées.

«Après deux années de concertation vient l'action!» s'exclame-t-elle. L'ORAM lance artere.qc.ca, un portail complet qui vise à des données essentielles pour tout jeune artiste: formations, subventions, calendrier culturel, appel de projets. Dans ce site, 1700 artistes possèdent une biographie illustrée mise en avant pendant un mois, selon l'actualité de chacun. Bien avant ARTERE, la priorité était donnée au réseautage pour permettre des rencontres entre professionnels et artistes. «Au total - se réjouit Cynthia Bellemare - 43 organismes ont organisé 180 activités en cinq ans et réunit 5000 jeunes travailleurs culturels et artistes». Toujours dans un esprit d'entraide, en décembre 2009, l'ORAM lance aussi le Prix de la Relève - Caisse de la Culture du CaM, une bourse de 5000 dollars pensée «par les artistes de la relève, pour la relève».

Le dernier accompagnement consiste à soutenir les premières expériences de travail dans des fonctions liées au domaine artistique. «Nous mettons en place des stages, en coopération avec des organismes capables d'accueillir et accompagner un jeune. Sur les vingt-trois jeunes stagiaires recrutés depuis deux ans, 100% travaille dans le milieu culturel» assure-t-elle. La raison de cette réussite ? La responsabilité endossée par l'entreprise, le soutien reçu par de nombreux partenaires [1], et le rôle majeur du stagiaire rémunéré pendant six mois: «Il doit toujours nous tenir informés. Et pour qu'il reste en contact avec l'actualité culturelle, il reçoit des billets de spectacle d'une valeur de cent dollars».

Ève Bouchard, ancienne étudiante en médiation culturelle de l'UQAM s'est retrouvée dans ce programme au sein de la compagnie du Théâtre des Écuries dirigée par David Lavoie: «De septembre à juin 2009, je devais m'occuper de la communication et l'administration de la seconde saison de ce théâtre. J'avais des responsabilités et travaillais avec ardeur dans un métier passionnant». Avant la fin de cette expérience, elle a obtenu son poste.

«Être rémunéré permet de se concentrer davantage sur son travail au lieu de rechercher un emploi alimentaire» confie-t-elle. Avec un tel succès, les vingt places restantes de cette année risquent vite de s'envoler.





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[1] Le Service Canada, le Fonds de solidarité (FTQ), le CaM, et le Forum Jeunesse de l'île de Montréal.